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DCCCXLV

Rémission accordée à Léger Angelet, de Saint-Georges-les-Baillargeaux, prisonnier à Poitiers, pour le meurtre de Guillaume Bloy, commis, il y a plus de quatre ans, dans une rixe où ledit Léger avait été l'agresseur.

  • B AN JJ. 153, n° 350, fol. 241 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 307-309
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté exposé de la partie des amis charnelx de Ligier Angelès, de la parroisse de Saint Georges du Baillargeaux1, que, un certain jour, environ la feste de Noël derrainement passée eut quatre ans, le dit Ligier et un [p. 308] appellé Perrot Petit en sa compaignie se partirent, environ jour couchant, de l'ostel d'un nommé Jehan Delie, où ilz avoient beu ou vilage de Forges, et s'en alerent esbatre aux champs, hors d'icellui vilage, et quand ilz furent un pou au dehors, apperceurent certaines personnes qui estoient ensemble prez de l'ostel aux Garniers du dit vilage, et pour savoir quelles gens ce estoient, cuydans que ilz feussent leurs voisins et amis, le dit Perrot Petit ala à eulx et tantost qu'il y fu, ycelles gens vindrent à lui et de bastons, dont ilz estoient garnis, le frapperent et abatirent à terre, et ce fait un des bateurs nommé Guillaume Bloy, se departi de leur compaignie et vint au dit Ligier qui s'en aloit son chemin, et de fait le frappa d'un baston qu'il avoit en sa main si grant cop sur la teste qui l'abati à terre, et non content de ce, voult retourner à frapper encores sur lui, mais icellui Legier tira un coustel qu'il avoit et en repellant force par force, en frappa le dit Guillaume Bloy un seul cop par le corps, dont tantost après ou le jour ensuivant mort s'ensuy en la personne du dit Bloy. Pour occasion du quel fait, le dit Ligier, doubtant rigueur de justice, se absenta du païs, ou quel il n'a osé converser jusques nagaires qu'il y a esté trouvé, et pour le fait dessusdit a esté prins et mené prisonnier ès prisons de nostre très chier et très amé oncle le duc de Berry à Poitiers, et se doubte que durant sa dicte absence il ait esté appeliez aux drois de justice, et par contumace banni de nostre royaume ou de la terre de nostre dit oncle, et par ainsi est en voie de finer ses jours miserablement et d'estre destruit en corps et en biens, se nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie. Et pour ce nous ont ses dis amis supplié que, comme en tous autres cas il ait esté, le cours de sa vie, homme de bonne vie, renommée et honneste conversacion, etc., nous lui vueillons nostre grace et misericorde impartir. Pour quoy nous adecertes, les choses dessus dictes considerées, voulans misericorde estre preferée à rigueur de justice, à icellui [p. 309] Legier Angelès avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli de Touraine et des resors et Exempcions d'Anjou, du Maine et de Poitou, et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois de juillet l'an de grace mil CCC IIIIXX et XVIII, et le XVIIIe de nostre regne.
Par le roy, à la relacion du conseil. Chaligaut.


1 Du Baillargereux, dit le texte.