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DCCLXXII

Rémission accordée à Maurice Buor, qui, mécontent d'avoir été ajourné devant le gouverneur de la Rochelle, à la requête de Jean Barrault, avait légèrement maltraité celui-ci et avait levé la main sur lui, au mépris de la sauvegarde royale.

  • B AN JJ. 143, n° 196, fol. 104
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 87-88
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à touz, presens et avenir, nous avoir oy la supplicacion de Morice Buort1, contenant que, comme Jehan Barrault, par vertu d'une sauvegarde ou autrement, eust fait adjourner le dit suppliant par devant nostre gouverneur de la Rochelle ou son lieutenant, pour lui donner asseurement selon la coustume du pays, et aussi lui eust fait signifier la dicte sauvegarde, et en faisant ces choses et present certain nostre sergent, paroles se feussent meues entre le dit suppliant et le dit Barrault, et telement que le dit suppliant, meu de chaude cole, descendi à terre d'un planchier d'un hostel où il estoit, et quant il fu descendu, il dist au dit Barrault : « Pour quoy m'as tu fait adjourner ? », et en ce [p. 88] disant le bouta et mist la main à lui et haussa le poing pour le ferir, et l'eust feru, se ne feussent les assistans. Pour occasion des queles choses, nostre procureur s'efforce de le mettre en procès en concluant contre lui à toutes fins, et se doubte pour le dit fait d'estre griefment pugny, se par nous ne lui est sur ce impartie nostre grace et misericorde, en nous suppliant d'icelle. Nous, eu consideracion aux choses dessus dictes, et que du dit fait n'a mort ne mehaing, mutilacion, sanc ne plaie, et que en autres choses le dit suppliant a esté de bonne vie, renommée et honneste conversacion, sanz avoir esté actaint d'aucun villain blasme, si comme il dit, à ycellui suppliant ou cas dessus dit avons quictié, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement par ces presentes au gouverneur de la Rochelle et à touz noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou moys de septembre l'an de grace mil CCC IIIIXX et XII, et le XIIIe de nostre regne.

Par le roy, à la relacion du conseil. N. de Voisines.


1 Maurice Buor reparaîtra plus loin dans un acte de juillet 1398, avec son frère Olivier, comme complice de l'enlèvement de Catherine Royrand par Jean Buor. Nous donnerons en cet endroit quelques éclaircissements sur plusieurs membres de cette famille, dont il n'existe qu'une généalogie très imparfaite.