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CCCXII

Lettres d'amortissement d'une rente de vingt setiers de froment destinée par Augier de Mercier, archiprêtre de Montmorillon, à la fondation d'une chapelle, et confirmation d'une transaction conclue entre celui-ci et les commissaires du roi.

  • B AN JJ. 68, n° 136, fol. 426, [corr. 126] v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 300-303
D'après a.

Jehan, ainsné filz et lieu tenant du roy de France, duc [p. 301] de Normandie et de Guienne, conte de Poitiers, d'Anjou et du Maine. Savoir faisons à touz, presens et avenir, que, comme Augier de Mercier, arceprestre de Montmorillon, en la diocese de Poitiers, pour entencion de douer une chapellenie, pour le salut de son ame, eust acheté, à certain temps de rachat, xx. sextiers de fromant de annuelle et perpetuele rente, à la mesure de Saint-Savin, c'est assavoir de Bertran de la Coudre, Guillaume Boutet, autrement dit de l'Espine, et de Bertholomer de Boiscourcier, et de autres personnes, pour l'amortissement des quiex vint sextiers, durant le temps du rachat dessus dit, il fina avec noz amez maistres Bartaut Gaudium, conseiller de nostre dit seigneur et pere et de nous, et Jehan Gilles, chanoine de Tours, clerc de nostre dit seigneur, en la somme de trente livres monnoie courant, l'an mil ccc. xliiij, si comme il nous est apparu par les lettres des dessus diz Bertaut et Jehan, commissaires de par nostre dit seigneur sur les finances des nouveaux acquez faiz ès seneschaucies de Poitou et de Limosin, et ès ressors d'icelles, contenans la fourme qui s'ensuit :

A touz ceuls qui verront ces presentes lettres, Bartaut Gaudium, conseiller du roy nostre sire, et Jehan Gilles, chanoine de Tours, clerc du roy, commissaires du dit seigneur aus choses ci dedenz escrites, salut. Nous avons receu les lettres du roy nostre sire, contenans la fourme qui s'ensuit :

Philippes, par la grace de Dieu, rois de France, à nostre amé et feal conseiller, Bertaut Gaudium, et maistre Jehan Gilles, chanoine de l'eglise de Tours, salut et dilection... ...Donné à Paris, le xviije jour de may, l'an de grace mil ccc. xliiij souz nostre seel nouvel1.

Par la vertu des quelles lettres, sachez que, comme nous eussiens approchié et fait venir par devant nous honorable [p. 302] et discret maistre Augier de Mercier, arceprestre de Montmorillon, en la diocese de Poitiers, pour raison de pluseurs acquez qu'il avoit faiz en fiez nobles et de personnes nobles en la dite seneschaucie, proposa en sa deffense le dit arceprestre que, jasoit ce que il eust fait aucuns acquez en fief ou rerefief noble de la dite seneschaucie, que il estoit personne noble, descendent de droite lignie noble et de chevaliers, tant de pere comme de mere, offrant nous enfourmer sur ce deuement, et pour ce n'estoit pas tenuz à faire finance des dites choses, mais que bien verité estoit qu'il avoit eu propos et ordonné jà pieça, et encores avoit de donner et deputer au fondement et doutacion d'une chapellenie de anniversaire, ou autre bon usage d'eglise, en honeur de Dieu et pour le remede de l'ame de lui et de ses parens, vint sextiers de froment de rente, à la mesure de Saint-Savin, acquis, entre autres choses, de Guillaume Boutet, autrement de l'Espine, de Bertran de la Coudre et de Bertholomer de Boiscourcier, et d'autres personnes nobles. Les quelles choses ainsi proposées devant nous, nous receumes l'informacion de sa dite noblece, par la quelle informacion il nous apparut bien et souffisanment qu'il estoit personne noble de lignie de chevaliers, comme dit est, et partant le licenciames sur ce. Et en oultre, voulanz garder son louable propos, le preimes et receumes à finance des diz vint sextiers de froment à estre convertiz ès diz usages d'eglise, ou à l'un de euls, à la some de xxx. livres, monnoie courant, pour le fruit de six années, estimé le sextier v. solz de rente par an. La quelle somme d'argent nous Jehan dessus dit confessons avoir eue et receue du dit arceprestre pour la dite finance. Sauf le droit du roy et l'ordenance de noz seigneurs des Comptes. Donné souz noz seauls, le xvije jour de septembre l'an mil ccc.xliiij.

Et ainsi soit que les dessus diz vins sextiers de froment de rente, depuis la finance dessus dite aient esté en aucune partie rachetez par les dessus diz Bertran de la Coudre et [p. 303] Bertholomer de Boiscourcier, pour quoy la chapellenie dessus dite demeure à estre douée et le service divin estre fait en ycelle, nous qui desirons le divin service estre accreu, et pour ce que nostre dit seigneur et pere et nous soions participans aus messes et aus bienfaiz qui en icele seront faiz dores en avant, avons octroié et octroions, par la teneur de ces presentes, de grace especial, certaine science, povoir et auctorité royal, à nous donnée, que autant comme l'en a retrait des diz vint sextiers de froment, à la mesure du dit lieu de Saint-Savin, en lieu de ce qui retrait a esté des dessus diz vint sextiers de froment de rente, pour les quiex il paia la finance dessus dite, il puisse acquerre pour la cause dessus dite ; et ycele rente le chapelain d'icele chapellenie qui pour le temps sera puisse tenir dores en avant, comme amortie, sans ce que à la mettre hors de sa maison, ou pour ycele paier finance, pour le temps passé, present ou avenir, à nostre dessus dit seigneur nous ou noz successeurs, il puisse estre contraint en aucune maniere. Et que ce soit ferme et estable à touz jours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes lettres. Sauf en autres choses le droit de nostre dit seigneur et pere et de nous, et l'autrui en toutes. Donné à Chauvigny en Poitou, ou mois de septembre l'an de grace mil ccc.xl. et cinq.

Par monseigneur le duc, à vostre relacion. J. le Clerc.


1 Ces lettres ont été publiées plus haut, sous le n° CCCIV.