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Lettres de Philippe le Long au sénéchal de Poitou. Il lui annonce qu'il a révoqué tous les commissaires envoyés dans sa sénéchaussée pour la levée des deniers, sauf les commissaires sur le fait des dîmes, des annates et des changeurs, et lui ordonne de leur faire connaître leur rappel et de leur signifier défense de continuer à vaquer à leur Commission.

  • B AN JJ. 55, n° 97, fol. 46 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 47-49
D'après a.

Philippes, par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre. Au seneschal de Poitou ou à son lieutenant, salut. Comme pluseurs commissaires aient esté ça en arrières, tant du temps de noz chierz seigneurs pere et frere comme du nostre, envoiés en ta seneschaucie pour esploitier, cuillir et lever deniers pour nous, des quelz commissaires li pluseur n'ont encore rendu compte des esplois que il ont fais, ne nul pourfit ou moult petit en soit venu par deça, combien que leur dis explois doient estre moult grans, et combien aussi que l'en leur ait pluseurs fois mandé que il [p. 48] en venissent compter en la Chambre de nos Comptes de Paris, il en ont esté desobéissans et en deffaut jusques à ores, en grant domages de nous et grief de noz subgiez, qui forment se sont pluseurs fois doulus à nous et encores se doulent des grans domages que il ont recheus par les dis commissaires, qui encontre raison les ont outrageusement grevez, si comme il dient ; nous qui sur ce volons pourveoir aus domages de nous et de nous subgiez, et qui volons bien savoir tous les esplois fais jusques au jour de hui par iceus commissaires, eue sus ces choses diligent deliberacion avec nostre grant conseil, tous iceus commissaires, quels que il soient, exceptez tant seulement ceux qui sunt deputez sus le fait des disiemes et des annez, et sus le fait des changeours, en ta seneschaucie, avons rappellé et rappellons du tout dès orendroit, et ne volons que il s'entremettent plus de ce qui commis leur estoit sus les dites choses. Et commandons que de maintenant il en cessent du tout. Si te mandons et commandons que as diz commissaires tu faces tantost asavoir nostre present rappel ; et leur defens de par nous que il ne s'entremettent plus dès ore en avant des dites choses à eus commises, si comme dessus est dit. Et se il voloient faire le contraire, deffens à tous que nus ne leur obeisse. Et leur assigne certaine journée et convegnable, à la quele il doient estre sans nul deffaut par devant nous amez et feaus les gens de nos Comptes de Paris, pour rendre compte de tous leur explois et pour paier à nos tresoriers de Paris tout ce en quoi il nous porront estre tenus par le restat de leur compte. Et rescris tantost par tes lettres à nos dictes gens des Comptes de Paris les noms des dis commissaires et de quoi il seront entremis, et par combien de temps, et la journée que tu lor auras assignée pour venir compter et rendre raison, et toutes autres choses qui toucheront et porront touchier le fait des diz commissaires. Et ce fais si diligemment, sans nul deport, que tu ne puisses estre repris de deffaut ou de [p. 49] negligence ; car nous en aurions recours à ta personne et à tes biens. Donné à Paris, le viije jour d'aoust l'an de grasce mil trois cens et dis huit1.


1 Les mêmes lettres furent adressées au prévôt de Paris, aux sénéchaux de Toulouse, de Carcassonne, de Beaucaire, de Rouergue, de Lyon, de Périgord et de Saintonge, et aux baillis d'Auvergne, de Bourges, de Tours, d'Orléans, de Sens, de Senlis, d'Amiens, de Vermandois, de Meaux, de Troyes, de Chaumont, de Vitry, de Lille, de Caux, de Rouen, de Caen, de Coutances et de Gisors.