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MCXL

Permission à Louis d’Harcourt, seigneur de Montlouis près Poitiers, de fortifier cette place.

  • B AN JJ. 178, n° 209, fol. 120 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 32, p. 16-18
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons, etc., nous avoir receu l’umble supplicacion de nostre bien amé escuier Loys de Harcourt, seigneur de Montloys1, près nostre ville de [p. 17] Poictiers, contenant que le dit lieu de Montloys est situé et assis en bon pays et bien fertil, aisié à faire fort, ouquel, se guerre sourdoit et il feust emparé, il y auroit en plus grand seurté sa personne et ses biens, et se y pourroient sauver et actraire les hommes et subgiez dudit suppliant et autres voisins, ensemble leurs biens ; et seroit le proufit de nous et du pays d’environ. Et pour ce, ledit suppliant nous a humblement fait supplier et requerir sur ce noz congié et licence. Savoir faisons que nous, consideré ce que dit est, mesmement en faveur des bons et agreables services à nous faiz par le dit suppliant, tant au fait de noz guerres que autrement, en plusieurs et maintes manières, et attendons que encores nous fera ou temps advenir, à icellui suppliant, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, avons donné et octroyé, donnons et octroyons, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, congié et licence de clorre et faire clorre et fortiffier de murs, tours, foussez, eschiffes, barbequennes et autres choses utiles et proufitables, ledit hostel de Montloys, pourveu toutesvoyes que ce ne tourne [p. 18] à dommaige ne prejudice à nous ne au païs d’environ, et que le seigneur dont est tenu et mouvant ledit lieu de Montloys2 donne à ce consentement. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chascun d’eulx, si comme à lui appartendra, que, se appellez nostre procureur, des nobles du pays en ce congnoissans et tous autres qui pour ce feront à appeller, il lui appert de ce que dit est, ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joïr et user plainement et paisiblement de nostre presente grace, congié et licence, sans sur ce faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, non obstant quelzconques mandemens ou defenses à ce contraires. Et afin, etc., nous avons, etc. Sauf, etc. Donné au Bois sire Amé, ou mois de juing l’an de grace mil cccc. xlvii, et de nostre règne le xxve.

Ainsi signé : Par le roy, le conte d’Evreux3, maistre Jehan Bureau4 et autres presens. Giraudeau. — Visa. Contentor. P. Le Picart.


1 Louis bâtard d’Harcourt, écuyer, sieur de Montlouis, capitaine et châtelain de Chauvigny (1443-1454), était un fils naturel de Jean VII comte d’Harcourt et d’Aumale, vicomte de Châtellerault (mort âgé de quatre-vingt-deux ans, le 18 décembre 1452). Il est mentionné dans des titres du 6 février 1443, des années 1447 et 1454, et ne laissa point d’enfants de Claudine du Plessis, qu’il avait épousée le 2 septembre 1444. (Le P. Anselme, t. V, p. 134.) Sur le registre criminel du Parlement du 8 juin 1450, on lit : « Sur ce que le procureur général du roy et Me François Guérinet, secrétaire de monseigneur le daulphin, et Guillemette Berland, sa femme, demandeurs en cas d’excès, ont requis default leur estre donné à l’encontre de Loyset, bâtard d’Harcourt, défendeur audit cas d’excès, adjourné à comparoir ceans en personne, sur peine de bannissement de ce royaume, de confiscation de corps et de biens et d’estre attaint et convaincu des cas, crimes, excès et delitz à lui imposez, non comparant, pour lequel Me Guillaume Fremont, son procureur, a dit qu’il a lettres pour lui à fin d’estre receu par procureur, desquelles il a requis l’entérinement ; et au contraire par lesd. demandeurs a esté dit que, veues les informacions faictes en ceste partie, la court ne doit obtemperer ausdites lettres et que, icelles non obstans, ils doivent avoir leur default, et ainsi l’ont requis. Appoincté est que au conseil la court verra les dites lettres et informacions et en ordonnera ainsi qu’il appartiendra par raison ». (Arch. nat., X2a 25.) Guillemette Berland, dame des Halles de Poitiers en partie, fille de Turpin Berland, tué à l’assaut de Galardon, le 25 juin 1421 (X1a 9200, fol. 206), avait été, seize ans auparavant, étant encore mineure et non mariée, arbitrairement séquestrée à Châtellerault (vol. précédent, p. 159, note, 301). Son mari, François Guérinet, qualifié ailleurs écuyer, seigneur du Verger, fut général des aides en Poitou. On peut voir le récit d’un autre acte de violence dont se rendit coupable le sieur de Montlouis contre Antoine de Feydeau, dans l’intéressant ouvrage de M. le baron d’Huart, intitulé : Persac et la baronnie de Calais, Mém. des Antiquaires de l’Ouest, nouv. série, t. X, 1887, p. 245 et suiv.

2 Le fief de Montlouis relevait de Chauvigny.

3 C’est-à-dire Pierre de Brézé, sieur de la Varenne, sénéchal de Poitou. (Cf. notre précédent vol., p. 407-408, note.)

4 Jean Bureau, trésorier de France et maître de l’artillerie (voir le vol. précédent, p. 172, note), à cette époque commissaire du roi en Poitou pour la répartition d’une amende de 18.000 livres sur les officiers de finances coupables d’exactions. (Arch. hist. du Poitou, t. XXXI, p. 119.)