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CCCXIX

Acensement fait à Jehan Rousseau d'un terrain du domaine royal de Saint-Maixent.

  • B AN JJ. 76, n° 269, fol. 160 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 319-322
D'après a.

Philippe, etc. Savoir faisons à touz, presenz et avenir, nous avoir veu unes lettres saines et entières, contenans la forme qui s'ensit :

A touz ceulx qui ces presentes lettres verront et orront, Guillaume de la Barrière1, chevalier et conseiller du roy nostre seigneur, maistre des requestes de son hostel et son seneschal en Poitou et en Lymosin, pour monseigneur le conte de Poitiers, et Pierre Guenis, receveur ès diz lieux de [p. 320] Poitou et de Lymosin pour les diz seigneurs, salut. Comme en la ville de Saint-Maixent fust en demoine et soit encores de noz diz seigneurs une place, ou fondeiz, contenant en soy quatre bracées et demie ou environ de large et sept bracées et demie ou environ de lonc ; la quelle place ou fondeiz est assise darriere la maison des hoirs feu Hugues Massuyat et darriere la maison des hoirs feu Guillaume Moreau, et detrais la maison de Jehan Rousseau2, de Saint-Maixent, et se tient la dite place d'un des chiefs à la maison maistre Aymeri Casse, en la quelle demeure Robin le Baster ; à la quelle place ou fondeiz nos diz seigneurs n'avoient eu pieça aucun profit, pour ce qu'elle estoit et avoit esté lonc temps là vacant. Et nous, pour le proffit evidant de nous diz seigneurs, eu conseil et deliberacion pleniere sur ce o le procureur et o l'autre conseil de nous diz seigneurs en la dite seneschaucie, et o pluseurs autres saiges, eussiens volu bailler à cense ou rente perpetuelle la dite place ou fondeiz, et Jehan Rousseau, de Saint-Maixant, dessus nommez soit venuz à nous, et nous ait offri et offret encores à donner, poier et rendre chascun an, à deux termes, vint soulz monnoie courant de rente perpetuelle et un denier de cens, c'est assavoir diz soulz et le dit denier de cens en chascune feste de Noel, et les autres diz soulz en chascune feste de Nativité Saint-Jehan Baptiste, à poier à nous diz seigneurs ; et ce nous ayons fait crier publiquement par la criée publique du dit lieu par pluseurs foiz ès marchez du dit lieu, et aucune personne ne soit venue avant qui y ait volu tant donner comme le dit Jehan [p. 321] Rousseau ; saichent tuit que nous, appellé sur ce le dit procureur, et de son conseil et assentement, et du conseil de pluseurs autres conseillers et officiers de noz diz seigneurs, en nom d'eulx et pour leur proffit, avons baillé et baillons et delivrons par la teneur de ces lettres au dit Jehan Rousseau la dite place ou fondeiz, à tenir, user et exploiter à touz jourz mais perpetuelment par lui et par ses hoirs et successeurs, comme son propre demaine, en paiant et rendant la dite rente et le dit denier de cens du dit Jehan Rousseau et des siens, chascun an, si comme dessus est dit et declaré. Et en tesmoing de ce, nous li avons donné et octroyé cestes lettres, seellées du seel de la dite seneschaucies et du seel de nous le dit receveur, avec le seel du procureur dessus dit. Donné à Saint-Maixent, durant les assises du dit lieu le samedi emprès la saint Vincent, l'an de grace mil ccc. quarante et cinq 3. Et ne porra le dit Jehan les dites choses bailler à autres personnes, ne absencer, sanz licence et volenté de la court. Donné comme dessus.

Nous adecertes les dites lettres ci dessus transcriptes et toutes les choses contenues en ycelles, en tant comme elles sont bien et justement faictes, aianz fermes et aggreables, ycelles voulons, loons, ratiffions, approvons et de nostre auctorité royal et grace especial, par la teneur de ces presentes lettres, perpetuelment confermons. Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Et pour ce que ce soit ferme chose et estable à touz jourz, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes lettres. Donné à Maysi, l'an de grace mil ccc. quarante et six, ou mois de juillet.

Par le roy, à la relacion de mess. Haymar de Hauteville et Philippe de Troysmons. J. Marche.

Sine financia. Clarinus.

[p. 322] De dictis xx. solidis Turonensium redditus et dicto de-nario census fit mencio in domaniis Pictavensibus. H. de Rocha.


1 Guillaume de la Barrière figure sur les listes de conseillers au Parlement de 1342, et il en exerçait encore la charge au mois de juin 1343 (X2a 4, fol. 203 v°). Il est difficile de savoir s'il succéda immédiatement à Payen de Maillé, comme sénéchal de Poitou (voy. plus haut le n° CCLXXXIX), ou s'il y eut entre eux un intermédiaire, et à quelle époque exactement il fut remplace dans cet office. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il eut pour successeur, au plus tard à la fin de 1347, Guy de Mortemer, qui s'intitule sénéchal de Poitou dans un acte de février 1348 [n. s.] (n° CCCXLVI de ce volume). Un procès que Guillaume de la Barrière, qui prend alors les titres de chevalier et conseiller du roi, eut à soutenir contre Jean de Marconnay, évêque de Maillezais, procès qui fut jugé au Parlement, le 13 juillet 1350 (X1a 12, fol. 395), se rapporte sans doute au temps où il exerçait, encore les fonctions dé senéchal en Poitou. Par obligation scellée de son sceau, il avait reconnu avoir reçu de l'évêque trois cents florins d'or à l'écu. Jean de Marconnay lui en réclamait le remboursement. Mais Guillaume affirmait avoir reçu cette somme pour le roi, comme son mandataire et pour l'employer à son service, et repoussait la prétention de son adversaire. La cour décida que Guillaume devrait s'arranger pour procurer à l'évêque la restitution des trois cents florins avant la fête de Pâques 1351, et que, autrement et passé ce délai, il serait contraint de payer lui-même, sous menace de saisie et de vente de ses biens.
2 Ce nom étant assez répandu, on ne saurait identifier sûrement le personnage mentionné ici avec un Jean Rousseau, poitevin, qui avait épousé Catherine de la Forêt. Celle-ci, veuve en 1351, était en procès relativement à son douaire avec son beau-frère, Guillaume Rousseau. Le Parlement autorisa les parties à s'arranger à l'amiable par arrêt du 8 mars 1352 (x1 a 13, fol. 215 v°, 218). Un Jean Rousseau paraît de 1343 à 1356, comme notaire, en la cour de l'archiprêtre de Saint-Maixent ; un Guillaume Rousseau était garde du scel pour le roi dans la même ville de 1332 à 1336.
3 Le 28 janvier 1346 (n. s.).