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MCCCCXXXVI

Lettres de naturalisation en faveur de Raoulet de Valpergue, natif de Piémont, écuyer d’écurie du roi, homme d’armes de la compagnie du sire de Crussol, sénéchal de Poitou.

  • B AN JJ. 200, n° 213, fol. 113
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 96-98
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que nous, ayans consideracion aux bons et agreables services que nous a par cy devant faiz nostre chier et bien amé escuyer de nostre escuyrie, Raoullet de Valpersgue1, homme d’armes de nostre ordonnance soubz la charge et retenue de nostre amé et feal conseiller et chambellan le sire de Crussol, natif du pays de Piemont, fait et continue chacun jour et esperons que plus face ou temps avenir ; considerans aussi qu’il a entencion de soy [p. 97] retraire et marier en cestuy nostre royaume, et de y demourer le surplus de ses jours, à iceluy Raoulet de Valpergue, qui sur ce nous a fait supplier et requerir, avons pour ces causes et pour la sureté de luy et de ses hoirs, octroyé et octroyons par ces presentes, voulons et nous plaist, qu’il puisse acquerir en cestuy nostre dit royaume tant de biens meubles et immeubles qu’il en pourra licitement acquerir, et disposer de ses diz biens, et aussi de ceulx qu’il y a ja acquis, par testament, ordonnance de derrenière voulenté ou autrement, ainsi que bon luy semblera, tout ainsi que s’il estoit natif de nostre dit royaume. Et quant à ce l’avons habilité et habilitons de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, sans ce qu’il soit point tenu de nous payer aucunes finances, et nonobstant les ordonnances royaulx à ce contraires. Si donnons en mandement, par ces presentes, à noz amez et feaulx les gens de noz comptes et tresoriers, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans, presens et advenir, et à chacun d’eulx, si comme à luy appartiendra, que ledit Raoulet de Valpergue2 et ceulx qui de luy auront cause, facent, seuffrent et laissent joir et user paisiblement de nostre presente grace et octroy, sans luy faire ne souffrir estre fait, ores ne pour le temps avenir, aucun empeschement au contraire. Et affin que ce soit chose ferme à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces dictes presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné à Chartres, ou moys de novembre l’an de grace mil cccc. lxvii, et de nostre règne le septiesme.

Ainsi signé : Loys. — Par le roy, le sire de Loheac3, [p. 98]mareschal de France, les sires de Bueil, de Craon et de Crussol4, et autres presens. B. Meurin. — Visa.


1 Le chef de cette famille de Lombardie et de Piémont était alors Louis comte de Valpergue, qui était au service de la maison de Savoie. Mais beaucoup de ses parents étaient établis en France. Le plus connu parmi ces derniers est Théode de Valpergue, chevalier, bailli de Mâcon et sénéchal de Lyon en 1442, qui, au dire de la Chronique du héraut Berry, vint offrir ses services à Charles VII dès l’année 1423. Les présentes lettres de naturalisation étant adressées au sénéchal de Poitou, il y a tout lieu de croire que Raoulet de Valpergue s’était fixé dans cette province. L’année précédente, les maire et échevins de Poitiers ayant à se plaindre de pillages et violences exercés par des gens d’armes logés à Poitiers et dans le pays environnant, avaient chargé Jean Rety et Louis Garnier de porter au sénéchal des remontrances à ce sujet. Le sire de Crussol leur répondit de Niort, le 1er décembre 1466 qu’il envoyait Raoulet de Valpergue, pour y remédier. (Arch. hist. du Poitou, t. Ier, p. 163.) Son nom est encore inscrit sur le rôle des hommes d’armes de la compagnie de Louis de Crussol, sénéchal, qui passèrent leur montre à Poitiers, le 5 mai 1470, rôle sur lequel figurent également et au même titre Jehannot et Mathieu de Valpergue. (Arch. hist. du Poitou, t. II, p. 305-307.) Il est question aussi de ce dernier dans un acte du mois de janvier 1473, imprimé dans ce volume (ci-dessous, n° MDXVII), comme ayant pris part à la guerre de Bretagne, l’année précédente, en qualité d’homme d’armes de l’ordonnance. On peut citer encore Michel de Valpergue, écuyer, neveu de Théode, et ses parents Amédée et Jean de Valpergue, possessionnés dans le Dauphiné, alors que Louis XI était encore dauphin, entre les années 1446 et 1458. (Voir Bibl. nat., Pièces originales, vol. 2924, dossier Valpergue, contenant une généalogie de cette maison ; Vaësen, Lettres de Louis XI, t. IV, p. 156 ; Pilot de Thorey, Catalogue des actes de Louis II, dauphin, in-8°, t. I, p. 114, 155, 242.)

2 Le scribe a écrit en cet endroit du registre « Malpergue ».

3 André de Laval, sire de Lohéac et de Rais, par son mariage avec Marie, fille unique de Gilles de Rais, et de Catherine de Thouars, dame de Pouzauges, fut amiral, puis maréchal de France ; il vivait encore le 18 novembre 1484. (Voy. notre t. IX, XXXII des Arch. hist., p. 398, note, et le P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 72 et 841.)

4 Jean V de Bueil, Georges de La Trémoille, sire de Craon, et Louis de Crussol, sénéchal de Poitou. (Cf. ci-dessus, p. 25, 47 et 55, notes.)