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DCCLXXXVII

Rémission accordée à Colin Coppeau, gentilhomme du pays d'Angoulême, qui s'était affilié à une bande de voleurs et avait, entre autres méfaits, dévalisé de nuit l'hôtel de Jean de L'Hôpital près de Saint-Antoine-de-la-Lande en Poitou.

  • B AN JJ. 145, n° 85, fol. 38
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 151-153
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l'umble supplicacion de Colin Coppeau, povre gentilhomme, chargié de femme et de pluseurs petiz enfans, du païs d'Angolesme, contenant que, comme le dit suppliant se feust nagaires acompaignié par temptacion de l'ennemi avec Jehan de la Mote, Pierre des Mares, Pierre de Launoy, Perrot d'Agris et pluseurs autres, en la compaignie desquelx et par leur ennort, c'est assavoir des diz de la Mote, [p. 152] des Mares et d'Agris, ala par nuit en l'ostel de Jehan de Lospital1 près de Saint Antoine de la Lande 2 en Poitou, et en icellui hostel entra l'un des diz complices par le tuyau de la cheminée qui est en la chambre du dit de Lospital, et le quel de Lospital estoit absent et n'estoit point pour lors en son dit hostel ; et illec prindrent les diz malfaicteurs et complices, le dit suppliant estant present, certaine quantité d'or, d'argent, robes et autres choses qui povoient bien valoir la somme de IIC frans ou environ, si comme disoit ledit de Lospital; et il soit ainsi que, tant pour ledit cas comme pour autres malefices commis et perpetrez par les diz malfaiteurs, et non pas seulement pour le cas dessus declairié, yceulx malfaiteurs, ou aucuns d'eulx ont esté executez par justice et parla confession d'aucun d'iceulx le dit suppliant a esté accusé du cas dessus dit et d'autres. Pour occasion du quel fait, le dit suppliant a esté et est detenuz prisonnier par les gens et officiers du sire de [p. 153] la Rochefoucault3 pour ce a esté questionné et gehiné moult durement, en la quelle prison il est en grant misere et povreté et en peril de son corps, se par nous ne lui estoit impartie nostre grace et misericorde, en nous suppliant d'icelle. Pour quoy nous, eue consideracion aux choses dessus dictes, et que le dit suppliant en tous autres cas a esté et est homme de bonne vie, renommée et honneste conversacion, sanz onques mais avoir esté repris, attaint ou convaincu d'aucun autre vilain cas ou reproche, si comme il dit, à icellui suppliant ou cas dessusdit avons quictié, remis et pardonné, etc., parmi ce qu'il demourra un mois prisonnier au pain et à l'eaue et sera puni civilement selon sa faculté. Si donnons en mandement par ces presentes au seneschal d'Angoulesme et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois de novembre l'an de grace mil CCC IIIIXX et XIII, et le XIIIIe de nostre regne.
Par le roy, à la relacion du conseil. P. Vivien.


1 Jean de L'Hôpital possédait aussi le fief de Courlu en la paroisse d'Augé, pour lequel il rendit aveu au prince des Galles le 17 octobre 1363. « Jean de Lopitau advohe tenir du roy à cause de son chastel de Saint Maixant à hommage lige, à douze solz de plait ou devoir de morte main, et à six solz troiz deniers de service, ung fié appellé le fié de Corleu en la parroisse d'Augé, jouxte le chemin par lequel l'on va d'Augé à Champdenier, etc., par lettre du XVIIe octobre M troiz cens soixante troiz. » (Extraits d'aveux du comté de Poitou, Arch. nat., P. 1145, fol. 106 v°.) Le 4 novembre 1407, Philippe Imbaud, veuve de Guillaume de L'Hôpital, et leur fils mineur, Jean de L'Hôpital, rendirent aveu au duc de Berry pour le même fief. (Arch. nat., R1* 2172, p. 960.) On mentionne encore un autre aveu de Jean de L'Hôpital pour Courlu, sous la date du 30 mai 1413. (P. 1145, fol. 110.) Puis le 25 octobre 1418, quand le dauphin Charles prit possession de son comté de Poitou, le même Jean de L'Hôpital lui rendit le devoir auquel il était astreint pour ledit fief. (P. 1144, fol. 38.) Ce sont les seuls renseignements que nous ayons trouvés sur les L'Hôpital poitevins.
2 Près de Pamplie, lit-on dans deux lettres accordées à d'autres affiliés de cette bande de voleurs, en décembre 1396 et en mars 1398, et qui contiennent des détails nouveaux sur la mise au pillage de l'hôtel de Jean de L'Hôpital, lequel devait se trouver vers les Groselliers entre la Commanderie de Saint-Antoine de la Lande et Pamplie. (Ci-dessous, nos DCCCXXVI et DCCCXXXIX.)
3 Guy VIII était alors seigneur de La Rochefoucauld, Blanzac, Marthon, Cellefrouin, etc., mineur en 1364 sous la tutelle de Geoffroy de La Rochefoucauld, son oncle; il vécut au moins jusqu'en 1427. Son testament est daté de cette année-là. Il fut conseiller et chambellan des rois Charles v et Charles vi et gouverneur d'Angoumois. {Le P. Anselme, Hist. généal., t. IV, p. 423.1 On verra dans les lettres de décembre 1396, citées dans la note précédente, comment plusieurs affiliés de la bande de Jean de la Motte étaient justiciables du seigneur de La Rochefoucauld.