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DXLIV

Lettres d'anoblissement octroyées à Jean de Taunay, bourgeois et ancien maire de Poitiers.

  • B AN JJ. 104, n° 44, fol. 19
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 241-242
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir [p. 242] faisons à tous, presens et advenir, que nous, aians en memoire la parfaite loyaulté et vraie obeissance que ès temps passez a eu à noz predecesseurs et à nous nostre bien amé Jehan de Taunay1, bourgois et habitant de nostre ville et cité de Poitiers, le quel ou temps passé a esté maire d'icelle ville, et aussi les bons port, estat et gouvernement que il a mis ou dit office de maire, pour le temps que il l'exerçoit, etc.2


1 Jean de Taunay avait été maire l'an 1370 (ms. cit. ad ann.). Sur ce personnage les renseignements sont rares. Nous avons trouvé des traces de démêlés qu'il eut avec son frère Guillaume, touchant la moitié par invidis d'une maison sise à Poitiers, rue de l'Orberie, qui avait appartenu à leur père. Cette moitié avait été mise sous la main du roi durant le procès pendant au Parlement. Jean, qui avait la propriété non contestée de l'autre moitié et l'habitait depuis longtemps avec sa femme, ses enfants, sa famille, tandis que son frère n'était pas marié et n'avait par conséquent pas le même train de maison, pria la cour de lui accorder mainlevée et de ne pas le contraindre à changer de demeure. Un arrêt du 20 juillet 1378 lui donna satisfaction, à condition qu'il déposerait, à titre de garantie, entre les mains d'une tierce personne à désigner, une somme équivalente à la valeur de la moitié litigieuse (X1a 27, fol. 68 v°). Le procès n'en continua pas moins entre les deux frères. Le 10 juillet 1380, le Parlement, considérant que le sénéchal de Poitou pour le duc de Berry avait jugé la cause en première instance, et que l'appelant l'avait portée directement à la cour, « obmisso medio magnorum dierum ducis Bituricensis », renvoya cette affaire à la prochaine session des Grands Jours du comté de Poitou (X1a 29, fol. 84 v°). Cependant nous retrouvons les parties en présence au Parlement à la session suivante. Leur cause fut plaidée le mardi 18 décembre 1380. Guillaume de Taunay, dans sa réplique, dit, entre autres choses, « que leur pere estoit un des plus riches homs de Poitou et tenoit bien vc livrées de terre et avoit bien xxiic mars d'argent en billon et grant quantité de vesseille, et xxiic pièces d'or des florins qui couroient il a xxx ans... et dit que, quant le duc de Lancastre print Poitiers, leur pere ne perdi du sien que xxx. florins qu'il avoit oublié en sa maison, et pour les guerres les heritages n'ont point meins valu... » (X1a 1471, fol. 420 r° et v°). C'était sans doute la fîlie de ce Jean de Taunay qu'avait épousée en troisièmes noces Denis Gillier.
2 Ces lettres sont enregistrées in extenso, mais comme le texte en est parfaitement identique à celui des lettres d'anoblissement de Jean Regnault, il n'a pas paru utile de le reproduire ici.