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DVI

Don à Geoffroy de la Celle, chevalier, des terres de la Baste et de la Gâtelinière, confisquées sur Guichard d'Angle, partisan du prince de Galles.

  • B AN JJ. 102, Musée AE II* 391, n° 182, fol. 63
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 90-92
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que comme Edwart d'Engleterre et Edwart de Gales, son filz ainsné, nous aient commencié et fait guerre ouverte et à noz subgiez, et facent encore chascun jour, et il soit ainsy que Guichart d'Angle1, chevalier, se soit rendu nostre [p. 91] rebelle et ennemi en tenant le parti du dit Edwart de Gales, et li donnant tout le confort et aide qu'il puet contre nous et noz subgiez, en commettant crisme de lèse majesté envers nous, pour coy tous les biens meubles et heritages d'iceli Guichart d'Angle, en quelconques lieux qu'il soient assis, nous sont acquis et venus en comiz. Le quel Guichart, ou temps de la dicte guerre commencie, eust et tenist en nostre dit royaume certaines terres et possessions en la terre de la Baiste et xvii. sextiers de blé et lxi. solz de rente, qu'il acquist jà pieça des Gastineaulx, assis sur la terre de la Gastinelliere, toutes les quelles choses sont ou duchié de Tourainne et puent bien valoir lx. livres tournois de terre ou rente par an ou environ, si comme l'en dit ; nous, pour consideracion des bons et agreables services que nostre bien amé Gieffroy de la Celle2, chevalier, nous a faiz en noz presentes guerres, fait encore chascun jour et esperons que encores nous doie faire ou temps avenir, à yceli nostre chevalier avons donné et octroyé, donnons et octroions, de nostre grace especial, certaine science et auctorité royal, par ces presentes les dites terres et possessions qui sont du dit Guichart, jusques aux lx. livres tournois de terre ou rente dessus dites, à tenir et possider [p. 92] par li, ses hoirs, successeurs et ceulz qui de li auront cause perpetuelment, hereditablement à tous jours mes, non obstant que icelles terres et possessions deussent estre appliquées à nostre domaine et de nostre couronne de France, ne ordenance, ediz, status, stile ou observance de nostre chambre des comptes, ou autres quelconques ad ce contraires. Si donnons en mandement par ces presentes au seneschal de Touraine et à nostre bailli des exempcions et à tous les autres justiciers de nostre royaume, ou à leurs lieux tenans presens et avenir, et à chascun d'eulz, si comme à lui appartendra, que nostre dit chevalier, ou son procureur pour li, mettent ou facent mettre en possesssion et saisine des dites terres et possessions jusques à la value des lx. livres tournois de terre ou rente par an dessus dites, et en facent et laissent li, ses hoirs, successeurs ou ceulx qui de li auront cause, joir et user paisiblement, perpetuelment et hereditablement à tousjours mes, sans lez molester ou empescher, ne souffrir estre molestez ou empeschez, en quelque maniere que ce soit, au contraire. Toutesvoies est nostre entencion que, se par traictié ou par autre voie quelconque, nous convenoit rendre les dites terres et possessions, nostre dit chevalier ou autre n'en puisse demander aucune recompensacion. Et que ce soit ferme chose, etc. Sauf, etc. Donné en nostre hostel de Saint Pol, le xixe jour de fevrier l'an de grace mil ccc. lxx. et de nostre regne le viie.

Ainsy signé : Par le roy. J. de Vernon.


1 Guichard II d'Angle, seigneur de Pleumartin, de Rochefort-sur-Charente, comte de Huntington en Angleterre (voy. la notice consacrée à ce personnage dans le vol. précédent, p. 258 note). Plusieurs actes publiés dans le présent volume et dans le précédent sont relatifs à la confiscation de ses biens et à ceux que le prince de Galles lui avait donnés en échange de ses services. Au mois de juin 1369, Guichard d'Angle servait à Montauban sous Jean Chandos. Quand il sut la nouvelle de la prise de la Roche-Pozay par Kerlouët, Jean de Bueil et Guillaume des Bordes, il retourna sur-le-champ en Poitou, ainsi que le vicomte de Châtellerault et le sire de Parthenay, pour défendre leurs possessions. (Froissart, édit. Siméon Luce, t. VII, p. 137.) Il fut investi de la charge de gouverneur de Poitou pour le roi d'Angleterre entre cette époque et le 13 mars n. s. (Catalogue des actes recueillis par dom Fonteneau, p. 303). En novembre 1370, Guichard était à Poitiers, où il assista à un duel qui se livra dans cette ville entre le bour de Caumont et le breton Yves de Launay (document cité par M. Luce, id., p. lxxv note). Du reste, il prit une part prépondérante à presque toutes les entreprises des Anglais ayant pour but d'empêcher les progrès des armes françaises dans notre province de 1369 à 1372.
2 Aux renseignements recueillis précédemment sur Geoffroy de la Celle (vol. précédent, p. 355 note 2, et surtout p. 390 note), nous ajouterons seulement qu'il était à Mirebeau, le 16 juillet 1371, dans la compagnie de Guillaume Guenant, sr des Bordes (Montre de cette date, à la Bibl. nat., ms. Clairambault 234, pièce 1) ; ce qui prouve que son absence du théâtre de ses premiers exploits n'avait été que momentanée. Il paraît aussi avoir été capitaine de Châtellerault vers le milieu de l'année 1373. Le 2 août, étant dans cette ville, il reçut un messager qui lui apportait des lettres de la part du duc de Berry. (Reg. de comptes de l'hôtel de ce prince, KK. 251, fol. 127.)