CCCXLI
Lettres de rémission octroyées à Regnault Poulailler, de Poitiers, coupable de meurtre sur la personne d'Armand de Brabant, partisan anglais de la garnison de Lusignan.
- B AN JJ. 77, n° 197, fol. 109 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 394-397
Philippes, etc. Savoir faisons à touz, presens et avenir, que comme après et contre certaine ordenance, ceste presente année pour certaine cause faite en la ville de Poitiers, que nuls de noz ennemis, qui, ou pluseurs d'eulx, soubz couleur des treves lors estans de la guerre de nous et de noz ennemiz, enterront en la dicte ville, en ycelle ne demourast ou arrestat que par un jour et une nuit tant seulement, et Armant de Breban estant de la partie de noz diz ennemis contre nous, en et de l'establie de Lesignent1, venant [p. 395] d'icelle establie, se fust embatu en la dicte ville et en ycelle eust demouré oultre d'un jour et nuit, et plus que, par la dite ordenance ne li leisoit, et ainsi une nuitiée ycellui [p. 396] Armant et Regnaut Poulailler de la dite ville, estans en la maison de Robert Poulain et de Perronelle Polaillere, sa fame, mere du dit Regnaut, après aucunes paroles hayneuses et injurieuses, que les dis Armant et Regnaut eurent ensemble l'un contre l'autre, ycellui Regnaut qui par avent pluseurs de ses amis et nientmoins la plus grant partie de ses biens avoit perduz en la dite ville par le fait de noz diz ennemis, esmeuz pour les choses dessus dites contre le dit Armant, ycellui eust feru et navré, de la quelle navreure mort s'ensui encontinent en la personne du dit Armant, et pour ce le dit Regnaut, espoventé de la dite mort, eust le corps d'icellui mort couvert de feurre et de foin, et s'en fust ales et absentez de la dite ville et du païs, ou quel n'ose retourner pour doubte de prison. Si nous ont humblement supplié les amis charnelz du dit Regnaut que de et sur le dit cas voussissiens faire au dit Regnaut grace especial et li pardonner le dit fait. Nous adecertes, ayans regart ez forfaiz commis par noz diz ennemis en exillant la dite ville et mettant à mort pluseurs personnes d'icelle et aus autres choses dessus dites, pour contemplacion des diz supplians, de nostre grace especial, certaine science et auctorité royal, se il est ainsi, avons quicté, remis et perdonné, quictons, remettons et pardonnons, par ces presentes, au dit Regnaut toute paine corporelle et criminelle qu'il pourroit avoir encouru ou commise envers nous, pour cause de la dite mort et autres choses dessus dites, sauf toutevoiez le droit de partie, se civilment le vouloit poursuir, et ycelly Regnaut remettons à son païz et bonne renommée, par ces presentes. Si donnons en mandement au seneschal de Poitou et à touz noz autres justiciers, ou à leurs lieux tenans, que de nostre presente grace laissent et facent joir et user à plain le dit Regnaut, et contre la teneur d'icelle ne le molestent ou sueffrent estre molestez en aucune maniere, maiz se aucune chose avoit esté faite au contraire, ycelle revoquent et mettent au neant, non obstant quelconques [p. 397] lettres subrepticement empetrées ou a empetrer au contraire. Et que ce soit ferme et estable à touz jours maiz, nous avons fait mettre nostre grant seel à ces presentes. Ce fu fait à Livri en Lannoy, ou moys de mars l'an de grace mil troiz cenz quarante et sept.
Autrefois signée ensi : Par le roy en ses requestes. Heliaz.
Rescripte du commandement du secret conseil, ou quel l'autre avoit esté pardue.
Sine financia, per consilium secretum, quo erant domini Laudunensis, Sancti Dyonisii et Majoris Monasterii, xxiija septembris xlviijo. J. Matheus.