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DCCLII

Rémission accordée à Guillaume Giraud, de Charzais, coupable, étant en état d'ivresse, d'avoir fait violence à une femme de mœurs légères et de lui avoir volé sa bourse, à condition qu'il fera un mois de prison au pain et à l'eau.

  • B AN JJ. 140, n° 70, p. 86
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 41-42
D'après a.

Charles, etc., savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l'umble supplicacion des amis charnelz de Guillaume Giraud, joeune homme, povre laboureur, chargié de femme, enfans et mesnage, demourans à Chersay en Poitou, contenant que, un an a ou environ, le dit Guillaume Giraud, Jehan Esmonnet et Symon Burgueau, en un jour après ce qu'ilz eurent esté en la taverne et beu excessivement, eulz comme gouvernez du vin, cuidans que Jehan le Seneschal, prestre, feust en l'ostel Guillemete Michoite demourant au dit Chersay, la quelle est femme dissolue, alerent sur le tart en la maison d'icelle Michoite, et en icelle entra le dit Esmonnet par l'uys derriere et le rompi, et puis ouvry l'uis devant aus diz Giraud et Burgueau, et quant ilz furent dedens, pour ce que elle parla rigoreusement à eulz, [et] ne porent trouver le dit prestre, ilz se prindrent à elle, rompirent et decirerent sa robe, la bâtirent et donnèrent pluseurs coups, et bouterent hors de son dit hostel, et la congneut charnelment le dit Giraud, et lui coupa sa bourse en laquelle avoit la somme de XXVII solz VI deniers tournois, cuidant que ce feust l'argent du dit prestre ; et le dit Esmonnet prinst en l'ostel d'icelle Michoite [p. 42] II cuvrechiefs et un jambon de porc ; et ce fait, s'en alerent derechief boire et mengerent le dit jambon, et fu le dit argent départi entre eulx trois. Du quel fait la dite Michoite s'ala plaindre à justice, qui fist de ce faire informacion, et furent les aucuns d'eulx emprisonnez; maiz icellui Giraud, pour doubte de justice, se absenta et a esté et est appellé à ban. Pour les quelles choses il n'ose retourner au païs, combien que la dicte Michoite soit sattifaite et ayent sur ce bonne quictance d'elle et des siens, et est en aventure le dit Guillaume d'estre banny du païs, et sa femme et enfans estre mendians, se sur ce ne lui est par nous impartie nostre grace et misericorde, si comme ilz dient, requerans humblement que, attendu que les faiz et cas dessus diz ont esté faiz en chaleur et par vin en une femme dissolue et mal renommée et de deshonneste conversacion, que aussi ledit Guillaume Giraud a esté tout son temps bon laboureur, homme de bonne vie et renommée, qui oncques ne fu attaint ne convaincu d'autre vilain blasme, afin que lui, sa povre femme, enfans et mesnage ne chient en mendicité, nous lui veuillons sur ce impartir nostre grace et misericorde. Pour ce est il que nous, etc., audit Guillaume Giraud, etc., avons remis, quicté et pardonné, etc., sattisfacion faicte à partie premièrement, se faicte n'est, et parmy ce que le dit Giraud tendra un mois prison au pain et à l'eaue. Si donnons en mandement au bailli des Exempcions de Touraine, de Poitou, d'Anjou et du Maine, et à touz noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans, etc. Donné à Paris l'an de grace mil CCC IIIIXX et dix, ou mois de fevrier, et de nostre regne le XIe.

Par le roy, à la relacion du conseil. Tumery.