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DCCXCVIII

Rémission accordée à « maistre Geffroy de Pérusse1 licencié en [p. 181] , droit canon et bachelier en loys,... gentilhomme et de noble lignée, de nostre païs de Guienne, jeunes homs de l'aage de XXV ou XXVI ans environ », à cinq autres clercs non mariés, ses compagnons, et à Jeannin Dupuy, son valet. Pendant un séjour à l'Université d'Orléans où ils apprenaient le droit civil, ils avaient eu à plusieurs reprises des disputes et des rixes avec d'autres étudiants de diverses nationalités, et dans l'une d'elles, Geoffroy de Pérusse fut « batu et blecié très cruelment ». Pour se venger, un soir de septembre 1393, ayant réuni plusieurs de ses compagnons, ils coururent sus à leurs adversaires et les battirent si bien que l'un d'eux, Raoulet Ulcot, étudiant anglais, resta mort sur la place. Après quoi, les coupables se mirent en franchise dans l'église Sainte-Croix d'Orléans; après y être demeurés longtemps, ils s'étaient échappés une nuit de la ville, en descendant du haut des murs dans les fossés, à l'aide de cordes. « Donné à Paris ou mois de septembre l'an de grace mil CCC IIIIXX et XIIII ».

  • B AN JJ. 146, n° 280, fol. 147
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 180-181
D'après a.


1 Il s'agit presque sûrement de Geoffroy de Pérusse, qui était conseiller clerc au Parlement de Paris dans les dernières années du XIVe siècle. Il était, suivant les généalogistes, sixième fils d'Arnoult de Pérusse, sire des Cars, baron de Ségur, vicomte de la Vauguyon, seigneur de Saint-Bonnet, qui fut sénéchal de Limousin, et de Souveraine de Pompadour. (Beauchet-Filleau, Dict. des familles de l'ancien Poitou, t. II, p. 504-505.) Parmi les personnages qui étaient au Conseil où ces lettres de rémission furent octroyées, figure le « patriarche d'Alexandrie », autrement dit Simon de Cramaut. Le Parlement, ne tenant aucun compte de ces lettres, poursuivit le procès contre Geoffroy de Pérusse, le condamna au bannissement, à 1000 livres tournois de dommages-intérêts envers Jean Ulcot, père de la victime, à fonder une chapelle en la ville d'Orléans dotée par lui de 30 livres de rente annuelle et garnie des objets nécessaires au culte. Geoffroy eut cependant le crédit de se faire délivrer de nouvelles lettres de rémission, datées de Paris, le 16 juillet 1395. Simon de Cramaut était présent encore au Conseil, quand elles lui furent expédiées. (JJ. 149, n° 131, fol. 80.) Les complices de Geoffroy de Pérusse, Thévenin de Montigny, clerc non marié, maître Régnier de Bouligny, Philippe May, etc., avaient aussi obtenu leur rémission pour ce meurtre, et le Parlement n'ayant point cessé, malgré cela, d'instruire leur procès, ils se firent délivrer aussi une confirmation des lettres de Charles VI, sous la même date du 16 juillet 1395 (JJ. 154, n° 529, fol. 302), si bien que l'on possède au moins trois relations de cet événement. Elles contiennent quelques variantes peu importantes.