[p. 133]

CCLII

Prorogation de délai accordé au comte d'Eu pour le retrait de la terre de Civray qu'il avait autrefois vendue au cardinal de Mortemart.

  • B AN JJ. 269, n° 207, fol. 95
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 133-135
D'après a.

Philippes, etc. A touz ceulz qui ces lettres verront, salut. Comme pour nous et noz besoingnes, et l'estat de nostre royaume, nous envoions hastivement nostre amé cousin et feal, le comte de Eu et de Guynes, connestable de France, ès parties de Gascoingne1, pour lequel il esconvient senz [p. 134] delay necessairement pourveoir de pluseurs choses, si comme nous savons, et nostre dit cousin, pour le rachat de sa terre de Suyvray, soit tenuz aus executeurs de feu mais tre Pierre de Mortemer2, jadiz cardinal, en la somme de iiij. m. livres tournois à paier, à ceste prochaine Ascension3, et de la quelle somme paier il n'a plus lonc jour de rachat ou de retrait, si comme nous entendons, et pour le dit voyage ainssi hastif il ne puisse ordonner à plain de ses besoingnes. Savoir faisons que, de nostre auctorité ou office, et pour cause nous continuons par ces lettres et aloingnons [p. 135] le dit paiement jusques au jour de Noel prochain venant, senz ce que par scripcion de temps, pour cause de non paiement ou autrement, puist encourre ou porter prejudice en aucune maniere contre nostre dit cousin, jusques après le jour du dit Noel, non obstant coustume contraire, quelconques obligacions, lettres, accors ou convenances, en quoy nostre dit cousin soit tenuz ou obligez, ne autre pour li, pour la cause dessus dite, les levées toutevoies ou yssues de la dite terre demourans en la main des diz executeurs jusques alors que le dit paiement sera fait. Donné au Boys de Vincennes, le xxij. jour de may, l'an mil ccc. xxxvii.


1 Le comte d'Eu partait en Gascogne avec les pouvoirs de lieutenant du roi, accompagné d'une nombreuse suite de chevaliers, parmi lesquels se trouvaient le sire de Beaujeu, Pierre de Bailleul, Gaucher de Noyers, Robert de Houdetot, Philippe de Pons, Mathieu et Jean de Cayeu, Jean de Maisy, Alain de Montendre, Geoffroy de Charny, etc. Outre ces listes de noms on trouve, dans le même registre, des renseignements intéressants sur les dépenses de ce voyage (JJ. 269, fol. 90, 91).
2 Voy. les notes 1 et 2 de la p. 383 du tome Ier.
3 L'Ascension tomba cette année le 29 mai. Ce premier délai, depuis la mort du cardinal de Mortemart, arrivée le 14 avril 1335, avait été accordé au connétable à la suite d'une délibération du conseil, qui a été conservée dans le reg. JJ. 269, fol. 94 v°. La rareté des pièces de ce genre, l'intérêt spécial que présente celle-ci et son peu d'étendue nous engagent à la publier ici :
Si domino constainbulario aliqua dilacio concedatur, videtur quod consensus dominorum cardinalis executorum sit primitus adhibendus.
Item, quod fiat sub modis et condicionibus infrascriptis : videlicet quod prospiciatur ut per concessionem dilacioins hujusmodi non recedant à contentis in quibusdam litteris regiis, super quodam accordo inter predictum dominum connestabularium et executores testamenti domini condam cardinalis Autissiodorensis confectis, et sigillo regio in cera viridi sigillatis, nec renuncietur eisdem ; immo dictus dominus connestabularius expresse concenciat quod dicte littere remaneant in sua firmitate, hoc salvo quod in termino dilacionis sibi concedende possit redditus venditos rehabere pro eodem precio, quo posset in termino dilacionis concesse in litteris memoratis.
Item, quod offìciales et receptores hujusmodi reddituum per dominum regem, de consensu predictarum parcium, deputati respondeant prefatis executoribus de predictis redditibus. pendente dilacione hujusmodi, sicut antea respondebant, et quod dictus dominus connestabularius, esto quod deponeret partem precii supradicti, nichil de predictis redditibus possit petere vel habere.
Item, quod si, pendente dilacione hujusmodi, monetam mutari con-tingeret, prefatus dominus connestabularius predictum precium in forti moneta, que tempore confectionis dictarum litterarum currebat, solvere teneatur, prout eciam virtute dictarum litterarum solvere tenebatur.
Item, quod dictus dominus connestabularius seu ejus procurator, ad hoc potestatem habens, premissa concordet coram dominis Parla¬menti, vel coram domino cancellario, et quod super hoc fiant littere regie, vim arresti habentes, et sigillentur in cera viridi, ad expensam domini connestabularii memorati.
Premissis autem completis, concederetur dilacio usque ad festum Ascensionis Domini proximo venturum.