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DCCLVII

Rémission en faveur de Jouan Doyen, de Pierrefitte, coupable d'un meurtre sur la personne de Perrot Rogier, commis le 25 juillet 1350, en revenant de la foire de Bressuire.

  • B AN JJ. 141, n° 280, fol. 161 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 54-55
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous presens et avenir à nous avoir esté humblement exposé de la partie de Jouan Doyen, povre homme chargié de femme et de six petiz enfans, de la parroisse de Pierrefricte en Poitou, que comme le jour de la feste saint Jaque et saint Christofle derrenierement passé ot un an, le dit exposant et Aymery Amaugier se feussent acompaignez avecques un appellé Perrot Rogier, qui avoit un buef achaté en la foire de Bersuire qui estoit celui jour, et en venant de la dicte foire à leurs [p. 55] hostelz, un pou après soleil couchié, feussent entrez en une taverne en la parroisse de Noireterre, en la quele les diz exposant, Aymeri et Perrot Rogier beurent ensemble; et après ce qu'ilz orent beu et qu'ilz furent au chemin pour eulx en aler, le dit exposant qui estoit yvres et seurprins forment du dit vin, courroucié de ce que le dit Perrot par force lui avoit voulu oster en la dicte taverne un grant coustel qu'il avoit, dist au dit Perrot que il avoit batu tellement sa femme que elle avoit eu deux enfans senz baptesme ; par quoy le dit Perrot, senz ce que icelui exposant lui eust dit ou meffait autrement, ne que il eust paravant ce dit jour aucune rancune à lui, meheu de félon courage, se prist au dit exposant et le feri trois cops d'un baston, dont il ot trois plaies, des quelles il yssy grant efusion de sanc. Et lors le dit exposant, veant le péril de mort en quoy le mettoit le dit Perrot, sacha son dit coustel qu'il avoit, et en repellant force contre force, feri d'icelui coustel le dit Perrot par tele maniere que incontinent mort s'en ensuy en sa personne. Pour occasion du quel fait le dit exposant, doubtant rigueur de justice, s'est absenté du païs, et n'y oseroit jamais habiter ne converser, se sur ce ne li estoit impartie nostre grace et misericorde, si comme il dit. Nous adecertes, ces choses considérées, etc., au dit Jouan Doyen, etc., avons quictié, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli des Exempcions de Tourainne, d'Anjou, du Mainne et de Poitou, et à tous noz autres justiciers, etc... Donné à Tours, ou moys de novembre mil CCC IIIIXX et onze, et de nostre regne le douziesme.

Par le roy. Derien.