3 D’une famille originaire de Bretagne, Louis de Rezay,
chevalier, fils de Mathurin, était établi dans le Bas-Poitou, où
il possédait les seigneuries de la Merlatière, de la Ralière, de
la Jarrie et de Saint-Fulgent. Le 20 octobre 1467, à
Fontenay-le-Comte, il s’excusa auprès d’Yvon Du Fou, commissaire
du roi, de ne pouvoir se rendre au ban des nobles de la
sénéchaussée de Poitou, retenu par ses fonctions de capitaine du
château de la Garnache, et il prêta serment de garder fidèlement
cette place. (Roolles des bans et arrière-bans de la province
de Poictou, etc. Réimpr. Nantes, 1883, in-4°, p. 21.) Il
occupait cette charge dès avant l’année 1460, comme on l’apprend
par un procès criminel jugé au Parlement de Paris, dans lequel
il était inculpé. Alain VIII de Rohan, seigneur de la
Garnache, s’était engagé à payer une rente de 120 écus à Nicolas
de Volvire, chevalier, et il y eut contestation au sujet de
l’assiette de cette rente entre Joachim et Maurice de Volvire,
ses fils, d’une part, et Béatrice de Clisson, veuve
d’Alain VIII, d’autre, contestation qui fut reprise
par Maurice de Volvire, seigneur de Rocheservière, Saint-Gervais
et Chaveil, héritier de son frère, contre Alain IX,
puis contre Jean II, vicomte de Rohan, et durait encore
le 1er septembre 1467, date de lettres de
Louis XI, données à la requête du sr de
Rocheservière. (Coll. dom Fonteneau, t. VIII, p. 215.) Au cours
du procès, à l’instigation d’Alain IX ou pour lui être
agréable, Louis de Rezay, capitaine de la Garnache, Pierre Du
Tertre, châtelain, Jean Blois l’aîné, procureur, André Quesneau
et plusieurs autres officiers dudit lieu se rendirent coupables
de violences et d’excès contre Maurice de Volvire, battirent ses
gens et prirent ses biens à Saint-Gervais. Une information ayant
été ordonnée sur la plainte de celui-ci, ils l’entravèrent par
tous les moyens, et mirent douze hommes armés en embuscade pour
s’emparer de la personne du plaignant et de ceux qui étaient
chargés de l’enquête. La cour, ayant été saisie de l’affaire,
décerna un mandement pour informer à nouveau, le 16 juillet
1460. Maurice de Volvire dut se faire délivrer un sauf-conduit,
le 23 mai 1461, pour venir sûrement à Paris, où il obtint, le
15 décembre suivant, un défaut contre les officiers de la
Garnache. Les plaidoiries eurent lieu le 17 février 1462, et à
partir de cette date on ne trouve plus rien de l’affaire sur les
registres criminels, qui du reste présentent beaucoup de
lacunes. (Arch. nat., X2a 29, fol. 225 v° ;
X2a 30, fol. 44 v°, 45 r° et v° ; X2a 32, aux
dates du 15 déc. 1461 et du 17 février 1462, n.s.) Une dizaine
d’années plus tard, Louis de Rezay (qui ne prend plus le titre
de capitaine de la Garnache) fut à son tour victime de sévices
semblables, et dans les mêmes conditions, ainsi que ses
officiers de la Merlatière et de la Ralière. Un procès ancien,
que Mathurin de Rezay et ensuite Louis, son fils, soutenaient
contre le comte de Penthièvre et contre le fils de celui-ci,
Jean de Brosse, sr de Laigle, parce que ces derniers
voulaient contraindre les habitants de la châtellenie de la
Merlatière à faire le guet au château des Essarts, fut la cause
déterminante de la haine que le sr de Laigle voua à Louis
de Rezay, et des voies de fait qu’il fit exercer par ses
officiers et serviteurs contre sa personne et ses biens et ceux
de ses gens. Au mois d’avril 1469, il envoya une cinquantaine de
gens de guerre au « Bois-Roteau », appartenant aux Rezay, où ils
chassèrent à cor et à cri, dans le but de faire sortir du
château de la Merlatière, pour les attaquer, Louis de Rezay et
ses serviteurs. La femme de celui-ci, qui était alors à la
Jarrie, ainsi que son frère Gabriel, un garde et quelques hommes
vinrent se rendre compte de ce qui arrivait. Les chasseurs alors
leur coururent sus, criant : « Tuez ! tuez ! » Madame de Rezay
fut jetée à terre et blessée, Gabriel et le garde furent emmenés
prisonniers. Tels sont les faits qui motivèrent les poursuites
de Louis de Rezay contre le sr de Laigle et ses
serviteurs, et pour lesquels le procureur général s’adjoignit à
lui. Par mandement du 26 juillet 1469, la cour ordonna
l’arrestation des coupables. Elle ne put sans doute avoir lieu,
car, le 2 juillet 1470, Rezay et le procureur du roi requéraient
défaut contre Jean de Brosse et ses officiers, qui depuis
avaient été ajournés en personne, sur peine de bannissement et
de confiscation, et s’étaient bien gardés de venir. Le sr
de Laigle d’ailleurs avait eu le crédit d’obtenir des lettres
l’autorisant à se faire représenter par procureur. C’est dans
les plaidoiries, prononcées le 20 novembre 1470, et dans le
mandement du 26 juillet de l’année précédente, que l’on a puisé
ce résumé des faits de la cause, dont l’issue n’a pas non plus
été retrouvée. (X2a 35, date du 2 juillet 1470 ;
X2a 36, fol. 246 ; X2a 37, au 20 novembre
1470.)
4 Yves ou Yvon Du Fou, chevalier, second fils de Jacques
Du Fou, seigneur de Rustephen en Bretagne, fut, par les charges
et missions importantes et nombreuses qu’il remplit, un
personnage considérable et très en vue sous les rois Louis XI et
Charles VIII. Écuyer d’écurie du premier dès le
début de son règne, il lui était sans doute attaché déjà quand
il était encore dauphin. Par lettres patentes datées de Paris,
le 24 septembre 1461, ce prince lui fit don des moulins, prés,
rivière et étangs de Lusignan (Arch. de la Chambre des Comptes,
anc. mém. L, fol. 166 ; Bibl. nat., ms. fr. 21405, p. 138), et
quelques mois après il le nomma capitaine du château de
Lusignan. A l’époque de la Ligue du Bien public, trois jours
après le combat de Montlhéry, le 19 juillet 1465, Charles comte
du Maine écrivait de Châtellerault aux maire et habitants de
Poitiers : « Pour aucunes choses survenues, envoyons
presentement le cappitaine de Lusignen vers vous, auquel nous
avons donné charge en parler à vous amplement et pour vous dire
comment de présent monseigneur le roy est à Corbeil ou dedens
Paris, avecques la pluspart de son armée ; par quoy les choses
ne sont si mal qu’on les pourroit bien avoir semées. Et de
nostre part sommes cy venuz pour faire garder les passaiges de
par deça et pour amasser gens, ainsi que plus à plain saurez par
ledit cappitaine … » (Arch. hist. du Poitou,
t. Ier, p. 153.) Deux ans plus tard, il écrivait
lui-même, de Paris, le 31 août 1467, à Messieurs de la ville de
Poitiers : « Le roy a sceu que Monsr Charles (le frère de
Louis XI) a eu aucuns entendemens et a cuidé faire aucunes
entreprises secretes sur la ville de Poictiers. Et à ceste cause
m’en a parlé et demandé mon advis, mais je luy ay repondu et
avecques ce me suis fait fort pour tous vous, Messieurs, que sur
ma vie il ne s’en doit soulcier ; toutesfoiz il vous en a
escript par monsr le bailly des Montaignes (Josselin Du
Bois, seigneur engagiste de Montmorillon). Par quoy je vous pry
que sur ce luy vueillez escrire en façon qu’il n’ait cause
d’avoir suspection sur vous et que vueillez avoir aussi bonne
voulenté à bien et leaument le servir, comme vous et vos
predecesseurs avec tousjours fait ou temps passé … » (Id.
ibid., p. 167.) La commission d’Yvon Du Fou pour
recevoir les montres des nobles du pays de Poitou, rappelée dans
les présentes lettres de rémission, était datée de Paris, le
21 septembre 1467, comme il nous l’apprend lui-même dans le rôle
des nobles qu’il fit dresser à cette occasion. (Roolles des
bans et arrière-bans de la province de Poictou, etc.
Réimpression, Nantes, 1883, in-4°, p. 3.) Citons aussi un
mandement de Louis de Crussol, sénéchal de Poitou, à Michel
Dauron, receveur ordinaire pour le roi dans le comté, lui
ordonnant, le 5 octobre suivant, de payer les frais de
déplacement de quatre sergents chargés d’aller faire « afficher
les assignations desdites montres pour le present mois
d’octobre, savoir le premier par tout le siège de Poictiers, le
second par tout le siège de Nyort, le troisiesme par tout le
siège de Fontenay le Comte, et le quatriesme par tout le siège
de Thouars ». (Orig., Bibl. nat., ms. fr. 27692, n° 8.) Le
18 octobre 1469, par lettre écrite à « La Rementeresse », Du Fou
demandait à Louis XI, en raison du serment qu’il lui
avait fait en recevant la garde du château de Lusignan, de n’y
laisser entrer jamais homme plus fort que lui, réservé la
personne du roi, quel accueil il devait faire à une requête de
Charles, duc de Guyenne, d’être reçu dans cette place. Il priait
en même temps le roi de faire asseoir de nouveau sur les revenus
du Poitou les 1.000 écus qui avaient été rayés de sa pension.
(Bibl. nat., ms. fr. 20485, fol. 130.) Louis XI, qui
était à ce moment en bons termes avec son frère, lui répondit
d’Orléans, dès le 21 octobre suivant, le relevant de son serment
et lui recommandant de ne faire aucune difficulté d’accueillir
le duc de Guyenne au château de Lusignan et de lui en remettre
les clefs. (Vaësen, Lettres missives de Louis XI, in-8°,
t. IV, p. 39.) Une autre lettre d’Yvon Du Fou, de Cognac, le
3 mai 1472, annonce à Louis XI la capitulation de cette ville où
commandait, pour le frère du roi, le sire d’Archiac, qu’il garde
prisonnier provisoirement, tout en sollicitant pour celui-ci
l’indulgence royale. (Bibl. nat., ms. fr. 20486, fol. 18.) Une
missive du roi en date du 7 mai suivant témoigne que celui-ci ne
vit pas de bon œil l’indulgence dont le capitaine de Lusignan
avait fait preuve envers le sire d’Archiac, qui s’était
gravement compromis dans les menées du duc de Guyenne. (Vaësen,
op. cit., t. IV, pp. 318, 367.) Mentionnons encore
deux lettres d’Yvon Du Fou adressées à Louis XI et datées des
30 octobre et 3 novembre, sans indication d’année, et une lettre
à lui écrite en qualité de gouverneur d’Angoumois par le
sr de Canaye, d’Ancenis, le 27 décembre 1472. (Ms.
fr. 20428, fol. 48, 49 ; ms. fr. 20429, fol. 49.)
Si Louis
XI garda rancune à Yvon, comme il l’appelle familièrement dans
ses lettres missives, de sa modération envers le sire d’Archiac,
ce ne fut pas pour longtemps ; car dans le courant de cette
année même (1472) il lui donna l’office de grand veneur de
France aux gages de 3200 livres. Il avait en outre 2000 livres
d’appointements comme capitaine de la ville et du château de
Lusignan et une pension de 2700 livres dont il jouit toute sa
vie. En 1462 il était premier échanson du roi et quelques années
plus tard son chambellan. Dans le troisième compte de Mathieu
Beauvarlet, pour l’année finie le 30 septembre 1464, Yvon Du Fou
figure en outre en qualité de capitaine de Cherbourg. Il est dit
capitaine général des francs-archers dans des lettres patentes
données à Chartres, au mois d’août 1474, confirmant à Agne de La
Tour, vicomte de Turenne, et aux habitants de la vicomté, ses
sujets, leur exemption de fournir aucun contingent de
francs-archers ni de contribuer à leur habillement. (JJ. 204,
n° 89, fol. 55 v° ; Ordonnances des Rois de France,
t. XVIII, p. 46, où le nom Du Fou est imprimé par erreur
Dufort.) La même année, Du Fou avait été nommé lieutenant
général à l’armée de Roussillon et de Cerdagne, pour réduire ces
pays en l’obéissance du roi. Dans des actes de 1475 on le trouve
qualifié gouverneur de Dauphiné. En 1478, il obtint encore la
charge de maître et général réformateur des eaux et forêts en
Poitou ; l’on conserve à la Bibliothèque nationale quatre
quittances de lui à Etienne de Bonney, receveur ordinaire de
Poitou, pour les gages de cet office (16 nov. 1478, 11 sept.
1480 (deux) et 13 déc. 1481 ; ms. fr. 27692, Pièces orig. 1208,
Du Fou, nos 11, 12, 14 et 15). Pendant la longue minorité
de Charles, comte d’Angoulême (1467-1476), Yvon Du Fou, qui lui
avait été donné comme curateur, exerça aussi le gouvernement de
l’Angoumois avec la comtesse douairière, Marguerite de Rohan,
veuve de Jean d’Orléans, et eut à poursuivre un long procès
contre Renaud Chabot, puis contre Louis, son fils, seigneur de
Jarnac, qui avaient usurpé certains droits appartenant au comte
et accablaient de vexations leurs sujets de ladite seigneurie.
(Voy. Titres de la Chambre des comptes d’Angoulême, Arch. nat.,
P. 14062.) Nommé bailli de Touraine l’an 1484, il fut
reçu en cette qualité par la Chambre des comptes de Paris, le
10 juillet de cette année. (Arch. nat., PP 118, anc. mémorial
S., fol. 92 v°, et Bibl. nat., ms. fr. 21405, p. 231.) Il
n’exerça que peu de temps cet office5, car dès
l’année suivante il fut appelé à remplacer, comme sénéchal de
Poitou, Philippe de Commines, qui venait d’être destitué. Nous
n’avons pas à entrer ici dans le détail de la disgrâce du
célèbre auteur des Mémoires, assez connu d’ailleurs
depuis les études publiées par leurs plus récents éditeurs. Par
lettres patentes données à Orléans, le 15 septembre 1485,
Charles VIII, ou plutôt la régente Anne de Beaujeu,
avait déclaré Commines privé de sa dignité de sénéchal de Poitou
et de la charge de capitaine de Poitiers, qui de tout temps
avait été unie à celle de sénéchal, et disposé de ces deux
offices en faveur d’Yvon Du Fou, grand veneur de France. (Edit.
de Mlle Dupont, Mémoires de Philippe de Commynes,
Preuves, t. III, 1847, in-8°, p. 128 ; Kervyn de Lettenhove,
Lettres et négociations de Philippe de Commines,
Bruxelles, 2 vol. in-8°, 1868, t. II, p. 36.) On conserve aux
Archives de la ville de Poitiers un acte du 1er octobre
1485, par lequel J. Guyneuf, chevalier, sr de Boulzé,
fondé de pouvoirs de Mre Yvon Du Fou, sénéchal de Poitou,
reconnaît avoir reçu d’Aimery Claveurier, au nom des maire,
bourgeois et échevins de Poitiers, les clefs du château et
stipule que, toutes les fois qu’il adviendrait péril imminent en
cette ville, les maire et échevins auraient la garde des clefs
avec le sénéchal, et qu’aucune des portes murées par leur ordre
ne serait ouverte sans leur consentement. Le même jour, Jean
Falaiseau, lieutenant général du bailli de Touraine, chargé par
le nouveau sénéchal de prendre en son nom possession de cet
office, déclara aux magistrats municipaux que les provisions de
capitaine du château de Poitiers données au profit de Du Fou
n’avaient point pour effet de lui commettre la garde de la
ville, qui par un ancien usage et privilège appartenait au
maire, mais seulement la garde et capitainerie du château, sauf
au sénéchal à faire valoir ses droits comme il le jugerait à
propos. (Orig., Arch. comm. de Poitiers, E. 22.) Yvon Du Fou
jouit de ces deux offices jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pendant
trois ans environ. Gautier des Cars, sénéchal de Périgord, lui
succéda comme capitaine du château de Poitiers (21 août 1488,
id. E. 23), et Jacques de Beaumont, sire de
Bressuire, en qualité de sénéchal de Poitou. Le dernier acte
émanant d’Yvon Du Fou que nous ayons trouvé, est daté du
27 juillet 1488, six jours avant son décès ; il s’y intitule
chambellan du roi et sénéchal de Poitou, et confesse avoir reçu
d’Antoine Bayart, trésorier général de Languedoc, la somme de
350 livres à lui donnée par le roi pour l’indemniser de ses
dépenses devant la ville de Fougères, pendant que l’armée royale
en faisait le siège, auquel il avait charge de par le roi de la
conduite de l’artillerie. (Bibl. nat., ms. fr. 27692, Du Fou,
n° 18.)
Louis XI s’était d’ailleurs toujours montré d’une
grande libéralité envers ce personnage. Voici un relevé des
principaux dons qu’il lui fit, outre celui des moulins, prés et
étangs de Lusignan, daté du 24 septembre 1461, mentionné plus
haut : Tours, juin 1469, don de l’étang de Coursec (cne
de Montamisé) et de la terragerie de Charracé (Bibl. nat., ms.
fr. 27692, n° 5), dont aveu en date du 18 avril 1472 (Arch.
nat., P. 1145, fol. 151) ; cf. une lettre de Louis XI à la
Chambre des comptes, lui ordonnant d’enregistrer lesdites
lettres, 4 août 1469 (Vaësen, Lettres de Louis XI, t. IV,
p. 19) ; Paris, 10 novembre 1474. Don à vie du revenu du domaine
de Lusignan, à percevoir de la main du receveur de domaine du
Poitou (anc. mém. O de la Chambre des comptes, fol. 191 ; Bibl.
nat., ms. fr. 21405, p. 189), revenu qui s’élève, pour l’année
finie à la Saint-Jean 1477, à la somme de 331 livres 6 s. 5 d.,
suivant la quittance de Du Fou à Etienne de Bonney, receveur
ordinaire, du 18 novembre 1477 (ms. fr. 27692, n° 10) ; Le
Plessis du Parc, 5 novembre 1477. Don de tout le profit, revenu
et émolument du droit de gabelle du grenier à sel de Louviers
(vidimus des lettres patentes) et quittance, du 17 janvier 1480,
d’une somme de 1024 livres tournois, montant dudit revenu pour
la seule année 1479 (id., nos 9 et 13) ;
Lierville, août 1480. Lettres de don à Yvon Du Fou, chambellan
du roi et grand veneur de France, et à ses héritiers en toute
propriété, de la forêt de Gâtine et de l’étang de la Tomberrard
en Poitou (Arch. nat., X1a 8607, fol. 253 v°), enreg. le
22 novembre suivant au Parlement de Paris (id.
X1a 1489, fol. 167), à la suite de deux lettres de cachet
du roi à la cour, la première datée d’Orléans, le 21 août, et la
seconde de Pithiviers, le 29 août 1480. (Vaësen, Lettres de
Louis XI, t. VIII, p. 179 et 261) ; la forêt et l’étang
étaient dans la mouvance de Lusignan ; Du Fou en fit hommage au
roi, le 26 mars 1481 n.s. (Arch. nat., P. 5543, cote
iiic
xlvi.) Citons encore : deux quittances de payement de
sommes à lui dues pour parties de sa pension : 1° par Michel
Dauron, receveur et payeur des gens de guerre en Poitou ; 2° par
Jean Rideau, fermier de la ferme du quart du sel audit pays, le
4 avril 1471 n.s., et le 2 mars 1472 n.s. ; une autre du
15 juillet 1475, dans laquelle Yvon Du Fou s’intitule chambellan
du roi, grand veneur de France et gouverneur d’Angoumois, par
laquelle il reconnaît avoir reçu de Noël Le Barge, trésorier des
guerres, 300 livres pour son état de capitaine de cent lances
fournies d’avril à juin 1475. (Ms. fr. 27692, nos 6 à
8.)
Yvon Du Fou avait épousé une riche héritière de
Poitiers, Anne, fille unique de Jean Mourraut, sr de la
Roche, des Touches de Lezay, etc., etc. (sur lequel cf. notre
t. IX, p. 328, et notre t. X, p. 305), et de Jeanne Larcher. Ce
mariage eut lieu peu de temps avant le mois de juin 1469 ; en
effet, dans la donation que lui fit le roi de l’étang de
Coursec, à propos de la terre et seigneurie d’Armentaresse
(aliàs la Ramentaresse), il est dit qu’elle lui était
advenue tout récemment ; or l’on sait pertinemment qu’elle lui
fut apportée en dot, avec beaucoup d’autres, par Anne Mourraut.
La situation de ce fief plut à Du Fou : il y fit, construire un
château et obtint de Louis XI, par lettres de mai 1470,
que le nom d’Armentaresse serait commué en celui du Fou, qu’il a
toujours conservé depuis. Dans une note relative à Jean
Mourraut, nous avons indiqué les hommages et aveux qu’Yvon fit,
au nom de sa femme, des terres et seigneuries relevant de la
Barre-Pouvreau. (Vol. précédent, p. 306, note.) Après son
mariage, il accrut encore ses possessions de Poitou par
l’acquisition des terres et seigneuries du Vigean et de la
Loubantière (paroisse de Buxerolles) ; cette dernière, relevant
de la Tour-Maubergeon, lui fut cédée par les héritiers de feu
Philippe Arnault, et il en rendit aveu le 25 janvier 1478 n.s.
(Arch. nat., P. 1145, fol. 151.) Dans le but d’arrondir la
première, il passa, le 19 juin 1487, devant le garde du sceau
aux contrats de la ville et châtellenie de l’Isle-Jourdain, un
contrat d’échange avec Jean de Langellée, écuyer, seigneur de la
Fa, son voisin, de plusieurs pièces de terre sises au « Pré
Chenevrault », aux Renardières, sur le chemin de la Fa au
village du Magnou, etc. Dans cet acte Yvon Du Fou s’intitule
chevalier, seigneur du Fou et du Vigean, chambellan du roi,
grand veneur de France et sénéchal de Poitou. (Bibl. nat., ms.
fr. 27692, Fou, n° 2.) Il avait fondé avec Anne Mourraut, le
7 mai 1475, une chapelle, des messes et anniversaires dans
l’église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers ; les titres et
qualités qu’il prend dans l’acte de fondation sont : chambellan
du roi, grand veneur, gouverneur d’Angoumois et capitaine de
Lusignan. (Coll. dom Fonteneau, t. XX, p. 658.) Sa première
femme étant morte un peu antérieurement au 20 septembre 1479,
date d’aveux qu’il rendit au nom de ses fils mineurs, il épousa
en secondes noces Catherine de Vivonne, fille de Germain,
seigneur de la Châtaigneraie, dont il n’eut point d’enfants.
Yvon Du Fou mourut le 2 août 1488 et fut inhumé dans la chapelle
de Sainte-Anne à Notre-Dame-la-Grande, où l’on voit encore une
partie de son tombeau orné de son blason, que l’on retrouve à la
voûte avec celui d’Anne Mourraut. Ses deux fils, Jacques et
François, encore mineurs, eurent pour tuteur Raoul Du Fou,
évêque d’Évreux, abbé de Valence, leur oncle (cf. Mémoire
pour les enfants d’Y. Du Fou, Bibl. nat., ms. fr. 20432,
fol. 5), qui reçut en leur nom et en cette qualité, le
1er mars 1489, à cause de leur seigneurie de
Lage-Saveneau, un aveu de Pierre Guenand pour diverses pièces de
terre. (Id., ms. fr. 27692, Fou, n° 26.) Catherine de
Vivonne se remaria, en 1489, à Amanieu, vicomte de
Comborn.