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MCCCCXCIII

Don à Pierre de Combarel, chevalier, seigneur de l’Isle-Jourdain et de Rouet, d’un droit d’usage en la forêt de Moulière pour son château de Rouet.

  • B AN JJ. 196, n° 546, fol. 224 bis v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 272-275
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, en faveur et pour consideracion des bons, notables et agreables services que nostre amé et feal conseiller, Pierre de Comberel1, chevalier, [p. 273] seigneur de l’Isle et de Rouet, nous a faiz par cy devant, tant ou fait de noz guerres que autrement en plusieurs manières, fait chacun jour et esperons que encores face ou temps avenir, nous avons à icellui nostre conseiller qui sur ce nous a fait requerir et supplier, donné et octroyé, donnons et octroyons de grace especial, par ces presentes, l’usage en nostre fourest de la Molière, pour y prendre et avoir doresenavant perpetuellement, pour lui et ses hoirs, seigneurs dudit lieu de Rouet, tout le boys qui leur sera neccessaire en l’ostel d’icellui lieu de Rouet, tant pour bastir que pour chauffage, selon la monstrée qui leur en sera faicte par noz officiers et ainsi que ont acoustumé d’avoir les autres usaigers de nostre dicte forest. Si donnons [p. 274] en mandement, par cesdictes presentes, à noz amez et feaulx gens de noz comptes et tresoriers, aux seneschal de Poictou, maistre des eaues et fourestz en nostre dicte seneschaucie, verdiers et forestiers de nostre dicte forest de Molières et autres justiciers et officiers ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir et à chacun d’eulx, si comme à lui appartendra, que de nostre presente grace, don et octroy facent, seuffrent et laissent ledict Pierre de Comberel, chevalier, et sesdictz hoirs, seigneurs dudit lieu de Rouet, joir et user plainement et paisiblement sans leur faire, mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire. Et affin que ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous avons [p. 275]fait mettre nostre seel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné aux Montilz lez Tours, ou moys de novembre l’an de grace mil cccc. soixante dix, et de nostre règne le dixiesme.

Ainsi signé : Par le roy. Bourré. — Visa.


1 Fils puîné de Pierre Ier de Combarel ou Comberel, seigneur de Noailles, l’un des principaux habitants de Tulle en 1431, Pierre II, chevalier, était seigneur de l’Isle-Jourdain à cause de sa femme, de Rouet et de la Motte-de-Beaumont en Châtelleraudais. Il fut l’un des héritiers de son oncle Hugue de Combarel, président de la Cour des aides, évêque de Poitiers (de 1424 à 1440), sur lequel voy. notre t. VIII (XXIX des Arch. hist.), p. 54, note 2. On le trouve qualifié capitaine de cent arbalétriers, et gouverneur de la Rochelle. Charles VII lui accorda, par lettres patentes de novembre 1443, la permission de fortifier le château de Rouet, dont lui avait fait don, en 1437, Marguerite de Colombiers, veuve de Simes de Saint-Martin, tante de sa femme. En 1456, il acquit le fief de Corigné, et en 1460 il transigea avec le chapitre de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, au sujet d’une chaussée qu’il avait fait construire près de son moulin de Gastault, et reconnut devoir aux chanoines, comme indemnité du dommage que l’eau de son étang en cet endroit occasionnait à leurs terres. (Arch. de la Vienne, G. 1178.) Il eut d’ailleurs, en qualité de seigneur de la Motte-de-Beaumont, d’autres procès avec ce même chapitre, qui possédait la seigneurie de Beaumont.

Au mois d’octobre 1466, une levée de quatre mille francs archers avait été ordonnée par Louis XI en Saintonge et dans les pays voisins. Ce fut Pierre de Combarel que le roi commit à cet effet pour la Saintonge ; celui-ci délégua ses pouvoirs aux deux élus du pays, Jean Mérichon et Guillaume de Combes, et leur prescrivit de mettre sus un archer par cinquante feux et de procéder à leur équipement. Les deux élus furent poursuivis à la Cour des Aides pour exactions commises dans l’exercice de cette commission et condamnés à restituer 120 écus d’or. (Arch. nat., Zla 26, f° 373 v° et 384 ; Z1a 68, aux 29 et 31 juillet 1467.)

Sur le rôle des nobles du comté de Poitou assemblés à Poitiers, le 5 octobre 1467, par Yvon Du Fou, le nom de Pierre de Combarel, seigneur de l’Isle, est inscrit comme ayant sous ses ordres vingt-cinq hommes d’armes et quarante brigandiniers. (Roolles des bans et arrière-bans de Poictou, in-4°, réimpr. de 1883, p. 19-20.) Le 18 avril 1474, il donna quittance à Jean Raguier, receveur général des finances en Normandie, de mille livres tournois pour partie de la pension que Louis XI lui avait ordonnée pour l’année courante, commencée le 1er octobre précédent. (Orig. signé, Bibl. nat., ms. fr. 27310, Pièces orig, vol. 826, dossier Combarel.) Par lettres patentes datées du Plessis-lès-Tours, le 18 février 1476 (1477), le roi fit don au sr de l’Isle-Jourdain de l’office de capitaine des ville et château de Fontenay-le-Comte, avec le revenu des terre et seigneurie du lieu. (Anc. mém. P. de la Chambres des comptes, fol. 58 ; Bibl. nat., ms. fr. 21405, p. 197.) Ce revenu lui fut repris peu de temps après, mais en compensation il eut une somme annuelle de 1.500 livres. On conserve quatre quittances de lui à Guillaume d’Elbène, receveur général des finances de Languedoc, qui en font foi, la première datée du 30 avril 1477, la deuxième du 25 mai 1478, la troisième du 31 décembre 1480 et la quatrième du 22 mai 1481. Elles portent toutes qu’il s’agit d’une somme de 1.500 livres à lui ordonnée chaque année par le roi, « pour le récompenser des terre et seigneurie de Fontenay-le-Conte, que ledit sr a reprises de luy ». (Ms. fr. 27810 cit.) Le même recueil contient l’original de lettres patentes de Louis XI, du Plessis-du-Parc, le 9 janvier 1478 n.s., faisant don à Pierre de Combarel des lods et ventes et autres droits seigneuriaux par lui dus au roi, pour l’acquisition par lui faite récemment de Guyot de Genoillé, écuyer, seigneur dudit lieu, et de Gillette de Mausson, damoiselle, sa femme, de l’hôtel noble de Chincé, sis en la paroisse de Jaunay, châtellenie de Poitiers, pour 900 écus d’or (à 32 sous tournois 1 denier pièce). Le 25 janvier suivant, le sr de l’Isle-Jourdain rendait aveu au roi de ladite seigneurie de Chincé, et le 10 février de celle de Saint-Supplice. (Arch. nat., P. 1145, fol. 155.) Le dernier acte connu de ce personnage est l’acquisition qu’il fit, le 9 mai 1482, de Jean Buisson, paroissien de Naintré, d’une rente de deux boisseaux de froment et un chapon, payable en l’hôtel de Rouet. (A. Richard, Arch. du château de la Barre, t. II, p. 396.) Sa mort arriva vers la fin de l’année suivante ou tout au commencement de 1484. Il avait épousé : 1° Huguette de l’Isle-Jourdain, fille et héritière de Jean, chevalier, seigneur de l’Isle-Jourdain, et de Ayde de Saint-Martin ; 2° vers 1460, Françoise Cotet, fille du sr de Benayes en Limousin, qui était veuve le 3 février 1484 et tutrice de son fils, Jacques, lequel décéda, encore mineur et sans alliance, trois ou quatre ans plus tard. Celle-ci, tant en son nom que comme tutrice de ce fils, était appelante au Parlement, le 9 février 1486, d’une sentence du sénéchal de Poitou, donnée contre elle au profit de René de La Roche et de sa femme. (Arch. nat., X1a 4827, fol. 99.) De son premier mariage, Pierre de Combarel avait eu deux filles : Néomaye, épouse de Jean de La Beraudière, puis de Jean Cotet, sr des Roches ; Huguette, femme de Jean de Blom, écuyer, sr de Ressonneau. Le sr de l’Isle-Jourdain fut inhumé avec sa première femme, en la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance, qu’il avait fondée en l’église de Beaumont. (Cf. Lalanne, Hist. de Châtelleraud, t. I, p. 418 ; Beauchet-Filleau, Dict. des familles du Poitou, 2e édit., t. II, p. 580.)