DCCXCV
Confirmation d'un jugement de maintenue de noblesse en faveur de Jean Dobe, rendu par Jean Guérin et Guillaume Bouchart, commissaires du roi en Poitou pour la recherche des francs-fiefs et nouveaux acquêts faits par gens d'église et personnes non nobles.
- B AN JJ. 146, n° 171, fol. 89
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 168-175
Karolus, Dei gratia Francorum rex. Notum facimus universis, tam presentibus
quam futuris, nos infrascriptas vidisse litteras, formam que sequitur continentes :
A tous ceulx qui ces prasentes lettres verront, Jehan Guerin, licencié en lois, et
Guillaume Bouchart, escuier, commissaires de par le roy nostre sire au païs de Poictou
sur le faict des finances des francs fiefs et acquisicions faictes par gens d'eglise
et personnes non nobles ou dit païs, salut. Si comme plus à plain puet apparoir par les
lettres du roy nostre dit seigneur, des quelles la teneur s'ensuyt : « Charles, par la
grace de Dieu roy de France, à noz bien amez maistre Jehan Guerin, etc.1 Par vertu des quelles
lettres royaulx dessus transcriptes et du povoir à nous donné et commis par ycelles,
nous avons fait appeller et convenir par devant nous Jehan Dobe2 en la ville de Thouars, [p. 169] pour
nous apporter et baillier par declaracion toutes les rentes d'icelles possessions et
choses qu'il tient par lui ou ses predecesseurs, acquises de personnes nobles ou qui
soient parties de fiefs nobles, depuis le temps contenu ès instructions royaulx sur ce
faictes, afin qu'il feust tenu d'en faire finance avecques nous, pour le droit du roy
nostre dit seigneur, selon le contenu ès dictes instructions et conclusions à ceste
fin. Et au contraire de ce, le dit Jehan Dobe disoit et proposoit par devant nous en
jugement que il n'estoit tenuz d'en faire finance avecques nous, et que ainçois la
dicte demande, devoit estre quicte, absolz et delivré à plain, par ce que il disoit
que de raison et à quoy toute coustume général dont l'en use communement et
notoirement en tout le royaume de France, nulle noble personne usant du previllege de
noblesse n'estoit tenuz de faire [finance] pour aucuns acquests que il feist, en
quelque maniere que ce feust. Or disoit le dit Jehan Dobe que, ces choses presupposées
estre vrayes, il estoit et est ainsi ou cas present que il est vray que il est noble
personne, né et extrait de noble ligniée du costé et ligne de par son pere, sanz
bastardie, et que du previlege de noblesce son pere et ses predecesseurs par avant lui
avoient joy et usé, en tous cas et en toutes manieres, à leur voulenté, et semblablement en avoit joy et usé le dit Dobe. Offrant de ces choses à monstrer et prouver
souffisanment, en concluant comme dessus. Lequel propos par lui ainsi fait, nous lui
nyasmes à toutes fins, en faisant litisconlestacion sur ce. Et pour ce
appointasmes que le dit Dobe produirait et ameneroit [p. 170] par devant nous tant
et de telz tesmoings comme bon lui sembleroit, pour lui aidier à sa cause et que de
raison seroit, et que voulentiers nous vacquerons en l'examen et audicion d'iceulx
tesmoings, et que sur leur depposicion lui feront droit.
[p. 174]
Item unes autres lettres annexées ès lettres dessus transcriptes, sellées du seel
de nostre Chastellet de Paris, des quelles la teneur s'ensuyt :
Pour le quel fait prouver, le dit Dobe nous a produiz et amenez par devant nous et
Guillaume Farineau3 juré et notaire des commis de
Poitiers et de Thouars, les personnes dont les noms s'ensuyent, c'est assavoir messire
Rouaut, chevalier, seigneur de la Mote, cappilaine de Thouars, messire Rouaut,
chevalier, seigneur du Plesseys de Veluyre4,
messire Regnault de Meules5, chevalier, [p. 171] seigneur de la Sorrinere et du fief du Gast,
Jehan Goulart6, escuier, seigneur de Saint Florent,
Guillaume Sauvestre7, escuier, seigneur de la Roche et du Gasguerry,
Roulant de la Yoyere8, escuier, Andry de Meules, escuier,
seigneur [p. 172] de Mautravers, Robert, seigneur de Senzay9, escuier, le Galays du Bois, seigneur de Muclet10, Jehan le Mastin, escuier, seigneur de la Roiche Jaquelin11, Milet de
Beaumont12,
escuier, seigneur de la Broce, Jehan, seigneur de Grenoillon, escuier, Guillaume de la
Souppaye, escuier, seigneur de Sazay, Guillaume de Grenoillon, escuier, seigneur du
Ruyau, Guillaume de Fonbrunier, escuier, seigneur de la Riviere, Jehan Rémon, escuier,
seigneur de la Cailleterie13, Symon de Grenoillon, escuier, seigneur de la Guefferie14, Aymery
Hubert15,
escuier, [p. 173] seigneur de Lamberrive (sic), Aymery de Barros16, Guillaume Connil17, escuier, et pluseurs
autres. Les quelx tesmoings dessus nommez nous avons fait jurer et diligenment
examiner sur le propos dessus dit, et leur depposicion mise par escript et retenue par
devers nous. Par la depposicion des quelx et de chascun d'eulx, nous avons trouvé et
sommes souffisanment informez que le dit Jehan Dobe est noble personne et que ses
predecesseurs du cousté et ligne devers le pere, dont il est descendu sanz bastardie,
furent nobles personnes et avoient acoustumé de porter leurs armes, c'est assavoir
d'or à une croix d'azur, semée de coquilles de sables. Savoir faisons que nous par
bonne et meure deliberacion du conseil, veue la depposicion des diz tesmoings et
l'enqueste sur ce faicte, ensemble la commune renommée de l'estat de la personne du dit
Dobe, nous le tenons et reputons noble personne, et que il est venu et yssu de noble
ligne, sanz bastardie du costé et ligne de par son pere. Et disons par nostre jugement
et sentence que il a bien et souffisanment prouvé ses propos cy dessus alleguez, et
qu'il doit joir et user du previllege de noble, et pour ce lui adjugons ses
conclusions et en ycelles adjugeant, l'avons absolz à plain de la dicte demande, et en
ce faisant l'en avons envoyé sanz jour et sanz terme, et sanz faire aucune finance. En
tesmoing de ce, nous Jehan Guerin dessus dit avons seellé ces présentes de nostre
propre seel, le XIIIe jour de juing l'an mil CCC IIIIXX et XIIII.
A touz ceulx qui ces lettres verront, Jehan seigneur de Foleville18 chevalier, conseiller du roy nostre sire, garde de la
prevosté de Paris, salut. Savoir faisons que par devant Vincent Chaon19
et Nicolas Ferrebouc, clers, notaires jurez du roy nostre dit seigneur, de par lui
establiz ou Chastellet de Paris, fut present maistre Jehan Guerin, licencié en lois,
commissaire avecques Guillaume Bouchart, escuier, sur le fait des finances des francs
fiefs et aquisicions faictes par gens d'esglise et de personnes non nobles ou païs
de Poictou, et afferma pour vérité et tesmoingna par son serement et foy de son corps,
donnée ès mains des diz notaires que les lettres faictes le XIIIe jour de juing
derrenierement passé, parmi les quelles ces présentés sont annexées, estoient et sont
seellées de son propre seel, et que les choses dedans contenues sont vrayes. Et ce
certiffions nous à tous, au tesmoingnage dessusdit, par la teneur de ces lettres, ès
quelles nous, en tesmoing de ce, à la relacion des diz notaires, avons miz le seel
de la prevosté de Paris, l'an mil CCC IIIIXX et XIIII, le samedi XIe
jour de juillet.
Quas quidem litteras infra (sic) scriptas ac omnia et singula in eis contenta, rata et
grata habentes, ea laudamus, ratificamus, approbamus ac tenore presentium confirmamus,
in quantum rite et debite facta sunt, et in rem transierunt judicatam. Dantes
tenore presentium in mandatis [p. 175] baillivo Turonensi ceterisque justiciariis nostris,
presentibus pariter et futuris, quatinus prefatum Johannem Dobe nostra presenti
gracia, juxta ejusdem seriem et tenorem, uti et gaudere pacifice faciant et
permittant, ipsum nullatenus molestando. Quod ut firmum et stabile permaneat in
futurum, nostrum presentibus litteris fecimus apponi sigillum. Nostro in aliis et
alieno in omnibus jure salvo. Datum Parisius, mense julii anno Domini millesimo CCCmo
nonagesimo quarto, et regni nostri decimo quarto. Per regem, ad relacionem consilii.
N. de Voisines.
Ainsi signées : N. Ferrebouc. V. Chaon.