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DIX

Promesse faite à Amaury et à Jean de Bauçay, chevaliers, de leur restituer leurs terres de Poitou et de Saintonge, usurpées par les Anglais, quand ces provinces seront replacées sous l'obéissance du roi de France.

  • B AN JJ. 102, Musée AE II* 391, n° 12, fol. 10
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 99-101
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que comme noz amez et feaulz chevaliers, Amaurry de Baussay et Jehan de Baussay1, son filz, aient pour le fait des guerres [p. 100] et pour estre et demeurer soubz nous et en nostre obeissance, perdu viiic livrées de terre ou environ, que il avoient en la duchié de Guyenne, assises partie en le seneschaucie de Poitou et partie en le seneschaucie de Xantonge, et les quelles tient à present Gautier Speleton, nostre ennemi, si comme l'en dit ; nous, pour consideration des bons et agreables services que les diz chevaliers nous ont faiz et font chascun jour, et en recompensacion des dommages que il ont eus et encouruz par le fait de noz guerres, et de grant quantité de terre que il ont perdue, comme dit est, ou païs de Guienne, pour estre et demourer en nostre obeissance, leur avons donné et par ces presentes, de nostre puissance et auctorité royal, de certaine science et de grace especial, leur donnons à tous jours, pour euls, leurs hoirs et aians cause, toute leur dite terre que il avoient [p. 101] par avant en la dite duchié, et la quelle il ont perdue et que tient le dit Gautier, si et quant le dit pays, où elles sont assises se gaigneroit pour nous ou rendroit en nostre obeissance, non obstant quelconques dons par nous à faire des dites terres à quelconque personne que ce soit. Si donnons en mandement à tous noz justiciers, officiers et commissaires, presens et avenir, ou à leurs lieux tenans, et à chascun d'euls, que les diz chevaliers facent et laissent joir de nostre presente grace et don, sanz aucun empeschement, et des dites terres, ou cas dessus diz, les mettent en possession et saisine, et en ycelles les gardent et maintiengnent, en ostant tout empeschement qui mis leur seroit sur ce. Et que ce soit ferme chose, etc. Sauf, etc. Ce fu fait et donné au Bois de Vinciennes, l'an de grace mil ccc. lxx et de nostre regne le viie, ou mois de may.

Par le roy en ses requestes. G. de Montagu.


1 Nous avons consacré dans les premières pages de ce vol. (p. 61, note 2) une notice à Jean de Bauçay ; nous allons grouper ici les quelques renseignements que nous avons recueillis sur son père. Amaury, seigneur de la Motte-de-Bauçay, était fils d'Hardouin II de Bauçay et d'Isabelle de Châteaubriant, fille de Brideau de Châteaubriant et de Marguerite de Parthenay. Leur contrat de mariage, qui porte la date du jeudi, veille de saint Georges, 22 avril 1305, est conservé aux Archives nat. (Original, K. 1217, anc. 1258). En 1341, Amaury et un autre chevalier, nommé Jean de Bour, à la tête d'une troupe de gens armés, envahirent une grange près de Chinon et la mirent au pillage. Cette grange appartenait, avec haute et basse justice, à l'archevêque de Tours, qui poursuivit Amaury et ses complices au Parlement. Le procès dura plus de trois ans, depuis le 31 mai 1341, date d'un mandement adressé au bailli de Touraine pour faire ajourner les coupables (X1a 9, fol. 150 v°). Le procureur général se joignit à l'archevêque. On trouve à la date du 18 juillet un très long arrêt entre les parties ; mais il ne prononce pas au principal. Le 28 mai 1344, la cour rendit encore un arrêt sur incident (X1a 9, fol. 475, et X1a 10, fol. 34). Amaury de Bauçay occupait encore le Parlement, trois ans plus tard, mais pour une affaire différente. Les exécuteurs testamentaires de Guillaume de Sainte-Maure, chancelier de France, lui avaient réclamé l'exécution de diverses transactions passées entre ce personnage et Isabelle de Châteaubriant. La mère d'Amaury était morte peu de temps avant (jugé du 28 mars 1347, X1a 11, fol. 159). Il avait épouse Aumur ou Ænor de Maillé ; veuve en premières noces de Guillaume de Pierres, dont il eut trois fils et deux filles. Il était mort sans doute le 26 novembre 1372, puisque le roi restitua alors à son fils Jean, et non à lui, les terres que les Anglais lui avaient enlevées (ci-dessous, à la date.) Voy. l'acte suivant qui est une restriction à la présente promesse.
Il a été question (p. 61, note 2) du procès de Jean de Bauçay à cause de sa femme contre Jacques Poussard, de la Rochelle. Un arrêt du 22 mai 1381 expose l'affaire. Fils de Laurent Poussard, Jacques était mineur lors de la mort de son père. Il eut pour tuteur Barthélemy Fouquier bourgeois de la Rochelle, qui avait acheté pour son pupille 100 livres de rente assise sur une terre d'Aimery Sudre, beau-père de Jean de Bauçay. Celui-ci avait cessé de payer pendant trois ans et mourut pendant le procès soulevé à cette occasion devant le garde du sceau de la Rochelle. L'affaire ayant été reprise au Parlement contre son gendre, ce dernier fut condamné à payer à Jacques Poussard les 300 livres d'arrérages. (X1a 31, fol. 53 v°).