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DCCCLXVI

Rémission accordée à Louis de Nesson, prieur de Saint-André de Mirebeau, à frère Nicolas de Gironde et à Jean de Redout, poursuivis pour avoir enlevé une jeune fille de quatorze ou quinze ans, aux Roches-de-Mavault, et en avoir fait leur plaisir pendant cinq jours.

  • B AN JJ. 155, n° 204 bis, fol. 127
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 365-366
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir esté exposé de la partie de frere Loys de Nesson, prieur de Saint Andry de Mirebeau1 de frere Nicolas [p. 366] de Gironde, religieux, et de Jehan de Redout, que en venant de Poitiers audit lieu de Saint Andry, ilz passerent par un lieu qui est entre les diz lieux de Saint Andry et de Poitiers, lequel lieu l'en appelle la Roche de Mavaux, où il a une taverne et hostellerie, et y avoit une jeune fille appellée Marquise de Bulhon, laquelle estoit ou est agiée de XIIII à XV ans ou environ, et en ycelle taverne entrerent les diz Loys et Nicolas, y beurent et parlerent à la dicte Marquise, et après qu'ilz eurent beu, ilz prindrent ycelle Marquise et la monterent sur un de leurs chevaux et l'emmenerent au dit lieu de Mirebeau, et là la tindrent depuis le mardy XXe jour de juillet jusques au samedy ensuivant, et là la congneurent charnelment de sa volenté, senz ce qu'ilz luy feissent aucune force. Et après ce ycelle Marquise s'en retourna le dit samedi au dit lieu de la Roche de Mavaux. Et après ce, par induction de sa mere et d'aucuns autres, elle se ala plaindre des diz exposans à la justice d'yecelui lieu, laquelle a pris tous leurs biens, et pour doubte d'estre emprisonnez, yceulz exposans se sont absentez du pays où ilz n'oseroient retourner, se d'eulz n'avions pitié et compassion, supplians humblement que, ces choses considerées, nous sur ce leur veillons impartir nostre grace. Et nous voulans par misericorde temperer rigueur de justice, aux diz Loys, Nicolas et Jehan, et à chascun d'eulx, ou cas dessus dit avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli de Touraine ou à son lieutenant à Chinon, et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou moys d'aoust l'an de grace mil et CCCC, et de nostre regne le XXe.
Par le roy, à la relacion du conseil. Dominique.


1 Le prieuré de Saint-André fut fondé vers 1052 par Raymond, abbé de Bourgueil, et un de ses moines, sur un terrain de huit arpents tout près du château de Mirebeau, vendu par Isambert, évêque de Poitiers; il comprenait une église avec son cloître, cimetière, maisons d'habitation et dépendances, etc. (E. de Fouchier, La baronnie de Mirebeau du XIe au XVIIe siècle, 1877, p. 22, 23, 279.)