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DCCLXIX

Rémission accordée à Jean Brochon, de la Rochénard, pour un homicide par lui perpétré, au mois d'octobre 1374, sur la personne d'Andrieu David.

  • B AN JJ. 143, n° 11, fol. 6 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 80-81
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté exposé de la partie de Jehan Brochon1 que comme, ou mois d'octobre l'an mil CCC LXXIIII, Jehanne Pourcherate, femme de Pierre Philippes, feust venue dire au dit exposant à un certain jour, à l'eglise de la Roche Eynart en la seneschaucie de Santonge, qu'il alast au soir à son hostel parler à elle, car son mari devoit faire le guet celle nuit, lequel y ala et porta une quarte de vin et en icelui hostel il trouva Colete, femme de Andrieu David, avec la dicte Jehannete et Aymery Pourcherat, frere d'icelle Jehanne ; la quele Colete, qui estoit femme diffamée, le dit exposant avoit congneue charnelement par pluseurs fois ; et après ce qu'ilz orent beu et mangié ensamble, ycelui exposant print congié des dictes femmes pour soy en aler, et ainsi qu'il s'en aloit et estoit jà hors du dit hostel en la rue, à toute sa quarte, les dictes femmes et le dit Aimery le firent retourner ou dit hostel, en lui disant qu'il faisoit trop obscur et que c'estoit grant péril de s'en aler pour les Anglois qui estoient illec environ ou autrement, et qu'il demourast, car elles lui feroient bon lit. Lequel exposant doubtant de ce, demoura, et le dit Aymery print congié et s'en ala, et ycelui exposant se coucha et s'endormy, et les dictes femmes saillirent hors [p. 81] du dit hostel en la rue, et là le dit Andrieu, mari de la dicte Colette, vint, qui couru sus à icelle, et lors les dictes Colette et Jehanne firent très grant cry, en disant: « A l'aide ! » et le dit exposant s'esveilla moult effrayé et espoventé, quant il oy le dit cry ; le quel doubtant que ce feussent Anglois ou autres malfaiteurs, ala hors de l'ostel à tout son coustel, pour savoir que c'estoit. Et incontinent que le dit Andrieu l'apparceu, il lui coru sus d'un baston qu'il tenoit, en soy efforçant de l'en batre et villener ; et lors le dit exposant et icellui Andrieu s'entreprindrent et en eulx entrebatant, icellui exposant, en soy defendant, fery du dit coustel le dit Andrieu, dont assez tost après mort s'en ensuy en sa personne. Pour le quel fait, le dit exposant se doubte qu'il n'ait esté appellé et banny, en nous requérant humblement que, attendu ce que dit est et que, en tous ses autres fais, il a esté et encores est homme de bonne vie et honneste conversacion, sans avoir esté actaint d'autre vilain cas ou malefice, nous lui veuillons sur ce impartir nostre grace. Pour quoy nous, ces choses considérées, au dit Jehan Brochon ou cas dessus dit avons quictié, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Xantonge et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris,ou mois de juing l'an de grace mil CCC IIIIXX et XII, et le XIIe de nostre regne.

Par le roy, à la relacion du conseil. N. de Voisines.


1 Ou Birochon, nom d'une famille notable de Niort et des environs. (Cf. notre t. II; p. 113 note.)