DCCLXXV
Confirmation d'une sentence d'absolution rendue, le 20 avril 1377, par le châtelain de Thouars remplaçant le sénéchal du lieu, en faveur de Hugues et de Pierre Pascaut, accusés d'homicide sur la personne d'Alaudon Vigier.
- B AN JJ. 143, n° 260, fol. 136
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 94-112
Karolus, Dei gratia Francorum rex.
Notum facimus universis, presentibus et futuris,
pro parte Hugonis et Petri Pascaus, fratrorum, nobis exhibitas fuisse litteras, quarum
tenor talis est :
Saichent tout que par devant nous Jehan Blanchardin1 chastellain de Thouars, tenans les grans assises de Thouars en
l'absence de Jehan Oujart2, seneschal d'icellui lieu,
commis [p. 95] à ce tant par noble et puissant seigneur monseigneur Tristran,
viconte de Thouars, que par le dit Jehan Oujart, seneschal d'icelui lieu, ès dictes
assizes durant le bailliage de Maruiel, presens le procureur de mon dit seigneur ou
viconte de Thouars, se presenterent Huguet et Perrot Pascaus3, freres,
subgiez et justiciables du dit monseigneur en touz cas en la dicte viconté, et se
rendirent deuement en l'arrest où il se avoient promiz rendre ès dictes assizes, au
dit jour du dit bailliage, en quel arrest il avoient esté mis et encores estoient de
et pour cause de la suspection de la mort de Alaudon Vigier4, lequel les diz freres par nuit
d'aguet appensé avoient murtri et occis, ou lieu appellé la Piquardere en la
chastellenie de Maruyel, ou ailleurs, que que soit au dit fait les diz freres et
chascun d'eulx avoient esté aidans et consentans, donné conseil, confort et aide, et
de ce estoit voix, fame et commune renommée, et en estoient notoirement [p. 96] diffamez, si comme disoit le dit procureur du dit monseigneur. Disans les diz freres
que de et sur et pour cause des diz cas le dit procureur, long temps a et grand piece,
les avoit accusé et pourseu criminelment, et encores sur ce les poursuivoit et
accusoit, et tenoit en procès, et estoient en arrest comme dit est. Concluans ledit
procureur contre eulx et chascun d'eulx criminelment, afin qu'il en fussent puniz,
selon ce que le dit cas le desire. Desquelx cas et de touz autres mauvaiz ilz avoient
tousjours esté et encores estoient en defense, et qu'il estoient genz de bone fame
et de bonne renommée, non suspectz, actains ny convaincuz des diz cas et de touz
autres mauvaiz, du quel fasme et renommée ilz avoient tousjours offert et encores
offrent à faire preuve ou information.
Le dit procureur establi en droit par devant nous, d'une part, et les diz freres,
d'autre, fu dit et proposé par les diz freres que de et sur et pour cause des diz cas
il avoient esté priz et arrestez ou chastel de Thouars, ouquel chastel il avoient tenu
longuement prison, et depuis mis et detenu en portau Sechaut de Thouars, et depuis en
la ville de Thouars, et pour les cas dessus diz tenuz prisons et arrestz ès lieux
dessus diz par septienne, par quinzaine, par quarantaine, par an et par jour et par
plus, et à toutes les grans assises de Thouars qui avoient esté tenues durant les
temps dessus diz, les diz freres en la presence du dit procureur ou de celui qui par
le temps estoit, s'estoient presentez par devant les juges tenans les dictes assizes,
offrans à ester et fournir à droit, et eulx defendre sur les diz cas contre touz ceulx
qui aucune chose contre eulx ou aucun d'eulx sur les diz cas vouldroient dire,
promovoir, denoncier ny accuser ny eulx faire partie ny administrer tesmoings, ni
faire informacion en privé ny en apert, et ainsi ès dictes assizes et chascune d'elles
avoit esté fait assavoir publiquement, tousjours nyans et defendans les diz freres les
diz cas, offrans tousjours [p. 97] à monstrer et prouver leur dit fasme et
renommée, et à eulx defendre par la maniere que dit est. Es queles assises ny durant
le dit temps, aucun n'estoit venu qui contre eulx ny aucun d'eulx sur le dit cas
voulsissent aucune chose dire, promovoir, denoncier ny accuser, ny eulx faire partie
ny faire informacion, ny administrer tesmoings en privé ny en apert; et emprès ce, les
diz freres avoient requis, present le dit procureur, que leurs edits sur ce leur
fussent donnez et octroyez, et fait publiquement en assise et dehors. Aux quelx,
present le dit procureur, les diz edits avoient esté octroiez et commandez qu'il
fussent faiz, si comme en tel cas appartient, et par tant parce que le dit Alaudon
estoit nez de lontaingnes parties du païs de Gascongne, lequel n'avoit nulz
prochains parens ny amis en pays de Poitou, que l'en peust trouver ny savoir, fors que
Jehanne Charruele, fille de Pierre Charruya, jadiz femme du dit Alaudon, et le dit
Pierre, si comme de ce l'en fut à plain informez; le quel Pierre estoit tuteur des
enfans dudit Alaudon et de la dicte Jehanne, sa fille, les diz freres estans ès
arrestz dessus diz ès assises de Thouars, qui commencèrent le XIe jour de fevrier l'an
mil CCC LXXV, les diz freres et le dit Charruya establiz en droit, fut sommez et
requiz le dit Charruya si lui, tant en son nom que en nom et comme dessus dit, contre
les diz freres ou aucun d'eulx sur les diz cas vouloit aucune chouse dire, pronuncier,
denuncier, accuser, ny se faire partie ny administrer tesmoings, ny faire information
en privé ny en appert. Le quel Charruya, en son nom et comme tuteur dessus dit, dist
que contre les diz freres ny aucun d'eulx, sur les diz cas, il ne vouloit aucune chose
dire, pronuncier, denuncier ny accuser, ne luy faire partie ny faire informacion ny
administrer tesmoings en privé ny en appert, et en fut jugiez. Et en oultre fu donné
en commandement et commis, si mestier estoit, à Jehan Escouffliere et Jehan Duval,
sergens de la dicte court de Thouars, et à touz autres sergens de la dicte [p. 98] court, non obstant qu'il ne fust en leurs povoirs ou bailliages de adjourner aux
assises de Thouars enssuivans la dicte Jehanne Charruelle, o l'auctorité de Pierre
Grignon5, à present son seigneur, et le dit
Perre, pour savoir si eulx ou aucun d'eulx vouloient aucune chose dire, promouvoir,
denuncier ny accuser ny eulx faire partie en aucune maniere contre les diz freres ou
aucun d'eulx, de et sur et pour cause des diz cas, ny administrer tesmoings, ny faire
informacion en privé ny en appert, et sur le premier edit ; et en oultre de adjourner
par cry publique en plain marché à Thouars et à Maruyel tous ceulx qui aucune chose
contre les diz freres ou aucun d'eulx, de et sur et pour cause des diz cas vouldroient
dire, promouvoir, denuncier ny accuser, ny eulx faire partie, ny administrer tesmoings,
ny faire informacion en privé ny en appert, et sur le premier edit. En intimant et
faisant savoir que, s'il ne venoient ès dictes assises, l'en procederoit à la
delivrance des corps et des biens des diz freres et de chascun d'eulx, priz et
arrestez pour les diz cas, tout comme de droit; et par semblable forme et maniere
furent faiz les diz adjournemens et intimacion ès dictes assizes aux assizes
ensuivans.
Lequel Escoufllere ajorna la dicte Jehanne o l'auctorité de son dit
seigneur, et le dit son seigneur, aux assizes de Thouars suyvans. Et en oultre fist
faire les diz adjournemens par cry publique en plain marché à Maruyel, et sur le
premier edit, par la maniere que dessus est dit, et fit [p. 99] les intimacions
dessus dictes à la dicte Jehanne et à son dit seigneur, et par cry, au dit lieu
de Maruyel. Et Jehan Duval fist par cry publiq en plain marché à Thouars les
adjournemens et intimations par la manière que dessus est dit, si comme des diz
adjournemens et intimacions dessus diz par le dit Escoufflere faiz, par la maniere que
dessus est dit, le dit Escoufflere fist relacion par lettres scellées de son seel exhibée
et leue en jugement, et le dit Jehan Duval des adjournemens et intimacions faiz par
lui de vive voix en court. Et Pierre de Valée, Jehan Gaschet, le jeune, Guillaume de
Melin et Jehan Rousea depouserent par leurs seremens avoir oy faire les diz
adjournemens et intimacions par le dit Jehan Duval, en plain marché, en la dicte ville
de Thouars, par la maniere que dessus est dit. Et des diz adjournemens et autres
chouses faiz en court, apparut par acte et procès de la dicte court exhibez et
leuz.
Es queles assizes, qui commencèrent le vint et uniesme jour d'avril l'an mil CCC
sexante et seze, les diz freres se comparurent personnellement et se rendirent
deuement, offrens à eulx defendre et aler avant sur les diz cas, par la maniere que
dessus est dit, en cas que la dicte Jehanne ou son dit seigneur ou autres contre les
diz freres ou aucun d'eulx, de et sur et pour cause des diz cas vouldroient aucune
chose dire, promouvoir, denuncier ny accuser, ny eulx faire partie, ny faire
informacion, ny administrer tesmoings en privé ny en appert. Es queles assizes la
dicte femme se fist exoiner de cause de maladie, et le dit Grignon se deffaillit. Et
en oultre fu fai savoir ès dictes assises et sur le premier edit que, s'il y avoit aucun
qui contre les diz freres ou aucun d'eulx, sur les diz cas, voulsist aucune chose
dire, promouvoir, denuncier ny accuser, ny eulx faire partie, ny administrer
tesmoings, ny faire informacion en privé ny en appert, que il venissent avant et il
seroient receuz tant comme de droit. Es queles assises aucun ne vint ny comparut, qui
contre les diz freres ny aucun d'eulx, [p. 100] de et sur et pour cause des diz
cas voulist aucune chose dire, promouvoir, etc. Et par tant ès diz freres contre le
dit Grignon et contre touz autres, que les diz adjournemens, criz, editz et
notifications pouvoient comprendre, fu donné deffaut. Et fu donné en commandement aux
diz sergens et à touz et à chascuns les autres sergens de la dicte cour, et commis, se
mestier estoit, non obstant qu'il ne feust en leurs povoirs ou bailliages, de
adjourner aus assises de Thouars ensuivans la dicte femme et son dit seigneur, par la
maniere que dessus est dit, et touz autres par cri publique, en plain marché à Thouars
et à Maruyel qui contre les diz freres ou aucun d'eulx, de et sur et pour cause des
diz cas voulissent aucune chose dire, promouvoir, etc., et sur le second edit, en leur
intimant et faisant savoir que, s'il ne venoient ès dictes assises, l'on procederoit
à la delivrance des corps et des biens des diz freres, pris et arrestez pour les diz
cas, tant comme de droit. Et par semblable maniere furent faiz aux dictes assises aux
assises ensuivans les diz adjournemens et informacions, par la maniere que dessus est
dit. Le quel Escoufflere adjourna ès assises ensuivans la dicte femme et son dit mari,
en leurs propres personnes, et touz autres en plain marché à Maruyel, par la maniere
que dessus est dit, et sur deffaut et sur le second edit, en faisant aux diz conjoings
et à touz autres par le dit cry les intimacions dessus dictes. Et le dit Jehan Duval
fist faire par cry publique, en plain marché à Thouars, les adjournemens et
intimacions dessus diz, par la forme et maniere que dessus est dit, et mesmement les
diz adjournez sur deffaut et sur le second edit, si comme des diz adjournemens et
intimacions faiz par le dit Escoufflere le dit Escoufflere fist relacion, par lettres
seellées de son seel duquel use en son office, exibez et leuz en jugement. Et Guillaume
Moysne et Jehan Eslinea deposerent par leurs sermens avoir oy faire les diz
adjournemens et intimacions par le dit Escoufflere [p. 101] par la maniere que dit
est. Et le dit Jehan Duval des adjournemens et intimacions par lui faiz fist relacion
de vive voix en court; et Perrot Hortie, Jehan Gaschet, Pierre de Yalée et Jehan de
Melin le tesmongnerent et deposerent par leurs seremens. Et des autres choses faictes
en court apparut deuement par acte et procès de la dicte court exibez et leuz en
jugement.
Es quelles assises, qui commencèrent le XVIe jour de jugn l'an mil CCC sexante et
seze, les diz freres et chascun d'eulx se comparurent personnellement et se rendirent
deuement, offrans à aler avant et eulx defendre sur les diz cas, etc., etc.6.... Lequel Escoufflere sergent dessus dit fist les diz
adjournemens... en plain marché à Maruyel... et Jehan Rousseau, sergent de la dicte
court de Thouars, en plain marché de Thouars, etc.
Es queles assises, qui commencerent le penultime jour de juillet l'an mil CCC
sexante et seze, les diz freres se comparurent, etc. (Même répétition qu'aux deux
sessions précédentes, et ajournements nouveaux pour la prochaine session.)
Es queles assises, qui commencèrent le premier jour d'octobre l'an mil CCC LXXVI,
les diz freres se presenterent personnelment, etc. (comme ci-dessus)... Et Jehan
Galon, sergent general de la dicte court, fit à touz les diz adjournez par criz
publiques, en plain marchié à Thouars, et sur deffaut et o jugement et sur
le quint edit, avec les dictes intimacions par la maniere que dessus est dit, si comme
des diz adjournemens et intimacions faiz par le dit Escoufflere le dit Escoufflere fit
relacion par lettres seellées de son seel, exhibées et leues en jugement; et Maurice
Escoufflere [p. 102] , Jehan Poupart, Bernart Boutin, Richier Audoart et Guillaume
Cauveron le deposerent par leurs seremens. Et le dit Jehan Galon de vive voix en
court, et Guillaume Guilloreau, Jehan Bodin 7 et Jehan Charron le
tesmongnerent par leurs seremens. Et des diz adjournemens et autres choses faictes en
court apparut deuement par actes et procès de la dicte court exhibez et leuz en
jugement.
Esquelles assises, qui commencèrent le XIIe jour de janvier l'an mil CCC LXXVI, les
diz freres se presenterent personnelment, etc. (comme ci-dessus, p. 99, jusqu'à)... fu donné deffaut. Lequel deffaut donné, requistrent les diz freres
que l'on les devoit recevoir à faire preuve ou information de leur fasme et renommée.
Oy le dit procureur ad ce qu'il volut dire et proposer, fu dit qu'il seroient receuz à
faire leur preuve ou informations de leur dit fasme et renommée. Pour la quele preuve
ou information faire, les diz freres avouerent pluseurs tesmoins dignes de foy, tant
personnes d'eglise, nobles que autres jusques au nombre de XIII, lesquelx
estoient de la viconté de Thoars et genz notables et congneuz, et la plus grant partie
de la chastellerie de Mareuyl et d'environ, et de la quele chastelenie que que soit
en la dicte viconté les diz freres sont habitans levans et couchans. Les quelx
tesmoings furent sur ce receuz jurer en la presence du dit procureur, et emprès furent
examinez par le juge et leur deposicion publiée en jugement, par la quele il
apparoissoit que les diz tesmoings et chascun d'eulx avoit dit et deposé par leurs
seremens que les diz freres estoient genz de bon fasme et de bonne renommée, non
suspectz, actains ny convaincuz des diz cas ny d'aucun autre mauvoiz, et que il
cuidoient fermement que les diz freres et chascun d'eulx fussent inocens et non
coulpables des cas dessus diz, contre eulx proposez. [p. 103] Et en oultre fu
demandé d'office aux diz tesmoings savoir si le dit Alaudon avoit aucuns prouchains
parens ny amis en pays de la seneschaucie de Poitou, lesquelx deposerent que non que
ilz sceussent, fors que le dit Pierre Charruya et la dicte Jehanne sa fille, jadiz
femme du dit Alaudon, et le dit Grignon, à present son seigneur. Et emprès ce, fu
sommé et requis le dit procureur, o instance que en tel cas appartient,
savoir s'il y avoit enqueste ny information contre les diz freres, de et sur et pour
cause des diz cas et faiz desquelx ils estoient accusez et poursuiz, comme dessus est
dit, ne s'il en vouloit point faire, fut sur le dit fait, sur fasme et sur renommée,
sur notoire presumpcion, conjectures ou autrement; lequel respondi qu'il n'avoit
information ny enqueste contre les diz freres ou aucun d'eulx des cas et faiz dessus
diz, ny aucun d'eulx, et qu'il en a fait son povoir et diligence, mes ne trouvoit par
qui il peust prouver aucune chose des faiz dessus diz contre les diz freres ny aucun
d'eulx, fors que tant que il disoit qu'il estoient notoirement diffamez des diz cas,
de quoy il ne monstroit rien ne de ce ny autres faiz devant diz, ne rien n'en offroit à
prouver ny prouver n'en vouloit.
Et emprès ce, d'office, pour tant comme mestier estoit, fu donné en commandement et
commis, si mestier estoit, aus sergens dessus diz et à touz les sergens de la dicte
court ajourner d'office et d'abondance aux assises ensuivans, sur deffaut et
o jugement sur le sexte edit, et un edit et une foiz pour toutes, les diz
conjoings en leurs personnes et touz autres, par cri publique en plains marchiez à
Thouars et à Mareuyl, pour savoir si contre les diz freres ou aucun d'eulx, de et sur
et pour cause des diz cas il vouloient aucune chose dire, promouvoir, denuncier ny
accuser, ny eulx faire partie ny administrer tesmoings en privé ny en appert, en leur
intimant que, s'il deffailloient ès dictes assises,l'on procederoit à la delivrance
des corps et des biens des diz freres, prins [p. 104] et arrestez pour les diz
cas, tant comme de droit, senz ce que les diz conjoings ny aucuns d'eulx ny autres
feussent plus receuz à aucune chose dire ny proposer, en aucune maniere, sur les diz
cas contre les diz freres ny aucun d'eulx. Et par semblable forme et maniere furent
faiz les diz adjournemens et intimacions ès dictes assises ensuivans. Lequel
Escoufflere, sergent dessus dit, etc. (comme dessus) en plain marchié à Mareuil, etc.,
et le dit Jehan Galon, en plain marchié à Thouars, etc. (comme ci-dessus).
Et en oultre ès dictes derrenieres assises, d'office et du consentement du dit
procureur, fu commis et mandé à mestre André Belea, sage en droit, et à Jehan des
Forges, advocat en cour seculiere, et à chascun d'eulx pour le tout, que il se
informassent savoir si les diz freres murtrirent ou occirent le dit Alaudon, par la
maniere que dessus est dit, s'il y furent aydens et consentans, et donnerent conseil,
confort et aide, et s'il estoit chose notoire, et sur autres choses qui en tel cas
sont necessaires, et en oultre, par tant comme mestier estoit, du fame et renommée des
diz freres et de chascun d'eulx, et de tout ce qui en tel cas appartient, en
adjournant Jehan de Saint Germain8 et Guillaume Bouffetea9, procureurs de monseigneur de Thouars, ou l'un
d'eulx, aujour ou jours que les diz commissaires vouldroient proceder ès choses
contenues en leur commission, pour savoir s'il vouloient administrer nulz tesmoings
contre les diz freres ou aucun d'eulx sur le dit cas, en leur intimant et [p. 105] faisant savoir que, venissent ou non, l'on procederoit à acomplir le contenu de la
dicte commission; et l'information que fait auroient sur ce ilz apportassent à ceste
assise, ou envoissent enclose soubz leurs seaulx. Les quelx commissaires de leur
office, pour tant comme mestier estoit, firent appeller par devant eulx à Mareuyl, à
certain jour, le dit Guillaume Bouffetea, en nom et comme procureur des dessus diz, et
les diz freres en leur intimant et faisant savoir que, venissent ou non, les diz
commissaires procederaient sur les choses contenues en leur commission, si comme
raison serait. Et aussi furent appeliez plusieurs personnes dignes de foy, genz
d'eglise, nobles et autres, jusques au nombre de XXVII, habitans en la chastellerie de
Mareuyl et près du lieu où le dit Alaudon fu occiz, pour porter tesmongnage sur les
choses contenues en la dicte commission.
Au quel jour les diz freres se comparurent par devant les diz commissaires, et le dit
Bouffetea ny le dit [Saint] Germain, procureurs dessus diz, ny aucun d'eulx, ny autres
pour eulx ne comparurent ny obeirent, les diz tesmoings obeissans et comparoissans. Et
partant les diz commissaires, en la presence des diz freres, receurent les diz
tesmoings et les firent jurer de dire verité sur les choses contenues et comprinses en
la dicte commission, et yceulx examinerent et la deposicion redigerent par escript,
et ycelle apporterent ou envoierent enclose soubz leurs seaulx, par devant le dit
seneschal de Thouars ou par devant nous, tenans les dictes assises qui commencerent
le lundi après Quasimodo derrenierement passé.
Es queles assises les diz freres comparurent et se rendirent deuement en leur dit
arrest, au quel il se avoient promiz à rendre, et les diz conjoings ne vindrent ny ne
comparurent. Et en oultre feismes assavoir publiquement ès dictes assises, et
sur deffaut et o jugement et sur le sexte edit, et un edit et une foiz pour
toutes, que s'il y avoit aucun qui contre les [p. 106] diz freres sur les diz cas
voulsissent aucune chose dire ny promouvoir, denuncier ny accuser, ny eulx faire
partie, ny administrer tesmoings, ny faire informacion en privé ny en appert, que il
venist avant et il seroit receu tant comme de droit. Es queles aucun ne vint ne ne
comparut qui contre les diz freres sur les diz cas voulist aucune chose dire,
promouvoir, denuncier ny accuser, ny eulx faire partie ny administrer tesmoings, ny
faire informacion en privé ny en appert. Et partant les diz conjoings et autres, que
touz les adjournemens faiz par les diz criz et autres devant diz ediz et
notificacions povoient comprendre, souffisanment appeliez et actenduz, furent mis en
deffaut de tel adjournement comme dessus est dit. Et emprès ce, les diz freres nous
requistrent o grant instance et pour tant comme mestier estoit, que la
dicte informacion ou enqueste fust publiée en jugement. Oy le dit [Saint] Germain,
procureur dessus dit, à ce qu'il a voulu dire et proposer, de son consentement fu la
dicte informacion ou enqueste ouverte et publiée en jugement. La quele publiée, fut
leu advis o plusieurs sages estans en la dicte court savoir si, par la
dicte informacion ou enqueste, il estoit rien trouvé si les diz freres avoient murtry
et occiz le dit Alaudon, et s'il avoient donné conseil, confort et aide, et s'il estoit
chose notoire; et en oultre si les diz freres estoient de bonne fame et renommée. Par l'avis
des quelx sages il fu trouvé que par la deposicion des diz tesmoings il n'estoit point
trouvé que les diz freres eussent murtri ny occis le dit Alaudon, ny que ad ce ilz
eussent esté aidens ny consentans, ny donné conseil, confort ny ayde, ny que il fut
notoire, et que il estoit informé et prouvé que les diz freres estoient genz de bon
fasme et de bonne renommée, non suspects des cas dessus diz, dont ilz estoient
accusez, et sur ce le dit procureur et les diz freres mis en droit, pour tant comme
mestier estoit, fu dit par jugement que des choses contenues et comprinses en la dicte
commission, de quoy les diz freres estoient accusez [p. 107] et approchez, il
n'estoit rien informé ny prouvé, et que les diz freres avoient souffisanment informé
et prouvé leur dit bon fasme et renommée. Et ce fait, fu sommé et requis le dit
procureur, savoir s'il vouloit plus rien dire ny proposer, ny rien poursuir contre les
diz freres, ny aucun d'eulx, des cas dessus diz, ny faire autre information ny
preuve ; li quel dist que non, et en fut jugez.
Pour quoy les diz freres nous requistrent o grant instance que nous
leur feissiens droit en oultre, disans que, actenduz les dictes prisons et arrests
qu'il avoient fait ou dit chastel, portau Sechaut et ville de Thouars par les temps
dessus diz, et ce qui se estoient presentez et renduz en toutes les assises de Thouars
qui avoient esté tenues durant les temps dessus diz, et que emprès ce les diz freres
ont demouré en arrest en viconté de Thouars, pour cause des faiz dessusdiz, par deux
ans et par plus, et qu'il ont obbey en toutes les assises qui ont esté tenues durant
les diz deux ans, et eulx renduz en leur dit arrest deuement, et mesmement à toutes
les assises aux queles les diz conjoings et autres qui par criz publiques avoient esté
adjournez et appeliez sur les ediz dessus diz, pour eulx defendre sur les diz cas et
ester et fornir à droit contre touz ceulx qui aucune chose leur en voulissent rien
demander, en quelque maniere que ce fust, et que les diz conjoings ny aucun d'eulx, ny
aucuns autres, n'estoient venuz qui contre les diz freres ny aucun d'eulx, de et sur
et pour cause des diz cas à eulx imposez par voye de denunciacion ny accusacion, ou
autrement, voulissent aucune chose dire ny proposer, ny eulx faire partie, ny faire
informacion, ny administrer tesmoings en privé ny en appert; et l'informacion faicte
sur le fasme et renommée des diz freres, faicte par jugement en plaine assise, et
l'informacion ou preuve faicte par les diz Belea et des Forges; et que le dit procureur
a dit et proposé qu'il ne puet riens prouver ny trouver des faiz dessus diz contre les
diz freres, ny aucun d'eulx, et qu'il en a fait sa diligence, ainsi comme [p. 108] faire le pooit et devoit, et autres choses dessus dictes ; les quelles choses dessus
dictes les diz freres offroient à monstrer et prouver par actes et procès de la court
de ceans, et autrement deuement, nous devions dire et declairer que le dit procureur
ny les diz conjoings, ny aucun d'eulx, ny aucuns autres, que les diz adjournemens faiz
par les diz criz et autrement, ediz et notificacions povoient comprendre,
n'estoient mès à recevoir à riens dire ny poursuir contre les diz freres, ny aucun
d'eulx, sur les diz cas par voye de denunciacion ou accusacion, ny autrement, ny à
faire informacion ny administrer tesmoings en privé ny en appert ; et devions dire et
declairier les diz freres et chascun d'eulx innocens et non coulpables des cas dessus
diz, contre eulx diz et propousez et des quelx il estoient accusez, et d'iceulx les
licencier et absouldre par jugement, et imposer silence perpetuele au dit procureur et
aux diz conjoings, et à touz autres, que les diz adjournemens, criz, ediz et
notificacions povoient comprendre, et leurs corps et leurs biens priz et arrestez pour
les cas et faiz dessus diz, mettre au delivre, selon raison, l'usage et la coustume du
pays, que que soit longue observance.
Pour quoy, adcertenez deuement que les diz freres avoient tenu prison et arrest en
chastel et portau Sechaut et ville de Thouars, par les temps declairez, et qu'il
avoient obbey et eulx rendu sur les diz cas en toutes les assises de Thouars, qui
avoient esté tenues durant les diz temps, offrens à eulx defendre sur les diz cas par
la maniere que dessus est dit, si comme il nous est apparu par actes et procès des
dictes assises, par devant nous exhibez et leuz; et que après ce les diz freres ont
tenu arrest en viconté de Thouars, senz le brisier ny rumpre, et que ilz ont obbey et
eulx rendu en arrest en toutes les assises qui ont esté tenues durant les temps dessus
diz, offrens tousjours à eulx defendre, ester et fornir à droit sur les diz cas, par
la maniere que dessus est dit, et des adjournemens, [p. 109] criz, ediz et
notificacions faictes par la maniere que dessus est dit, et des deffaux donnez contre
les diz conjoings et autres, que les diz adjournemens, criz, ediz et notificacions
povoient comprendre; et que aucuns durant les temps dessus diz n'estoit venuz, qui
contre les diz freres ou aucun d'eulx sur les diz cas voulist aucune chose dire, ny
promouvoir, par voye de denunciation ny accusacion, ny autrement, ny se faire partie, ny
faire information, ny administrer tesmoings en privé ny en appert; et ce que le dit
procureur dist autresfoiz que il n'avoit information ny enqueste contre les diz
freres, sur les cas et faiz dessus diz, et aussi l'information faicte en plaines
assises sur le bon fasme et renommée des diz freres, le quel par pluseurs tesmoings fu
trouvé, si comme des choses dessus dictes et chascune d'elles les diz freres ont
enseigné par actes et procès faiz ès assises de Thouars par devant nous monstrez,
exibez et leuz ; et l'information ou enqueste faicte par les diz maistre André Belea et
des Forges, par lesqueles des cas et faiz dessus diz il n'estoit rien trouvé contre
les diz freres, ny aucun d'eulx, ainçois par icelle, exibée et leue en jugement, il
estoit trouvé et prouvé leurs bons fasme et renommées ; et ce que le dit procureur a
dit qu'il ne savoit plus rien dire ny proposer contre les diz freres, ny aucun d'eulx,
sur les diz cas et faiz, ny en faire autre information ny preuve ; adcertenez deuement
de toutes les autres choses dessus dictes et declairees, eu advis ou pluseurs sages
estans en la dicte court, par l'avis des quelx nous avons trouvé que nous devions
faire et acomplir les requestes des diz freres ; derechief fait assavoir ès dictes
assises que, s'il y avoit aucun qui contre les diz freres ou aucun d'eulx, sur et pour
cause des cas et faiz dessus diz, voulissent aucune chose dire, promouvoir, denuncier
ny accuser, ny se faire partie, ny faire informacion, ny administrer tesmoings en
privé ny en appert, qu'il venist avant et il seroit receuz, ou autrement nous
procederions à l'absolution et à la delivrance des corps et biens des diz freres, priz
et arrestez pour les diz cas, tant comme de droit. Et emprès ce, attendu pluseurs
jours pour savoir si aucun venist qui contre les diz freres, de et sur et pour cause
des diz cas, voulist aucune chose dire, promouvoir, denuncier ny accuser, ny se faire
partie, ny faire informacion, ny administrer tesmoings en privé ny en appert, pour ce
que aucun n'est venu ne se offri, qui contre eulx ny aucun d'eulx, de et sur et pour
cause des diz cas, voulist aucune chose dire, promouvoir, denuncier ny accuser, ny se
faire partie, ny faire informacion, ny administrer tesmoings en privé ny en appert,
toute solempnité de droit, d'usage et de coustume de pays sur ce gardée, si comme en
tel cas appartient ;
Avons dit et desclairé par jugement que le dit procureur du dit monseigneur, ny les
diz conjoings, ny aucuns autres, que les diz adjournemens, criz, ediz et notificacions
povoient comprendre, n'estoit mès à recevoir à riens dire ny prouver contre les diz
freres, ny aucun d'eulx, qui contre eulx ny aucun d'eulx, eulx faire partie par voye
de denunciacion, accusation ny autrement, ny faire informacion, ny administrer
tesmoings en privé ny en appert, de et sur et pour cause des cas et faiz dessus diz,
ny d'aucun d'eulx, desquelx nous avons declairé les diz freres estre innocens et non
coulpables, et d'iceulx les avons licencié et absoulz par jugement, et sur ce imposé
silence perpetuele au dit procureur et aux diz conjoings et à touz autres, que les
diz adjournemens, criz, ediz et notificacions pouvoient comprendre, et les corps et
les biens des diz freres, priz et arrestez pour les cas et faiz dessus diz, mis au
delivré. Si defendons à touz officiers, subgiez et sousmis du dit monseigneur de
Thouars, prions et requerons touz autres que, pour cause des cas et faiz dessusdiz,
lesdiz freres ny aucun d'eulx, ny leurs biens doresenavant il ne prennent, saisissent
ny arrestent, ny en aucune maniere empeschent; et si aucune chose en avoient priz ou
saisie que il leur [p. 111] rendent et restituent tantost et sanz delay. Fait et jugé par devant nous dit
chastellain, tenens les dictes grans assises, comme commis dessus dit, et donné soubz
nostre seel, lesqueles commencerent le dit jour de lundi après Quasimodo10 l'an mil CCC LXXVII. Et à plus grant fermeté,
certifficacion et congnoissance de nostre dit seel, nous avons fait mettre et
apposer à ces presentes le seel establi aux contracts à Thouars, pour monseigneur de
Thouars.
Et nous, Nicolas Macé, porteur et garde du dit seel, ycelli à ces présentes, par
commandement du dit monsieur le chastellain, adcertenez de son seel, avons mis et
apposé le vintiesme jour du moys de mars11
l'an mil CCC LXXVII.
Nobis humiliter supplicando ut dictas litteras et contenta in eis approbare et
confirmare de speciali gracia dignaremur. Nos autem litteras suprascriptas et omnia et
singula in eis contenta, in quantum rite et juste facta fuerunt, et in rem
transierunt judicatam, rata et grata habentes, eas et ea volumus,
laudamus, approbamus et tenore presencium auctoritate nostra regia et de speciali
gracia confirmamus. Mandantes gubernatori de Ruppella, baillivoque Turonensi et
Exemptionum Andegavensis, Cenomannensis et Pictavensis, ceterisque justiciariis
nostris, vel eorum loca tenentibus, presentibus et futuris, et eorum cuilibet, prout
ad eum pertinuerit, quatinus dictos Hugonem et Petrum Pascaus fratres nostra presenti
gracia et confirmacione uti pacifice et gaudere faciant et permittant, ipsos in
contrarium in corporibus sive bonis nullathenus molestantes, nec molestari
permittentes a quoquam. Quod [p. 112] ut perpetue stabilitatis robur obtineat,
sigillum nostrum presentibus duximus apponendum. Nostro et alieno in omnibus jure
salvo. Datum Parisius, mense novembris anno Domini millesimo CCC nonagesimo secundo,
et regni nostri XIII°.
Per regem, ad relacionem consilii. J. de Conflans.