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MCCCCLXVII

Lettres d’anoblissement en faveur de Guillaume et Jean Richelot, frères, poitevins.

  • B AN JJ. 196, n° 39, fol. 25
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 184-186
D'après a.

Ludovicus, Dei gracia Francorum rex. Probitatis merita [p. 185]nobiles actus gestusque laudabiles et virtutum insignia quibus persone decorantur, merito nos inducunt ut eis juxta eorum opera, Creatoris invitacione, nostre liberalitatis premia retribuamus et eos eorumque posteritatem favoribus congruis et nobilium honoribus, ut nomen rei consonet, attolamus, quatinus ipsi hujusmodi prerogativa letentur et alii, ipsorum exemplo, ad agenda que bona sunt fervencius aspirent et honores suffragantibus meritis adipiscendos allicientur. Notum igitur facimus universis, tam presentibus quam futuris quod, attentis vita laudabili, morum honestate fidelitateque et aliis quamplurimis virtutum generibus, que in dilectis nostris magistro Guillermo et Johanne les Richelotz1, fratribus, nonnullorum fidedignorum testimonio novimus suffragari, pro quibus ipsos gratos erga regiam magestatem nostram se reddiderunt et acceptos, nos ipsorum personas ad culmen honorum erigere volentes, adeo quod sibi ac proli posteritatique suis perpetuo cedere valeant ad decoris incrementum, eosdem magistrum Guillermum et Johannem les Richelotz, libere condicionis thorique legitimi ac ex honestis parentibus procreatos, eorumque posteritatem et prolem utriusque sexus, de legitimo matrimonio procreatam et procreandam, et eorum quemlibet, de speciali gracia, certa sciencia, plena potestate auctoritateque regia nostris, per presentes, nobilitavimus et nobilitamus nobilesque facimus, etc., tamen nobis hac vice duntaxat financia moderata, quam nobis propter hoc in presenti realiter tradiderunt et quam recepimus aut recipere fecimus, computata et [p. 186] numerata. Et a qua quidem financia sic per nos recepta, pro singulis rebus quibus nobis tenentur, ipsi magister Guillermus et Johannes les Richelotz pro hujusmodi nobilitacione ipsos quictos et immunes volumus esse ubique, absque difficultate quacunque, per presentes, manu nostra signatas. Quocirca dilectis et fidelibus gentibus compotorum nostrorum et thesaurariis, senescalo nostro Pictavie ceterisque justiciariis, etc. Datum Ambasie, mense julio anni Domini millesimi ccccmi lxixmi, et regni nostri nono.

Ainsi signé : Loys, et au reploy : Per regem, dominis de Concressault (écrit Condrussault2), de la Forest3, du Lude4, Yvone du Fou5 et aliis presentibus. Flameng. — Visa. Contentor. Duban.


1 Un Guillaume Richelot figure sur l’état des nobles du Bas-Poitou parmi les brigandiniers placés sous les ordres du sr de Laigle, lors de la convocation de l’arrière-ban, le 5 octobre 1467, c’est-à-dire près de deux ans avant la date du présent anoblissement ; et sur le rôle de l’arrière-ban convoqué, sur l’ordre du roi, par le sr de Beaumont-Bressuire, sénéchal de Poitou, le 26 novembre 1491 et jours suivants, parmi les gens d’armes « qui sont en garnison à Mortaigne, frontière de Bretagne », on lit les noms de Jean et François Richelot. (Roolles des bans et arrière-bans de la province de Poitou, p. 9 et 59.)

2 Guillaume de Ménipeny, sr de Concressault, chambellan de Charles VII, était, dès l’année 1439, attaché à la personne de Louis XI, dauphin, comme écuyer d’écurie, lors du voyage qu’il fit en Languedoc. Envoyé, l’an 1459, en ambassade en Écosse, son pays d’origine, il fut à son retour fait prisonnier par les Anglais. Louis XI l’envoya aussi auprès du comte de Warwick vers la fin de 1467, et le nomma sénéchal de Saintonge en remplacement de Patrice Foucart, par lettres datées de Selommes, le 10 octobre 1473. On le trouve aussi qualifié vicomte d’Auvillars : il vivait encore le 6 juillet 1481. (Bibl. nat., mss. pièces orig., vol. 1926, dossier Menypeny ; cf. Fr. Michel, Les Écossais en France, in-8°, 1862, t. I, p. 202-204.)

3 Louis de Beaumont, sr de Vallans et de la Forêt-sur-Sèvre, etc. (Voir ci-dessus, p. 54, note.)

4 Jean de Daillon, seigneur du Lude, fut aussi élevé auprès de Louis XI, lorsqu’il n’était encore que dauphin ; il se qualifie son écuyer dans un acte de 1444. Après l’avènement de ce prince à la couronne, il fit du sr du Lude un de ses chambellans et plus tard le créa bailli de Cotentin, titre qu’il prend dans une quittance du 23 avril 1474 ; dans une autre du 14 février 1476 n.s., il est qualifié capitaine de cent lances des ordonnances, gouverneur du Dauphiné ; il le fut ensuite de la ville d’Arras et du comté d’Artois en 1477. Il commanda en Roussillon l’armée qui prit Perpignan (1473), et en Picardie, celle qui ménagea la réduction d’Hesdin. Le roi lui fit de nombreux dons, entre autres des seigneuries de Leuse et de Condé en Hainaut, de la Ferté-Milon et de Nogent, de Gisy-lès-Sens, etc. ; il vivait encore à la fin de l’année 1481. (Le P. Anselme. Hist. généal., t. VIII, p. 189.)

5 Sur Yvon de Fou, voyez ci-dessus, p. 103, note.