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MCCXLVIII

Rémission en faveur de Guillaume Comin, valet d’Alexandre Baste, archer de la garde écossaise, poursuivi comme complice d’un vol important au préjudice du sire de Caunis, dont son maître s’était rendu coupable.

  • B AN JJ. 182, n° 53, vol. 32
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 32, p. 364-373
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons, etc., nous avoir receue l’umble supplicacion de Guillaume Comin, nagaires varlet de Alixandre Baste, Escossois, archier de la garde de nostre corps, contenant que, ou temps que nous partismes de nostre chastel de Lesignen pour venir en nostre cité de Poictiers1, ledit Alixandre envoya ledit suppliant en nostre dicte cité de [p. 365] Poictiers, pour prandre et retenir son logis et s’adressa au fourrier des gens de la garde de nostre corps, lequel lui bailla et enseigna le logis dudit Alixandre, ouquel logeis ledit suppliant trouva le sire naguères de Duras2 et le poursuivant de Joachin Rouault3, nomme Breon, ausquelz il dist que ledit logeis estoit delivré audit Alixandre, son maistre, et qu’ilz vuidassent, ce qu’ilz firent. Et tantost après arriva ledit Alixandre, maistre dudit suppliant, auquel ung des serviteurs dudit de Duras pria qu’il laissast les chevaulx de son maistre dedans sondit logeis, attendu que ses provisions y estoient, ce que ledit Alixandre lui accorda. Et landemain ung Escossoys, que ledit suppliant ne congnoist, vint parler à lui devant ledit logis et lui demanda s’il congnoissoit Thomas Halida, cappitaine de nostre garde4, et que s’il le congnoissoit, le cuisinier du sire de [p. 366] Caunis5 vendroit parler à icellui suppliant, pour le faire parler audit Halida. Auquel ledit suppliant respondit qu’il le congnoissoit bien. Et incontinent après, ledit Escossois et ledit cuisinier du sire de Caunis vindrent parler audit suppliant devant ledit logis, et d’ilec s’en alèrent sur la muraille de nostre dicte ville de Poictiers ; auquel lieu ledit cuisinier pria ledit suppliant qu’il alast dire audit Thomas Halida que, s’il le vouloit mettre en quelque ordonnance ou logier en une de ses places, il lui porteroit chose qu’il lui feroit grant bien, c’est assavoir ung coffre plain d’or et d’argent, et s’il ne povoit porter ledit coffre, il lui porteroit couppes et autres vesselles d’argent. A quoy ledit suppliant respondy que de la dicte matière ne parleroit point audit Thomas Halida, mais que, se il vouloit, il le yroit dire audit Alixandre, son maistre, lequel le pourroit bien faire archer de la garde de nostre corps. Dont ledit cuisinier fut content. Et le jour ensuivant, ainsi que ledit suppliant passoit par devant le logeis dudit sire de Caunis, [p. 367] ledit cuisinier saillit en la rue, et print ledit suppliant par la main et le mena au dedans du logeis dudit sire de Caunis, et lui demanda se il avoit point parlé de ladicte matière qu’il savoit audit Alixandre, son maistre. Auquel ledit suppliant respondy que non. Et lors ledit cuisinier lui dist qu’il povoit bien faire ce qu’il lui avoit dit et qu’il ne failloit que prendre ung manteau et mettre ledit coffre dessoubz. A quoy ledit suppliant respondit que c’estoit bien et qu’il en parleroit à son dit maistre. Et trois ou quatre jours après, le roy estant à Chasteauleraut, ledit suppliant coucha avec ledit Alixandre, son maistre, auquel il raconta tout ce que ledit cuisinier lui avoit dit. Et ledit Alixandre lui respondit qu’il le laissast faire avecques ledit cuisinier, et qu’il n’en parlast plus. Et deux ou troys jours après lesdictes parolles, ledit Alixandre estant à Tours envoya ledit suppliant à cheval à Chinon, pour enquerir où estoit logé ledit sieur de Caunis. En faisant lequel chemin, rencontra ung homme à cheval qu’il ne congnoist, et lui demanda s’il savoit où estoit logié ledit sieur de Caunis ; lequel lui dist qu’il estoit logié à Artennes. Et incontinant ledit suppliant retourna à Tours pour le dire audit Alixandre, son maistre. Et le landemain au matin, ledit Alixandre et ledit suppliant alèrent audit Artennes et se logèrent en une hostellerie qui est dedans la burgade et y dinèrent ; et après disner, le suppliant sailli hors de ladicte hostellerie, pour soy esbatre en la rue, et rencontra ledit cuisinier qui venoit de acheter ung bonnet ; et rentra ledit suppliant dedans la dicte hostellerie, pour le dire à son dit maistre ; mais ledit cuisinier entra incontinant après ledit suppliant. Et lors ledit Alixandre et ledit cuisinier alèrent en l’estable des chevaulx, auquel ilz parlèrent ensemble par l’espace d’une heure ou environ. Et après qu’ilz orent parlé, ledit Alixandre, son maistre, appella ledit suppliant et lui dist qu’il apportast du vin pour boire en ladicte estable, ce qu’il fist ; et beurent lesdiz Alixandre et cuisinier, [p. 368] et atant se despartirent d’ensemble. Et cedit jour, entre huit et neuf heures de nuyt, ledit Alixandre et ledit suppliant alèrent ou derrière de l’ostel où estoit logé ledit sire de Caunis, près d’une haye, en laquelle estoient les lattrines d’icellui sire de Caunis ; ouquel lieu ledit cuisinier vint parler audit Alixandre et lui dist, s’il povoit finer de certaines pouldres qu’il appelloit laxatives, qu’il les lui envoyast, et qu’il en mettroit ou poutaige dudit sire de Caunis, pour le faire aler à chambre, afin que à celle heure qu’il yroit à chambre il peust mieulx prendre ledit coffre et autres choses dessus dictes, et que on mist lesdictes pouldres soubz ung noyer qui estoit près de la dicte haye et ung peu de foing dessus, et que on atachast une petite corde au noyer dessoubz. Et ce fait, landemain au matin, lesdiz Alixandre et ledit suppliant s’en retournèrent à Tours, et en chevauchant, dist ledit Alixandre audit suppliant que, sy se vouloit tenir par deux ou trois nuis à une croix estant au bout du villaige dudit lieu d’Artennes, ledit cuisinier lui apporteroit ledit coffre, et que de jour il se esbatroit en ladicte ville ou ailleurs ilec environ, sans en faire semblant, et que à l’eure que ledit cuisinier lui apporteroit ledit coffre, qu’il menast et conduisist ledit cuisinier à Tours, ou logis dudit Alixandre. Auquel ledit suppliant respondit que de ce faire ne prandroit point la charge, mais qu’il le fist faire par ung appellé Guillaume Bonin, hoste dudit Alixandre, qui demouroit assez près dudit Artennes, ou par son frere, James Baste. Et le lundi après, vigile de Noel, ledit Alixandre envoya ledit James à cheval et ledit suppliant à pié audit lieu d’Artennes, et dist audit suppliant qu’il monstrast audit James ledit cuisinier et qu’il lui avoit ordonné qu’il devoit faire. Et quant ilz furent audit lieu d’Artennes, ledit suppliant dist audit cuisinier que ledit James, frère de son maistre, estoit venu pour parler à lui ; lequel lui respondit que pour lors n’avoit loisir, et s’en retourna ledit suppliant et lui dist [p. 369] qu’il avoit parlé audit cuisinier, et qu’il alast aux matines de minuit, et là ledit cuisinier parleroit à lui. Et cedit jour, ledit suppliant retourna à Tours par devers sondit maistre ; et pareillement trois ou quatre jours après ledit James, lequel dist à son dit frère qu’il ne povoit riens faire, s’il n’avoit lesdictes pouldres laxatives, pour lesquelles avoir ledit Alixandre bailla de l’argent audit suppliant qui les ala querir en l’ostel d’un appotiquaire demourant près du viel marché en ladicte ville de Tours, et icelles porta audit Alixandre, lequel les bailla audit James, son frère, et icellui James incontinant s’en retourna audit Artennes. Et le juedi iiie jour de janvier, les diz James Baste et cuisinier arrivèrent à Tours en l’estable dudit Alixandre, environ le point du jour, en laquelle estable ledit suppliant estoit couchié, et auquel ledit James dist qu’il alast dire audit Alixandre qu’il vint parler à lui et audit cuisinier, ce que ledit suppliant ne voult faire ; et lors ledit James ala en la chambre où estoit couchié ledit Alixandre, et tous deux ensemble retournèrent en ladicte estable, où estoit ledit cuisinier, et incontinent ledit James s’en parti de ladicte estable, et fist ledit Alixandre monter ledit cuisinier et porter ung coffre sur le foing. Et ce fait, ledit Alixandre et ledit suppliant s’en alèrent à la messe à Saint Martin, et puis retournèrent en ladicte estable ; et après ce qu’ilz furent arrivez, ledit Alixandre fist monter ledit suppliant sur le foing, et lui dist qu’il fist rompre audit cuisinier ledit coffre, pour savoir qu’il y avoit dedans ; et s’en yssit ledit Alixandre hors de l’estable et la ferma à clef. Et lors ledit suppliant dist audit cuisinier qu’il rompist ledit coffre, lequel rompit de la pointe de sa dague la ferrure dudit coffre et l’ouvrit ; et vit ledit suppliant dedans ledit coffre ung portegaloize à femme de drap d’or couverte de perles, laquelle ledit cuisinier tira hors dudit coffre, deux chesnes d’or, une grande et une petite, et une pièce d’or batu de la longueur et grosseur [p. 370] d’un doy d’un homme, une gibessière de drap de damas garnie d’argent doré, en laquelle avoit dix ou douze escus de gros d’Angleterre, une bourse de cuir blanc assez grande, toute pleine d’escuz, plusieurs patinostres noires et autres bagues et pièces d’argent, de plaz et de bassains d’argent dorez. Lesquelles choses dessus declairées, en la presence dudit suppliant, ledit cuisinier remist dedans ledit coffre, et lui donna ledit cuisinier six escus qu’il print en ladicte bourse blanche. Après la recepcion desquelz, ledit suppliant ala par devers son dit maistre et lui declaira tout ce qu’il avoit veu tirer dudit coffre ; et ledit Alixandre, son maistre, lui commanda qu’il fist appareiller à disner pour ledit cuisinier et qu’il lui portast sur ledit foing. Et lors ledit suppliant porta sur ledit foin du pain, du vin, ung chappon et du mouton routy, et puis s’en retourna disner en l’ostel de son dit maistre. Et après disner, lesdiz Alixandre et suppliant vindrent en ladicte estable et entrèrent dedans ; et fist ledit Alixandre yssir dehors ledit suppliant et fist fermer l’estable à la clef ; et s’en ala ledit suppliant esbatre en la ville par l’espace de demye heure, et au retour revint en ladicte estable et trouva son dit maistre qui attendoit que on ouvrist ladicte estable. Lequel dist audit suppliant qu’il avoit compté l’or dudit coffre, et n’avoit trouvé que huit cens escus, desquelz il donna audit suppliant la somme de xxxi. escuz ; et ce fait, ledit suppliant rendit la clef de ladicte estable audit Alixandre, son maistre, auquel il demanda congié de s’en aler, pour la paour qu’il avoit. Mais son dit maistre lui conseilla qu’il ne s’en alast point encores, et adonc ledit suppliant s’en ala esbatre en ladicte ville, et au soir revint en ladicte estable, où il trouva son dit maistre et ung cheval qu’il n’avoit acoustumé de veoir en icelle estable, et deux paires de houseaulx neufz. Et ledit Alixandre dist audit suppliant qu’il alast seeller ledit cheval venu de nouveau, et ung autre cheval bayart, ce que ledit suppliant [p. 371] fist ; et à celle mesme heure, envoya ledit Alixandre ledit suppliant en sa chambre querir ung propoint de satin figuré, une sienne robe de pers, lesquelz habillemens ledit Alixandre fist vestir audit cuisinier, lequel donna dix escus audit suppliant. Et tantost après, environ six heures de nuyt, lesdiz cuisinier et James montèrent à cheval et s’en alèrent vers la porte de la Riche, jusques à laquelle ledit Alixandre les conduisit et dist audit suppliant qu’il montast sur ledit foin et mussast ledit coffre ; lequel coffre ledit suppliant getta dedans les chambres ou privées qui estoient dedans ladicte estable. Et ce dit jour après soupper, ledit Alixandre vint en ladicte estable et fut mal content de ce que ledit suppliant avoit getté ledit coffre dedans lesdictes chambres, et tira icellui dehors avecques l’espée dudit suppliant ; et après ce, le deslia et trouva dedans icellui coffre deux ou trois drappeaulx, l’un d’orfaverie d’argent doré, ung diament et ung ruby, comme lui semble, avecques xl. ou l. perles, patinostres et autres bagues, lesquelles ledit Alixandre print, et ledit suppliant print une boucle d’argent doré à sainture de femme, ung bouton d’argent, une petite sainture estroicte garnie d’argent doré, valant ung escu ou environ, et xiiii. petites patinostres d’embre. Et ce fait, ledit Alixandre dist audit suppliant qu’il alast musser en quelque lieu ledit coffre, lequel ledit suppliant print et l’ala getter en ung puis près du Vielz marché. Et pour ce que landemain estoit ung grant bruit dudit larrecin en ladicte ville de Tours, ledit suppliant eut paour et ala descouvrir son fait à Jehan Dare, Escossoys, en le priant qu’il le conseillast s’il s’en yroit ou non ; lequel lui dist qu’il ne s’en alast point et qu’il feroit l’appoinctement, tellement qu’il n’auroit point de mal. Et assez tost après, ledit maistre dudit suppliant, pour cuider trouver ledit James, comme il disoit, ala à Montagu et à Moulins en Bourbonnois. Et lors ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’en fouy de nostre dicte ville de Tours [p. 372] et s’en ala à Tartas. Auquel lieu survindrent certains serviteurs de nostre bien amé Robin Petitlou6, et incontinant que ledit suppliant les vit, il se mist en franchise en l’eglise de Saint Jacques de Tartas. En laquelle eglise lesdiz serviteurs dudit Petitlou le gardèrent une nuyt ou deux. Et après arriva icellui Petitlou audit lieu de Tartas, avec ung nommé Huguet Dormoury, nostre sergent, et fist enfermer ledit suppliant en ladicte eglise. Et depuis icellui suppliant, soubz umbre de ce que lesdiz Petitlou et sergent lui promisdrent d’envoyer par devers nous, pour obtenir ses lettres de grace et remission du cas dessusdit, et aussi ou cas que ne les lui vouldrions octroyer, le remettre en ladicte franchise, se consenti de s’en aler avecques eulx en la ville d’Acques, ce qu’il fist, et y est à present detenu prisonnier ès fers et prison fermée, en grant povreté et misère, et y est en voye de miserablement finer ses jours, se nostre grace et misericorde ne lui sont sur ce impetrées, si comme il nous a fait humblement remonstrer, en nous requerant que, attendu qu’il ne fut pas principal du fait et cas dessusdit, et ce qu’il en a fait n’a esté que pour obeir à son maistre, et qu’il a rendu tout ce qu’il en a eu, nous lui vueillons impartir nos dictes grace et misericorde. Pour quoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, audit suppliant [p. 373] ou cas dessusdit avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes, au seneschal des Lannes et à tous noz autres justiciers, etc. Donné aux Montilz lez Tours, ou mois de mars l’an de grace mil cccc. cinquante et trois, et de nostre règne le xxxiie.

Ainsi signé : Par le roy, maistres Guy Bernard7, Jehan Bureau8 et autres presens. L. Daniel. — Visa. Contentor. N. Dubrueil.


1 Charles séjourna à Lusignan presque tout le mois de juin 1451, puis en 1453, la plus grande partie du mois de mai et les premiers jours de juin. Il s’y arrêta de nouveau, quelques jours, à son retour de la seconde expédition de Guyenne, vers la fin d’octobre ou au commencement de novembre de cette année 1453. C’est de ce dernier voyage qu’il paraît être question ici.

2 Gaillard de Durfort, chevalier, seigneur de Duras, Blanquefort et Villandrant, né vers 1420, fut l’un des commissaires du roi d’Angleterre qui signèrent le traité du 12 juin 1451 pour la réduction du duché de Guyenne et la capitulation de Bordeaux. Au mois de septembre 1452, il fit hommage à Charles VII de sa terre de Duras. Mais à ce moment déjà, il était conjuré avec d’autres seigneurs de Guyenne pour secouer le joug de la France et rouvrir aux Anglais les portes de Bordeaux. Après la seconde expédition de Guyenne, où il résista jusqu’à la fin contre les armées de Charles VII, il se réfugia en Angleterre, où il épousa Anne de Suffolk ; il fut créé chevalier de l’ordre de la Jarretière, capitaine de Calais et chambellan du roi d’Angleterre. Ses biens de France furent confisqués et la baronnie de Duras donnée au sr Du Lau, ce qui explique pourquoi il est dit ici « le sire naguères de Duras ». Louis XI le rappela en France et lui rendit toutes ses possessions, par lettres données à Lyon, juin 1476. Il périt dans un combat, en Bourgogne, l’an 1487. (Voy. le P. Anselme, Hist. généal., t. V, p. 733 ; de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. V, passim.)

3 Joachim Rouault, sr de Boisménart et de Gamaches, depuis maréchal de France. (Cf. notre précédent vol., p. 344, note.)

4 Le nom de ce capitaine de la garde écossaise ne figure pas, du moins sous cette forme, dans les chroniques contemporaines ni dans l’ouvrage de M. Francisque Michel, Les Écossais en France, etc. (2 vol. in-8°). Cependant sur l’inventaire des anciens mémoriaux non reconstitués de la Chambre des Comptes de Paris, on le rencontre deux fois : 1° don à Thomas « Alidas » et à Patry Foucart, de 600 livres par an, leur vie durant, sur l’émolument du sel en Saintonge ; 2° don à Jean Jodoigne, chirurgien de roi, des biens de Thomas « Halidaye ». La date exacte de ces actes n’est pas connue, mais ils étaient enregistrés sur les registres des années 1453, 1454 (anc. mém. J, fol. 131 v°, et L, fol. 83 v°, Arch. nat., invent. PP. 118). Thomas Halida avait succédé dans cette charge à Nicole Chambers, connu sous le nom francisé de Chambre ou de La Chambre, qui avait épousé Catherine Chenin et posséda en Poitou les terres de Villeneuve, Croix-la-Comtesse, Villenouvelle, la Cigogne, Champagne, mouvant de la Tour de Maubergeon, etc., dont il fit hommage au roi le 15 mars 1452 n.s. (Arch. nat., P. 5661, cote 2789.) Catherine Chenin, dame de la Jarrie, est dite sa veuve dans un acte de 1454. Les seigneuries dont il vient d’être question avaient été données par Charles VII à son père, Chrétien Chambers, aussi capitaine de la garde écossaise, qui en avait fait hommage, le 10 novembre 1434 (P. 5531, cote 374). On suit leur descendance mâle dans les aveux et les hommages de la Chambre des Comptes jusqu’à la fin du xvie siècle.

5 Un Jean de Caunis, écuyer, rendit aveu au roi, le 3 août 1423 et le 18 octobre 1447, et fit hommage, le 13 août 1424, pour son hôtel du Chaillou ou Chillou (cne de Chey, Deux-Sèvres) et ses dépendances, mouvant de Lusignan, qu’il tenait à cause de sa femme Jeanne du Chaillou. On ne saurait affirmer qu’il s’agit ici de ce personnage. Jeanne du Chaillou était fille de Huguet et de Philippe de Montsorbier. Huguet du Chillou ou du Chaillou avait fait hommage, le 3 mars 1406, à Jean duc de Berry, comte de Poitou, de ce même hébergement, pour lequel il était tenu à 20 sous de devoirs et à la garde du château de Lusignan pendant quarante jours et quarante nuits, etc., et sa veuve, comme tutrice de leurs trois filles mineures, Jeanne, Marguerite et Huguette, en rendit aveu, le 10 octobre 1418. On en possède un autre aveu, daté du 26 novembre 1481, au nom de Méry de Caunis, écuyer, seigneur du Chaillou. (Arch. nat., P. 5532, cotes 409, 562 : P. 1145, fol. 68, 70, 71.)

6 Robin Petitlou ou Petitlo, nom francisé d’un Écossais, Robert Pettilloch, qui vint en France avec le comte de Buchan et assista à la bataille de Verneuil, le 17 août 1424. (Fr. Michel, Les Écossais en France et les Français en Écosse, 2 vol. in-8°, t. I, p. 223.) On le retrouve chef de routiers dans l’armée que le dauphin Louis conduisit en 1444, contre les Suisses, dans la Haute-Alsace. Lors de la réforme de l’armée, l’année suivante, Robin Petitlou fut maintenu dans l’exercice de sa charge de capitaine, et Charles VII le gratifia, en 1448, de la seigneurie de Sauveterre. Il servait en Guyenne, l’an 1451, et obtint des lettres de naturalisation, le 3 mars 1453, dans lesquelles il est qualifié écuyer d’écurie du roi. Après la seconde conquête de la Guyenne, dans laquelle il se distingua encore, il fut créé sénéchal des Lannes et capitaine de Saint-Sever. (Voy. A. Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. I, p. 166, 294, 331 ; de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. IV, p. 388, note ; t. V, p. 47, note, 332 ; t. VI, p. 378.)

7 Guy Bernard, archidiacre de Tours, maître des requêtes de l’hôtel et membre du Grand Conseil. (Ci-dessus, p. 338, note 2.)

8 Jean Bureau, trésorier de France. (Ci-dessus, p. 92, note 1.)