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DCCCXXVIII

Rémission en faveur de Pierre Raveau. Condamné, pour avoir fait usage d'un faux acte de donation contre Guillaume de Vivonne, à être tourné au pilori à la Rochelle, à Esnandes et à Fontenay-le-Comte, il s'était évadé des prisons du château de la Rochelle avant d'avoir subi sa peine à Fontenay.

  • B AN JJ. 451, n°122, fol. 57 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 263-265
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à touz, presens et avenir, à nous avoir esté humblement exposé de la partie de Pierre Raveau1 que, pour soy estre aidié d'une fausse lettre à l'encontre [p. 264] de Guillaume de Vivonne2 faisant mencion d'une donacion entre vifs faite au dit Pierre par Jehanne Gorrodelle, vefve de feu Guillaume Berehou, icellui Pierre a esté condempnez entre les autres choses à estre pilorisé ès villes de la Rochelle, d'Esnande et de Fontenay le Conte ; laquelle condempnacion a esté executée ès dictes villes de la Rochelle et d'Esnande. Après la quelle execucion, le dit Pierre a esté detenuz moult estroictement prisonnier en nostre chastel de la Rochelle, l'espace de III mois ou environ, sanz proceder au surplus de l'execucion de la sentence donnée contre lui en ceste matiere, ne à la délivrance du dit Pierre ; et pour ce et afin de venir par devers nous pour nous requerir sur ce nostre grace, s'est issus le dit Pierre de nostre dit chastel, sanz congié ou licence d'aucun, et de la prison là où il estoit, par un pertuis que [un que] on nomme Symon Paquier avoit fait, si comme l'en disoit notoirement, en la tour ou le dit Pierre gisoit. Pour lequel cas le dit Pierre, doubtant rigueur de justice, s'est absentez du païs et n'y oseroit jamais retourner, se sur ce ne lui estoit impartie nostre grace et miséricorde, si comme il nous a fait exposer ; requerant, comme en touz autres cas il ait esté homme de bonne fame et renommée, sanz avoir esté reprins ou actaint d'aucun autre villain cas ou reprouche, et nous ait bien et loyaument servi par long temps en l'office de capitaine de la forteresse du dit lieu d'Esnande, sanz avoir pour ce aucuns gaiges ou remuneracion de nous ne d'autre, nous sur ce lui vuillons estre piteables et misericors, et preferer en ceste partie pitié et misericorde à rigueur de justice. Pour quoy nous, ces choses considérées et aussi la longue prison [p. 265] que le dit Pierre a pour ce soufferte, et que pour le dit caz il a esté deux foiz pillorisé, comme dit est, à icellui Pierre ou cas dessus dit avons quicté, remis et pardonné, et par ces presentes, de nostre grace especial, pleine puissance et auctorité royal, quictons, remettons et pardonnons le pillori de la dicte ville de Fontenay le Conte, avec la dicte prison brisée et toute peine, amende et offense corporelle, criminelle et civile en quoy pour ce il puet estre encouruz envers nous et justice, avec les appeaulx et ban, s'aucuns se sont ensuiz, et le restituons et remettons au païs et à ses biens non confisquez, en imposant sur ce à nostre procureur silence perpetuel. Si donnons en mandement au gouverneur de la Rochelle, au seneschal de Xanctonge et à touz noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois de fevrier l'an de grace mil CCC IIIIXX et XVI, et de nostre regne le XVIIe.
Par le roy, à la relacion du conseil. Freron.


1 Déjà en 1377, Pierre Raveau et son père Guillaume étaient en procès au Parlement contre Renaud de Vivonne, seigneur de Thors. Par arrêt du 17 juillet, la cour prononça la mise de ce dernier hors de cour et de litige. (Arch. nat., X1A 26, fol. 82 v°, 83.) On ne sait rien autre de ce différend. En ce qui concerne l'affaire du faux, Pierre Raveau, condamné en première instance et détenu prisonnier à la Rochelle, fit appel de cette sentence au Parlement, qui renvoya la cause au gouverneur de la Rochelle. Le prisonnier, qui avait été amené à Paris, fut reconduit par des sergents avec un nommé Jean du Coudray, de cette ville, poursuivi pour meurtre. (Arrêt du 18 juillet 1396, X2A 12, fol. 309.) Un Jean Raveau était garde du sceau aux contrats de Saint-Maixent pour le comte de Poitou, le 13 février 1405 n. s. (R1* 2172, p. 876.)
2 Guillaume de Vivonne, troisième fils de Renaud, sire de Thors, sénéchal de Poitou, et de Catherine d'Ancenis, fut seigneur de la Tour-Chabot et mourut en 1418. Il avait épousé Catherine de Sainte-Flaive, fille de Thibaut et de Létice de Parthenay, dont il eut deux fils, Renaud et Jean, morts sans postérité, et une fille, Marie, qui épousa Guy de Vivonne, seigneur de Saint-Gouard, son parent.