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CLXXXVIII

Mandement et instructions au sénéchal de Poitou pour la levée de l'arrière-ban. Il lui est recommandé d'engager ceux même qui ont payé la subvention à faire le service militaire de bonne volonté.

  • B AN JJ. 35, n° 89, fol. 32 v° et JJ. 36, n° 86, fol. 33 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 5-7
D'après a.

Philippes, etc., au seneschal de Poitou, etc. Comme pour [p. 6] le fait de nostre guerre de Flandres et la neccessité apparant eussions ordené par sain conseil à lever certainne subvencion, selonc l'ordenance premiere et seconde faite seur ce, et en deportant et guardant de grief nos subgez au plus que nous povyons bonnement, et la dite guerre soit si efforciée et s'enforce et esmuet de plus en plus, au grant domage de nous et de chascun et du roiaume, que l'en ne doit ne ne puet plus tarder à contrester à tel efforz, et à ce soit chascun tenuz tant par nature et par droit de païs, comme par vertu de riere ban, lequel nous entendons orendroit avoir leu et auquel nul ne puet fouir ne soi escuser que il n'i doie obeir, et nous de ceste chose soions tant seulement chief, gouverneur et defenseur avec nos feaus et subgez, nous vous declarons et mandons que vous touz les nobles qui seront convenables et puissanz d'armes porter, qui n'aront poié la dite subvencion, faitez tantost mouvoir à aler hastivement en nostre host, selonc leur estat et leur povoir, et à ce les contraigniez, selonc nostre ordenance, destroitement, et vous ne souffrez du tout prendre finance ne poiement de eus de la dite subvencion, et les nobles qui ne sont convenables et puissanz d'armes porter et touz les non nobles aussi qui n'ont poié la dite subvencion, selonc l'estimacion de leur biens et la teneur de nos ordenances faites sur ce, et à ceus qui ont jà poié la dite subvencion, declarez et monstrez de par nous la grant neccessité apparant du secours de la dite guerre, comment il convient à force hastivement aler encontre, et comment chascun i est tenuz pour droit et pour reison de païs, jà soit ce que il n'i soit tenuz par la dite ordenance, et comment ceste necessité ne puet tenir loi et loiaus subgez que il ne conviengne deffendre et guarder soi et son païs et le roiaume de plus grant peril, qui apertence. Si les requerez et priez et amenez sans nulle contrainte, si diliganment comme vous pourrez, tant par ces reisons natureles comme pour l'amour de nous et de l'estat du roiaume, que il leur [p. 7] plaise de leur bonne volonté, pour eus appareillier à venir prestement au dit ost après nos chiers freres1 et nous, qui les suions, contre l'efforz de nos ennemis, si que il apperent estre vrai, feal et enterin, selon la renommée que il ont eu touz jours à l'amour du païs et du roiaume ; laquelle chose ceus ne monstreront pas qui en ce deffaudront à ceste foiz. Donné au Bois de Vincennes, l'an de grâce mil ccc. et trois, en mois de juingnet2.


1 Charles, comte de Valois, et Louis, qui fut depuis comte d'Evreux (1307).
2 Ce mandement fut adressé également au sénéchal de Saintonge et aux baillis d'Orléans, de Tours, de Bourges, d'Auvergne et de Mâcon.