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DCCCLXXXV

Rémission octroyée à Pierre Evrart, de Chiloup, poursuivi par la justice du prieur de Souvigné, pour le meurtre de Jean Bourreau.

  • B AN JJ. 157, n° 413, fol. 243 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 421-423
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l'umble supplicacion des amis charnelz de Pierre Evrart, povre laboureur de l'aage de vint ans ou [p. 422] environ, chargié de femme ensainte, preste d'enfanter, contenant que, le dimenche veille de saint Vincent derrenierement passé ou environ, un nommé Jehan Bourreau, homme de bas estat, ryoteux et suivant tavernes, vint en l'ostel de Jehan Evrart, pere du dit Pierre Evrart, ou village de Chieloup, pour requerre et avoir du dit pere certainne somme de deniers, en quoy le dit Bureau (sic) le disoit estre tenu à lui, pour raison de certain procès qu'il avoit eu et poursuy contre le dit Jehan Evrart, comme aiant pris la defense du dit Pierre Evrart, son filz, en l'assise du prieur de Souvignet, membre du monastere de Saint Maixent en Poictou. Auquel Jehan Bourreau le dit Pierre Evrart respondi que son dit pere n'estoit pas en son dit hostel et en estoit absent, et tele estoit la verité. Mais ce non obstant, le dit Jehan Bourreau entra ou dit hostel et souspa avec le dit Pierre Evrart et autres gens d'icellui hostel, et neantmoins dist ycellui Bourreau au dit Pierre Evrart telles [paroles] ou semblables : « Ribaut, par Dieu je te feray pendre », avec pluseurs autres parolles injurieuses. Et pour ce le dit Pierre Evrart bouta ycellui Bourreau hors du dit hostel, à heure de jour faillant ou environ, et prinst ycellui Pierre Evrart un gros baston en sa main et lui esmeu de chaleur et josnesse, lequel, comme dit est, n'a seulement aage fors d'environ vint ans, et pour le courroux que avoit le dit Pierre contre le dit Bourreau pour raison des dictes injures et du dit procès que avoit eu et poursuy ycellui Bourreau contre le dit Jehan Evrart, pere du dit Pierre, ycellui Pierre suyvi le dit Bourreau en esloignant le dit hostel jusques à un four, prez d'icellui hostel à un get de pierre, et là ou près d'ilec ycellui Pierre Evrart bati du dit baston le dit Jehan Boureau par ses jambes telement qu'il ne s'en pot ou volt aler, sans ce que le dit Pierre Evrart en laisant la dicte bateure eust propos ne voulenté de batre à mort le dit Jehan Bourreau, lequel il convint venir querre, au moins en fu porté en son [p. 423] domicile estant près d'illec ; et pour la dicte bateure, fu dès lors au lit gisant malade le dit Jehan Bourreau par l'espace de deux mois ou environ, et d'icelle maladie le dit Bourreau, qui estoit viel homme et par avanture n'a pas esté bien gouverné en la dicte maladie, est alé d'icelle de vie à trespassement. Pour lequel cas le dit Pierre Evrart a esté emprisonné en la prison du dit prieur de Souvignet, et encores y est detenu à present, à grant povreté et misere, et en aventure de recevoir sur ce par justice pugnicion corporelle, si comme les diz supplians dient, en nous humblement requerant que, attendu ce que dit est, et mesmement la chaleur et jeunesse du dit Pierre Evrart, et en faveur de sa dicte femme, laquelle est ensainte et preste d'enfanter, comme dit est, et que le dit Jehan Bourrea durant sa vie preist sur ce sattisfacion d'icellui Pierre Evrart, et en reçut de par lui XIIII livres tournois, I muy de vin et deux aulnes et demie de drap, et pardonna et quicta ycellui Bourrea au dit Pierre Evrart le dit cas et meffet ; et aussy que en tous autres cas, le dit Pierre Evrart a esté et est de bonne vie et renommée, sans avoir esté actaint ne convaincu d'aucun autre vilain blasme ou reprouche, nous sur ce lui vueillions impartir nostre grace. Pour quoy nous, ces choses considerées, etc., au dit Pierre Evrart ou cas dessus dit avons quicté, remiz et pardonné, etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes à nostre bailli de Touraine et des Exempcions de Poitou, d'Anjou et du Maine, et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois d'avril avant Pasques l'an de grace mil CCCC et deux, de nostre regne le XXIIIe.
Par le roy, à la relacion du conseil. J. Budé.