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DCCLXI

Rémission accordée à Jean Mathie, de Tilly en Poitou, pour un meurtre commis, l'an 1369, sur la personne de Jean Bardon.

  • B AN JJ. 141, n° 303, fol. 172 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 62-63
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté exposé de la partie de Jehan Mathie, de la parroisse de Tilly, en la seneschauciée de Poitou, povre ancien homme, disant que l'an mil CCC LXIX, pour le temps que Edouart, aisné filz du roy d'Angleterre qui lors regnoit, occupoit la duchié d'Acquitaine, le dit exposant, senz penser aucun mal, fust alez en la parroisse de Moustiers en la seneschauciée de Lymosin [p. 63] , et lui venu en icelle, fu assailli de feu Jehan Bardon de paroles injurieuses, senz ce que le dit exposant lui eust riens meffait, et d'abondant icelui Bardon par son oultrage courru sus au dit exposant en le voulant ferir d'une lance qu'il avoit. Et quant le dit exposant se senti ainsi assailli, pour resister à la male voulenté d'icellui Bardon, doubtans qu'il ne le vousist occirre de la dicte lance, se mist à defense pour sauver sa vie, et en repellant force par force, feri d'un baston qu'il tenoit le dit Bardon un cop en la teste, dont après mort s'ensuy. Pour le quel fait le dit exposant, qui de ce a fait paix et satisfaction à partie, n'ose seurement converser ou pays, pour doubte de rigueur de justice, se nostre grace ne lui estoit sur ce impartie, si comme il dit, en nous requerant que, veu qu'il est anciens et povres homs, qu'il a fait paix et satisfaction à partie, et par tout son temps a esté de bonne vie, renommée et conversacion honeste, senz avoir esté reprins ne actains d'aucun autre villain blasme ou reprouche, et aussi que icelui feu Bardon fu premier agresseur de paroles et de fait, comme dit est, nous lui vueillons sur ce impartir nostre dicte grace. Pour quoy nous, ces choses considérées, etc., à icelui Jehan Mathie ou cas dessus dit avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au seneschal de la seneschauciée de Lymosin et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Tours, ou moys de janvier l'an de grace mil CCC IIIIXX et onze, et de nostre regne le douziesme.

Par le roy, à la relacion du conseil. J. Gilet.