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DXL

Lettres de sauvegarde accordées par Charles V aux habitants de Poitiers, pour leurs personnes et leurs biens.

  • B AN JJ. 199, n° 252, fol. 148
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 229-233
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons [p. 230] à tous, presens et avenir, que nous, à la supplicacion de noz amez et feaulx les maire, eschevins, bourgois, conseilliers jurez et de toute la commune de nostre ville de Poictiers, les quelx comme noz bons, vraix et loiaulx subgectz se sont soubzmis de nouvel et liberalment à nostre subgection et obeissance et ont voulenté et entencion de y estre et perpetuelment demourer. Et par ainsi considerans leur bonne et vraye affection, ayans inclinacion de nous condescendre à leur dicte supplicacion, affin que quant ilz se verront par nostre puissance estre gardez en leurs droiz et maintenuz en paix et transquilité, et preservez de toutes oppressions, ilz aient plus grant desir de garder leur loyaulté envers nous et de y tous jours fermement perseverer, iceulx maire, eschevins, bourgois, conseillers, jurez et tous autres qui sont ou seront de la dicte commune, tant conjoinctement comme diviseement, avons pris et mis, prenons et mettons, de nostre auctorité royal, certaine science et grace especial, avec tous les biens appartenans à la dicte communauté, et leurs autres biens particuliers, leur famille et autres choses et possessions quelxconques estans en nostre royaume, à la conservacion de leur droit tant seulement, en la protection et especial sauvegarde de nous et de noz successeurs à tous jours mais, par ces presentes, par la teneur des quelles nous mandons et commettons au seneschal de Poictou qui est ou sera pour le temps advenir, ou à son lieutenant, que aus diz maire et eschevins, bourgois et conseillers, et tous autres dessus diz, il deppute, toutes fois que le cas advendra et qu'il en sera requis, ung ou plusieurs de noz sergens, qu'ilz [p. 231] soient leurs gardiens ; avis quelx gardiens et à chascun d'eulx nous mandons et commettons, par ces mesmes presentes, que les diz maire, eschevins, bourgois et conseilliers jurez, et chascun d'eulx, les biens de leur dicte commune et autres biens particuliers, leur famille, possessions et autres choses quelzconques à eulx appartenans, deffendent de toutes injures, violences, griefz, oppressions, molestacions, force d'armes, puissance de laiz et quelzconques autres nouvelletez indeues, et les gardent et maintiengnent en leurs justes possessions, franchises, libertez, usaiges, coustumes et saisines, ès quelles ilz les trouveront estre et leurs predecesseurs avoir esté paisiblement d'ancienneté, et ne permettent à l'encontre d'eulx, des biens de leur dicte commune et autres biens particuliers, leurs familles, choses et possessions, aucunes injures ou violences indeues estre faictes, les quelz, si ilz se treuvent avoir esté ou estre faictes au contraire, ou prejudice d'eulx et de nostre dicte sauvegarde, si les remettent ou facent remettre au premier estat et deu, et à nous et à partie faire pour ce [payer] amende convenable ; et de toutes les personnes, des quelles ilz ou aucuns d'eulx requerront à avoir asseurement, le leur facent donner bon et loyal, selon la coustume du païs, par ceulx à qui il appartendra. Et signifient et publient nostre presente sauvegarde aux personnes et aux lieux dont de par les diz maire, eschevins, bourgois et conseillers jurez, et autres dessus diz, et chas cun d'eulx seront requis, en mettant noz penonceaulx ès lieux, maisons, biens et autres possessions d'eulx et de leur dicte commune, affin que aucun ne se puisse d'ignorance sur ces choses excuser ; et deffendent expressement de par nous à tous ceulx dont ilz seront requis par les dessus nommez et chascun d'eulx, sur certaines peines et amendes à applicquer à nous, que aus diz maire, eschevins, bourgois et conseilliers jurez, et autres dessus diz, [p. 232] aux biens de leur dicte commune, à leurs autres biens particuliers, leurs familles et autres choses et possessions quelconques ilz ne meffacent en aucune maniere, et tous les desobeissans et enfraignans nostre dicte sauvegarde, ou qui aus diz gardiens ou à l'un d'eulx feroient injures ou violences, ou aucunement en faisant leur office sur ce desobeiraient, adjournent à certains jours et compettans, devant les juges à qui par raison la congnoissance en devra appartenir, en certiffiant iceulx juges des diz adjournemens et de tout ce que fait en auront sur ce, aus quelz juges mandons, par la teneur de ces presentes, que sur les choses dessus dictes ilz facent ainsi qu'il appartendra entre les parties bon et brief acomplissement de justice. Et en oultre, avons donné et donnons aus diz gardiens et à chascun d'eulx par soy plain povoir, auctorité et mandement especial, par ces presentes, de faire toutes autres choses touchant nostre presente sauvegarde, qui pevent et doivent appartenir à office de bon gardien. Toutes voies nous ne voulons pas que eulx ou aucuns d'eulx s'entremettent aucunement de chose qui requiert congnoissance de cause. Et aussi n'est pas nostre entencion que aucun de la dicte commune se puisse aider ou joir de nostre presente sauvegarde contre nostre très amé frere le duc de Berry et conte de Poictiers, à present leur seigneur sans moien, et contre aucun autre d'icelle commune. Si donnons en mandement à tous noz justiciables et subgectz que aus diz gardiens et à chascun d'eulx, en faisant les choses dessus dictes et chascune d'icelles, obeissent et entendent dilligenment et prestent aide, conseil et confort, se mestier est et requis en sont. Et d'abondant, en leur ampliant nostre dicte grace, voulons et declarons que au vidimus de ces dictes presentes, fait et collationné soubz seel royal, soit adjoustée plaine foy comme au propre original d'icelles. Et afin que ce soit chose ferme et estable perpetuelment, nous avons fait mettre nostre seel à ces lettres. [p. 233] Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Donné à Paris, en nostre chastel du Louvre, l'an de grace mil ccc. lxxii1 et de nostre regne le neufiesme, ou mois de decembre2.


1 Le copiste de la chancellerie a écrit par erreur cccc. lxxii, au lieu de ccc. lxxii.
2 Edit. Ordonnances des rois de France, t. XV, p. 680. Les Archives communales de Poitiers possèdent un vidimus de ces lettres de sauvegarde de l'an 1424, A. 24, et il s'en trouve aussi une copie dans la collection de dom Fonteneau, t. XI, p. 549.