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DXXV

Confirmation des privilèges de l'abbaye de Saint-Maixent1.

  • B AN JJ. 103, n° 302, fol. 142
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 155-157
D'après a.

Karolus, Dei gracia Francorum rex. Notum facimus universis, presentibus et futuris, quod nos volentes dilectos nostros religiosos, abbatem et conventum monasterii [Sancti Maxencii2] in Pictavia, qui nuper ad obedienciam nostram, relicta parte adversariorum nostrorum, devenerunt, ob hoc frui remuneracione aliquali, ut ceteri parcium predictarum incole ad exhibendum nobis obedienciam, ad quam nobis tenentur, facilius moveantur, volumus, statuimus et ordinamus, eisdemque religiosis et eorum monasterio seu abbacie, necnon omnibus prioribus et prioratibus ejusdem monasterii, eorumque et cujuslibet ipsorum hominibus, in favorem ecclesie et intuitu premissorum, concessimus et tenore presencium concedimus, de nostris certa sciencia, auctoritate regia et gracia speciali, ut ipsi et eorum quilibet omnibus et singulis donis, jurisdictionibus, franchisiis, libertatibus, previlegiis, immunitatibus et saisinis, quibus ipsi et eorum quilibet, tam conjunctim quam divisim, ab illo tempore citra quo ducatus Acquitanie terreque et patrie Engolismensis, Xanctonie et Pictavie Edouardo Anglie, adversario nostro, fuerint assignati, usque adprimam diem mensis septembris ultimo preteriti3, qua die dicti religiosi se nostre dicioni subierunt, et [p. 156] dictam obedienciam nobis exhibuerunt, usi fuerunt et gavisi, et ipsa die utebantur et gaudebant, pacifice de cetero perpetuis temporibus gaudeant et utantur, et in ipsis manuteneantur et conserventur. Quocirca Engolismensi, Xanctonensi, Pictavensi et Lemovicinii senescallis universisque nostris et regni nostri justiciariis et officiariis, modernis et futuris, vel eorum locatenentibus et eorum cuilibet, ut ad eum pertinuerit, tenore presencium, mandamus quatinus ipsos religiosos, monasterium seu abbaciam Sancti Maxencii priores, prioratus et homines predictos, et eorum quemlibet conjunctim et divisim, nostris presentibus statuto, ordinacione, gracia et concessione uti et gaudere de cetero perpetuis temporibus faciant et permittant pacifice et quiete, ipsos vel eorum aliquem in contrarium nullatenus molestando, vexando, impediendo seu perturbando, aut [p. 157] vexari, molestari, impediri seu quomodolibet perturbari permittendo, et quicquid contra tenorem presencium actemptatum esse reppererent, ad statum pristinum et debitum reducant aut reduci faciant indilate, aliis graciis sive donis aut previlegiis aliàs per nos seu predecessores nostros eisdem religiosis seu eorum monasterio concessis, quas et que hic volumus haberi pro expressis, non obstantibus quibuscunque. Quod ut perpetuo firmitatis robur obtineat, nostrum presentibus litteris fecimus apponi sigillum. Actum et datum Parisius, in castro nostro de Lupera, die xxvia mensis novembris, anno Domini millesimo ccc° lxxii° et regni nostri nono.

Chanac. — Per regem, in suis requestis. J. de Sanctis.


1 Ces lettres sont publiées dans le recueil des Ordonnances, t. V, p. 545.
2 Mots omis par le clerc chargé de la transcription.
3 La ville de Saint-Maixent ouvrit en effet ses portes à l'armée française le 1er septembre 1372, et non plusieurs jours après la réduction de la Rochelle (8 septembre), comme le prétend Froissart. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui depuis trois jours avait rejoint à Poitiers son frère le duc de Berry, faisait partie de l'expédition. Le mercredi 1er septembre, il assista à la messe dans l'église de Saint-Maixent, à laquelle il laissa une aumône, puis il mit le siège devant le château-fort de cette ville, qui ne se rendit qu'au bout de trois jours. Le duc de Bourgogne en partit le samedi 4 et alla coucher à Frontenay-l'Abattu. M. Ernest Petit, auteur d'un Itinéraire de Philippe le Hardi, dont le Comité des travaux historiques a décidé et commencé la publication, a extrait de son précieux recueil et imprimé d'avance, avec l'intention amicale de venir en aide à mon travail d'annotation, une plaquette intitulée : Campagne de Philippe le Hardi (1372), où j'ai puisé ce renseignement précis et beaucoup d'autres. Cette importante publication est on ne peut plus utile pour redresser les erreurs chronologiques de Froissart et des autres chroniqueurs ; elle est composée entièrement sur des comptes et autres documents d'une authenticité absolue, recueillis principalement dans les belles archives de la Côte-d'Or. Je ne puis donner à mon savant ami une meilleure preuve de reconnaissance qu'en lui faisant de fréquents emprunts.
Quelques jours après la réduction de Saint-Maixent, Alain de Beaumont, compagnon d'armes de Du Guesclin, que nous retrouverons ailleurs, en fut nommé capitaine. Par acte passé en l'abbaye, le 28 septembre, à l'heure de vêpres, il se fit remettre les clefs, « omnes et singulas claves », de la porte Charraud, « pro evitandis « quam plurima pericula et ut predicta villa Sancti Maxencii melius et « securius ab hostibus malivolis teneretur », s'engageant par serment a les restituer à l'abbé qui en avait la garde de temps immémorial, à la saint Luc prochaine (18 octobre) et non plus tard. (Coll. dom Fonteneau, t. XVI, p. 281.) Les fonctions officielles et de confiance que Guillaume de Vezançay avait remplies auprès du prince de Galles (voy. la note 3 de la p. 153) peuvent expliquer et justifier cette mesure de précaution.