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MDIX

Rémission en faveur de Mathurin Perret, de Fontenay-le-Comte, coupable du meurtre de Jean Mahé, dit de Lusignan, avec lequel il s’était pris de querelle et en était venu aux mains.

  • B AN JJ. 197, n° 243, fol. 234
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 326-328
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amis charnelz de Mathelin Perret, jeune homme de l’aage de vingt trois ans ou environ, natif de la ville de Fontenay le Conte, contenant que, le xviiie jour de septembre l’an mil cccc. soixante unze ou environ, et à l’eure de six heures au soir ou peu devant ou après, se adressa audit Mathelin ung nommé Jehan Mahé, dit de Lezignen, lequel, après aucunes parolles, dist audit Mathelin Perret qu’il avoit ung sien pijon ; lequel Perret respondit audit de Lezignan qu’il n’en estoit riens et qu’il n’avoit point ledit pijon, et lui dist qu’il allast veoir et visiter sa maison et qu’il la lui habandonnoit, et que s’il [le] trouvoit, qu’il le prensist. Lequel de Lezignan dist audit Perret qu’il avoit dit qu’il n’estoit que ung ruffien et qu’il n’y entreroit jà. Et ledit Perret lui respondit telz motz ou semblables : « Si tu l’es, si t’i tien ». Et à cest [p. 327] instant survint illec ung nommé Jehan Girault, cordouannier, qui dist audit de Lezignen qu’il se donnast garde dudit Perret et qu’il lui avoit veu ung cousteau en sa manche ; auquel ledit de Lezignen dist que ledit Perret n’avoit point de cousteau et qu’il ne demandoit que son pijon. Et voyant ledit Girault que ledit de Lezignen estoit fort esmeu, print icellui de Lezignen pour l’emmener d’illec, afin que plus grant inconvenient ne s’en peust ensuir entre lui et ledit Perret, ce qu’il ne peut faire. Ainçois ledit de Lezignen, tousjours esmeu de sa volenté, ne voult cesser pour ledit Girault. Et incontinant ou tantost après se tira près dudit Perret et lui donna ung coup de son poing sur la teste, tellement que dudit coup icellui Perret reculla en arrière jusques dedans sadicte maison. Et advint que, incontinant après ledit coup frappé par ledit de Lezignen sur ledit Perret, icellui Perret frappa ledit de Lezignan par le ventre d’un cousteau qu’il avoit ; au moyen duquel coup, ledit de Lezignan fist ung hault cry et dist que ledit Perret l’avoit tué. Et tantost après ledit de Lezignan alla de vie à trespassement. Pour laquelle cause, icellui Perret s’est absenté du païs et n’y oseroit jamais bonnement converser, reppairer ne retourner, se nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, ainsi qu’ilz nous ont fait dire et remonstrer, humblement requerant icelle. Pour quoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde prefferer à rigueur de justice, à icellui Mathelin Perret oudit cas avons remis, quicté et pardonné, etc. Si donnons en mandement, par cesdictes presentes, au seneschal de Poictou ou à son lieutenant, et à tous noz autres justiciers, etc., que de noz presens grace, remission, quictance, restablissement et pardon ilz facent, seuffrent et laissent ledit Mathelin Perret joir et user, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Fontenay le Conte, ou mois de novembre l’an de grace mil cccc. soixante douze, et de nostre règne le douzeiesme.

[p. 328] Ainsi signé : par le roy, l’evesque d’Aire1, le gouverneur de la Rochelle2, maistre Ambroys de Cambray et autres presens. Toustain. — Visa. Contentor. J. Duban.


1 Tristan d’Aure, d’abord référendaire du pape, puis évêque de Couserans, fut transféré au siège d’Aire vers l’an 1461. Du moins il est nommé en cette qualité au contrat de mariage de Gaston comte de Foix avec Madeleine de France, sœur de Louis XI, le 11 février 1462 n.s. Son nom ne se rencontre qu’assez rarement parmi les souscriptions de lettres patentes. Il paraît avoir occupé le siège d’Aire jusqu’en 1478 et mourut nonagénaire en 1509. (Gallia christ., t. I, col. 1163.)

2 Louis de Beaumont, seigneur de la Forêt-sur-Sèvre, fut nommé gouverneur et lieutenant pour le roi à la Rochelle, suivant Amos Barbot (Hist. de la Rochelle, Arch. hist. de Saintonge, t. XIV, p. 369) ; le P. Arcère donne la date du 13 juin. Quand Charles, frère de Louis XI, prit possession de son troisième apanage, qui comprenait, avec le duché de Guyenne, la Saintonge, l’Aunis et le gouvernement de la Rochelle, il remplaça le sr de la Forêt par Thierry de Lenoncourt, son chambellan, le 26 mai 1469. (Id. p. 383.) Ni Barbot ni Arcère ne disent si ce dernier fut maintenu dans ce poste par Louis XI, après la mort du duc de Guyenne (25 mai 1472). Ils mentionnent comme son successeur, mais sans indiquer la date de son entrée en fonctions, Philippe de Crévecœur, sr d’Esquerdes, qui fut en effet gouverneur de la Rochelle à la fin du règne de Louis XI ; toutefois, comme il demeura au service de Charles le Téméraire jusqu’à la mort de ce duc de Bourgogne, sa nomination par le roi ne peut être antérieure aux premiers mois de 1477. D’ailleurs le P. Anselme cite des actes de 1473 et de 1476 dont on peut inférer que Thierry de Lenoncourt était encore gouverneur de la Rochelle à ces dates, de sorte qu’il est on ne peut plus vraisemblable qu’il en exerça les fonctions, sans interruption, de 1469 à 1476 au moins. (Cf. ci-dessus la note relative à ce personnage, p. 313.)