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DCCLXXI

Rémission accordée à Pierre Baron qui, à la sollicitation de Géheudin et de Sebran Chabot, avait produit de faux témoins en faveur de ceux-ci, dans leur procès contre Guillaume Crespin, Jean Cresson et Pierre Herbert, puis s'était évadé des prisons de Vouvant, à condition qu'il y restera emprisonné pendant deux mois.

  • B AN JJ. 143, n° 258, fol. 135
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 85-87
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à touz, presens et avenir, de la partie de Pierre Baron, povre jeune homme, nous avoir esté exposé que comme, à la requeste, promotion et par la grant oppression de Guehedin Chabot, chevalier, et de Sambrant Chabot, escuier1, freres, le dit exposant eust simplement pour yceulx freres produit certaines personnes pour porter tesmoingnage par devant Pierre Maynart2, soy disant nostre sergent et commissaire en ceste partie, sur certaine [p. 86] information par luy faicte de et sur certains cas et choses touchans les diz freres, d'une part, et Guillaume Crespin, Jehan Cresson et Pierre Herbert, d'autre part ; les quelles personnes, par l'ennortement et introduction d'iceulx freres aient déposé contre vérité et aussi contre les diz Crespin, Cresson et Herbert, au proffit des diz freres, combien que ledit exposant deist aux diz tesmoings à la dicte production qu'ilz ne déposassent ou deissent fors que la vérité, par devant le dit commissaire. Pour lequel fait ycellui exposant qui de ce s'entremist contre sa voulenté et sanz ce qu'il en ait pour ce aucunement amendé, eust esté prins et mis ès prisons de Vovant, qui est au sire de Partenay, des queles il, doubtant rigueur de justice, s'est parti et absenté du pays, où il n'oseroit jamais retourner ne converser, se de lui ne avions pitié et compassion. Suppliant humblement que, ce consideré et que aucuns des diz tesmoins ont de ce esté puniz, et aussi que le dit suppliant ne fu onques actaint ou convaincu d'autre villain cas, nous sur ce lui vueillons extendre nostre grace. Et nous, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, avons au dit Pierre Baron ou cas dessus dit quictié, remis et pardonné, etc., parmi ce toutevoies que ycellui Pierre Baron sera et demourra deux mois prisonnier ès prisons dont il s'est parti, où ailleurs où il appartendra. Si donnons en mandement à noz amez et feaulx conseilliers les genz de nostre Parlement, au prevost de Paris, au bailli de Touraine, des Exemptions d'Anjou et de Poitou, et à touz noz autres justiciers et officiers, etc. Donné à Paris, le XXVe jour de septembre l'an de grace mil CCC IIIIXX et douze, et de nostre regne le XIIIe.
Es requestes par vous tenues, du commandement du roy, les evesques de Langres et de Noyon3 le chancellier [p. 87] de Bourgogne4, le sire de Norry5 et maistre Oudart de Molins6 presens. Dominique. — Voisines.


1 Cf. ci-dessus, p. 66, les lettres de rémission octroyées à Géheudin et Sebran Chabot pour ces faits, au mois de février 1392.
2 Pierre Maynart, sergent du roi en Poitou, qui avait fait l'information sur la prétendue invasion du château de la Roussière et du vol imaginé par les deux frères et mis à la charge de Guillaume Crespin et autres familiers de Thibaut Chabot, sr de la Grève, et interrogé les témoins subornés par eux, fut lui-même soupçonné de faux et poursuivi au Parlement. Il était encore prisonnier au Châtelet le 13 mars 1392 n. s. Après avoir été examiné par des commissaires désignés par la cour, il obtint son élargissement provisoire, à cette date, jusqu'au huitième jour après la Pentecôte suivante. « Et pendant ledit eslargissement ycelui sergent sera tenu, et ainsi l'a promis, faire la greigneur diligence qu'il pourra de prendre Jehan Prévost et Pierre Baron, et de yceulx amener ou Chastellet de Paris ». (X2A 12, fol. 144 v°.) Ce Jean Prévost que notre sergent, à qui il avait été confié, avait laissé échapper une première fois, n'était pas mêlé à cette affaire; il était poursuivi pour un meurtre et obtint des lettres de rémission qui sont publiées ci-dessus (juillet 1392, p. 81). Pierre Maynart parvint, du reste, à le reprendre et l'amena au Châtelet. La cour lui sut gré de cette capture, et après avoir relu son interrogatoire et l'information des commissaires, qui sans doute n'avaient point établi sa culpabilité, ledit Prévost ayant déclaré, de son côté, que son évasion s'était accomplie sans la connivence du sergent, celui-ci fut remis définitivement en liberté, le 29 mai 1392, par arrêt de la Tournelle, levant « la main du roi mise tant au corps comme aux biens dudit sergent et le délivrant dudit cas à lui imposé ». (Id., fol. 146 v°.)
3 Bernard de la Tour-d'Auvergne, évêque de Langres de 1374 au 16 janvier 1395, et Philippe de Moulin, évêque de Noyon, du 24 décembre 1388 au 31 juillet 1409.
4 Jean Canard, vidame de Reims, pourvu de l'office de chancelier de Bourgogne par lettres du duc Philippe le Hardi, du 15 mars 1385, était encore en fonctions l'an 1392. (Dom Plancher, Hist. de Bourgogne, t. III, p. 77, CLV.) Il fut évêque d'Arras de 1391 au 7 octobre 1407.
5 Pierre sire de Norry, chevalier, frère de Jean, archevêque de Vienne, puis de Sens, s'intitule conseiller et chambellan du roi dans une quittance de pension, scellée de ses armes, datée du 31 décembre 1400. (Bibl. nat., Titres scellés de Clairambault, reg. 81, p. 6393.)
6 Oudart de Molins, président de la Chambre des comptes.