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MCLXIII

Rémission donnée en faveur de Mathurin Prévôteau, prisonnier à Fontenay-le-Comte pour avoir battu des enfants qui faisaient paître leurs bêtes dans ses prés.

  • B AN JJ. 179, n° 138, fol. 73
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 32, p. 80-81
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Mathurin Prevosteau, [p. 81] povre homme chargié de femme et de trois petis enfans, contenant que dès pieça icellui suppliant et ung nommé Berthomé Brebeuf furent asseurez l’un de l’autre par justice, depuis lequel asseurement, il peut avoir environ trois ans, pour ce que ledit suppliant trouva ledit Brebeuf en ung sien pré, qui fenoit du foing à icellui suppliant appartenant, icellui suppliant sans le ferir le bouta, et depuis encores à une autres foiz, pour ce que ledit Brebeuf ne se pouvoit tenir de lui faire dommaige en ses prez et dist à icellui suppliant que, voulsist ou non, il yroit, ledit suppliant ala querir une fourche ferrée dont il fist semblant de le ferir, toutesfoiz il n’en fist riens ; mais advint que depuis ces choses, ledit suppliant trouva pluseurs enfans en une sienne terre qui estoit emblavée de seigle, lesquelz y faisoient paistre des pourceaulx, brebiz, chièvres et autre bestail, et lui faisoient grant dommaige, batit par ordre l’un après l’autre tous iceulx enfans, comme assez raison y avoit, sans les batre villainement, entre lesquelz ledit Brebeuf y avoit ung filz. Pour lesquelz cas dont a esté faicte informacion, ledit suppliant a esté prisonnier au lieu de Fontenay le Conte, où il est encores de present, à grant povreté et misère, en adventure d’estre de ce que dessus dit griefment pugny, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce impartiz, si comme il dit, humblement requerant, etc. Pour ce est il que nous, voulans, et en ayant pitié et compassion dudit suppliant, de sa dicte femme et trois petis enfans, misericorde estre preferée à rigueur de justice, à icellui ou cas dessus dit avons, etc., quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Chinon, ou mois de juillet l’an de grace mil cccc. quarante et huit, et de nostre règne le xxvime.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du conseil. E. Froment. — Visa. Contentor. E. Froment.