[p. 24]

MCXLIII

Extrait de lettres d’abolition données en faveur de Guillaume Vacher, écuyer, relatif à la prise par le sieur de Brisay de la place de « la Perrouse » et à une expédition qu’il dirigea de l’Isle-Jourdain pour forcer cinq ou six cents habitants du pays, qui faisaient le siège de ladite place, à s’en éloigner.

  • B AN JJ. 179, n° 8, fol. 4
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 32, p. 24-26
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons, etc., nous avoir receue l’umble supplicacion de nostre bien amé Guillaume Vacher, escuier, contenant que, etc., … a fait et commis plusieurs autres excès, crimes, deliz et malefices, lesquelz bonnement il ne pourroit exprimer ne declairer, fors toutesvoyes que, vingt et ung an a ou environ, lors que [p. 25] envoyasmes querir le feu bastard de Culant1 pour aler avecques autres prendre le Mans2, en laquelle compaignie estoit ledit suppliant, ayant charge de gens de par ledit feu admiral3, et en faisant icellui voyage, furent logiez les dessus diz en ung lieu appellé l’Isle Jourdain, auquel lieu le seigneur de Brizay et de Saint Germain sur la Vienne4, envoya ledit suppliant et ung nommé Vasselet, qui pareillement avoit charge de gens d’armes, trois ou quatre gentilzhommes, leur prier qu’ilz voulsissent secourir xx. ou xxv. gentilzhommes que nostre chier et amé cousin le conte de la Marche avoit baillez audit seigneur de Brizay, entre lesquelz estoient Pierre de Murat et Odet de Xainton, lesquelz avecques autres avoient prins une place nommée la Perrouse, où ilz se tenoient et y estoient assiegez de cinq ou six cens hommes des gens du pays. En obtemperant à la quelle requeste du dit seigneur de Brizay, icellui suppliant et autres gens de guerre alerent avecques ledit seigneur de Brizay pour faire lever les diz hommes qui estoient devant ladicte place et y tenoient ledit siège. Et incontinant que les diz hommes et gens du pays tenans ledit siège sceurent leur venue, ils se leverent et s’en retrahy partie d’eulx en une eglise à trois traiz d’arc ou environ près [p. 26] d’icelle place qu’ilz avoient assiegée. Et quant lesdiz Pierre de Murat et Odet de Xainton, qui estoient en ladicte place assiegez, virent que lesdiz hommes s’estoient levez et departiz dudit siège, et retraiz en ladicte eglise, et que ledit seigneur de Brizay venoit, acompaigné dudit suppliant et autres gens de guerre pour lui secourir, saillirent de ladicte place et s’en alerent à ladicte eglise où ilz mirent le feu. Et ce voyant, les diz hommes dedans retraiz et que ledit seigneur de Brizay, ledit suppliant et autres gens de guerre venoient, mesmement que ledit feu estoit jà si grant que les aucuns bruloyent et qu’ilz ne se povoient plus tenir, se rendirent audit seigneur de Brizay. Et après qu’ilz se furent renduz, icellui seigneur de Brizay bailla audit suppliant et autres gens de guerre estans en sa compaignie, ung homme de ceulx qui estoient en ladicte eglise, qui ainsi s’estoient renduz, dont ilz eurent quatre vings escuz et environ trois marcs d’argent. Pour occasion desquelz cas, crimes et deliz dessusdiz, ledit suppliant doubte rigueur de justice, etc. Si donnons en mandement par ces presentes aux bailliz de Berry, de Saint Pierre le Moustier, au seneschal de Lymosin et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Bourges, au mois d’aoust l’an de grace mil cccc.xlvii, et de nostre règne le xxve.

Ainsi signé : Par le roy en son conseil, A. Rolant. — Visa. Contentor. Ja. de la Garde.


1 Sur le bâtard de Culant, voy. notre vol. précédent, p. 369, note, 371. Dans les lettres de juin 1446, où il est déjà mentionné, on peut constater qu’il n’est pas dit défunt.

2 Salisbury étant venu mettre le siège devant la ville du Mans au mois de juillet 1425, le connétable de Richemont avait envoyé au secours de la place J. Girard, mais avec un petit nombre de gens de guerre. En même temps il faisait des levées de troupes en divers lieux ; il y eut des concentrations à Saumur, à Angers, à Sablé, et aussi dans le Poitou, comme on le voit ici. Mais on ne fut prêt à entrer en campagne que trop tard. Les Anglais, servis par une artillerie formidable, firent capituler la place le 2 août et en prirent possession le 10. C’est évidemment à cette prise d’armes et à cette tentative inutile qu’il est fait allusion ici.

3 Louis de Culant, amiral de France. (Cf. vol. précédent, p. 348, note.)

4 Jean de Brisay était seigneur de Saint-Germain-sur-Vienne à cause de sa mère Marguerite de Rochechouart, fille d’Aimery, sieur de Mortemart, Vivonne, etc. (Voy. la notice consacrée à ce personnage, dans notre vol. précédent, p. 111, note.)