MDXLIII
Rémission octroyée à Jean du Pouet, dit Armagnac, familier de l’hôtel du Fouilloux, qui ayant voulu intervenir à la défense d’Antoine Decraut, que malmenaient plusieurs francs-archers et surtout leur dizenier, Jean Sion, avait porté à celui-ci un coup d’arbalète, dont il était mort huit jours après.
- B AN JJ. 204, n° 97, fol. 59 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 452-454
Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Jehan Du Pouet, dit Armignac, eagé de trente ans on environ, demourant en la parroisse de Saint Martin du Fouilloux en nostre conté de Poictou, contenant que, depuis demy an ença ou environ, ung jour dont il n’est recors, se meurent parolles entre ung [p. 453] nommé Anthoine Decraut et Jehan Sion, franc archier, à une demie lieue ou environ de l’ostel dudit seigneur de Fouilloux1, parce que ledit Sion mettoit sus audit Decraut qu’il maintenoit une jeune fille ; lesquelles parolles se continuèrent depuis entr’eux jusques devant l’ostel dudit seigneur de Foulloux, presens Jehan Gaultier, Jehan Descosse, Guillaume Dupont, Thibault Jaquet et autres, tous francs archiers, compaignons dudit Sion, qui estoit leur dizenier ; lequel et ses diz compaignons estoient embastonnez d’arbalestes et autres bastons. A l’occasion desquelles parolles, icellui Sion osta par force audit Decraut son espée et sa javeline, et se meut, à ceste cause, grant question et debat tant entre ledit Decraut et Sion que sesdiz compaignons, sur lequel seurvint ledit suppliant, qui saillit de la maison dudit seigneur de Foulloux, quant il oyt le bruyt et noise qu’ilz avoient entre eulx, lequel avoit deux lanniers sur son poing et s’approucha dudit Sion et sesdiz compaignons, qui traictèrent fort rudement ledit Decraut, en les blasmant et disant qu’ilz ne faisoient pas bien de traicter ainsi rudement ledit Decraut, et plusieurs autres parolles. En haine de laquelle remonstrance, icellui Sion commanda à sesdiz compaignons qui estoient à cheval et lui aussi qui missent pié à terre, pour bander leurs dictes arbalestes, afin de courir sus et tirer contre ledit suppliant. Lequel suppliant qui n’avoit point de baston, oiant lesdictes parolles et voiant qu’ilz vouloient descendre pour bander leursdictes arbalestes contre lui, [p. 454]posa sesdiz lanniers qu’il avoit sur son poing sur une perche, et incontinant s’aproucha dudit Sion et lui osta l’arbaleste qu’il tenoit et de l’un des boutz d’icelle frappa ung cop seulement ledit Sion sur la teste, et au regart de sesdiz compaignons, quant ilz virent que ladicte arbaleste eut ainsi este ostée audit Sion et que ledit suppliant et lui s’entretenoient très fort, ilz se prindrent à fouyr, chacun son arbaleste en sa main, comme il semble audit suppliant, et lors ledit Decraut eschappa d’eulx ; et quant ausdiz suppliant et Sion, ilz se deppartirent d’illec et s’en allèrent, c’est assavoir ledit suppliant en la maison dudit seigneur de Foulloux et ledit Sion autre part où bon lui sembla. Et huit jours [après] ledit cop ainsi a lui donné par ledit suppliant, icellui Sion par faulte de dilligence ou autrement a la de vie à trespas. A l’occasion duquel cas, ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté, etc. Au seneschal de Poictou et à tous, etc. Donné à Nancré en Gastinois, ou mois de septembre l’an de grace mil cccc. soixante quatorze, et de nostre règne le xiiiime.
Ainsi signé : Par le roi, monsr le conte de Beaujeu2, le sire de Saint Pierre et autres presens. De Cerisay. — Visa. Contentor. Rolant.