[p. 412]

MDXXXI

Lettres d’abolition octroyées à Péron de Basché, complice du feu duc de Calabre, fauteur de conspirations et machinations contre l’autorité royale en faveur de Charles duc de Bourgogne.

  • B AN JJ. 204, n° 1, fol. 1
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 412-414
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Peron de Basché1, contenant que, ou vivant du [p. 413] feu duc de Calabre2 et durant le temps qu’il se monstra rebelle et desobeissant envers nous et alié du duc de Bourgoingne et autres, pareillement noz rebelles et desobeissans subgectz, ledit suppliant s’est tenu avec ledit feu de Calabre, l’a servy en armes, aidé et favorisé de tout son povoir à l’encontre de nous, et a fait et conspiré ledit suppliant plusieurs autres traffiques et machinacions contre nostre personne et auctorité royal, en commettant par ce crime de leze magesté et autrement grandement mesprenant, offensant et delinquant envers nous et justice. A l’occasion desquelles choses ledit suppliant doubte que, ores ou pour le temps avenir, on lui vueille mettre et donner empeschement en ses corps et biens, se noz grace, pardon, misericorde et abolicion ne lui estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant iceulx. Pour quoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde prefferer à rigueur de justice, audit Peron de Basché, supliant, avons tout ce en quoy, pour raison et occasion des choses dessusdictes, il peut avoir mesprins, delinqué et offencé envers nous, nostre magesté royal et justice, quicté, remis, pardonné et aboly, quictons, remettons, pardonnons et abolissons, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, avec toute peine, offence et amande corporelle, criminelle et civille en quoy il peut à ceste cause estre encoru envers nous et justice. Et l’avons restitué et restituons à sa bonne fame et renommée, au païs et à ses biens consfisquez, et sur ce [p. 414] imposons scillence perpetuel à nostre procureur, present et avenir et à tous autres. Si donnons en mandement, par ces presentes, aux bailli de Touraine et seneschal de Poictou, ou à leurs lieuxtenans, et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chacun d’eulx, si comme à lui appartiendra, que de noz presens grace, quictance, remission et pardon et abolicion facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joir et user plainement et paisiblement, etc. Donné à Senlis, ou mois de fevrier l’an de grace mil cccc. soixante treize, et de nostre règne le treziesme.

Ainsi signé : Par le roy. Tilhart. — Visa. Contentor. J. Duban.


1 La nouvelle édit. du Dict. des familles du Poitou, t. I, p. 242, 315, aux mots « Baché ou Basché », et « Bascher », fournit quelques renseignements sur des membres d’une famille de ce nom, qui posséda le fief des Bâchers ou Baschers, paroisse d’Iteuil (auj. cne de Vivonne). La plus ancienne mention à laquelle il se réfère est un aveu du fief des Bâchers fait à Lusignan par Guillaume Bascher, fils d’Antoine, le 27 octobre 1498. Nous pouvons y ajouter qu’un autre Guillaume Bascher fit, le 21 août 1419, hommage au dauphin Charles, comte de Poitou, de son hébergement de Mougon, sis près du Port-de-Lavairé. (Arch. nat., P. 1144, fol. 27.)

2 Il s’agit bien certainement de Nicolas d’Anjou, duc de Calabre du 31 décembre 1470 au 24 juillet 1473, époque de sa mort. L’on a vu précédemment que son mariage avec Anne de France ayant été rompu, il se ligua avec Charles le Téméraire contre Louis XI, auquel il reprochait de n’avoir point soutenu ses prétentions à la couronne d’Aragon. (Ci-dessus, p. 247, note ; 250, note.) Son père Jean d’Anjou, aussi duc de Calabre, fils du roi René et d’Isabelle de Lorraine, l’un des hommes de guerre les plus réputés de son temps, avait d’ailleurs pris part avec le duc de Bourgogne contre le roi de France, à la guerre du Bien public.