[p. 47]

DCCLV

Rémission accordée à Jean Morisset, dit des Châteliers, et à Jean Maynart, demeurant le premier à la Rochemenue et l'autre à Naide, villages sur la paroisse de Saint-Loup-sur-Thouet, qui avaient été pris de nuit en flagrant délit de pêche dans l'étang de Gourgé, au détriment de Geoffroy d'Argenton, seigneur du lieu, avec un engin qu'ils avaient trouvé dans le Thouet et s'étaient approprié.

  • B AN JJ. 141, n° 103, fol. 58 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 47-48
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté exposé de la partie de Jehan Morisset1, dit des Chastellers, nagaires demourant ou vilage de Rochemenue, et de Jehan Maynart2, nagaires demourant ou vilage de Nesdes en la parroisse de Saint Loup, povres hommes, chargiez de femmes et d'enfans, comme à un jour de dymenche environ la saint Jehan Baptiste derrenierement passée, que ilz furent partiz de la ville de Saint Loup pour venir en leurs maisons, et qu'il aloient au lonc de la riviere du Thouex, ilz trouvèrent dedens la dicte riviere un engin appellé verzeul3 pour prenre poisson, dont ilz ne savoient à qui il estoit, lequel verzeul iceulz exposans tirerent et mirent hors d'icelle riviere, senz y trouver lors point de poisson, et puis le musserent en fouchiere emprès la dicte riviere. Et après, ce lesdiz exposans par povreté et neccessité ou autrement mirent et leverent par nuyt IIII [p. 48] ou V foiz le dit verzeul, et en ce faisant ilz y mettaient ou atachoient bouze de beuf envelopée en un drapeau pour prenre mieulz le poisson en un estanc qui est et appartient à nostre amé et feal Gieffroy d'Argenton4, chevalier, seigneur de Gourgié à cause de Jehanne sa femme, lequel estanc est assiz emprès la dicte ville de Gourgié, en quoy ilz ont prins et emporté et fait à leur voulenté du poisson d'icellui estanc, que bien povoit valoir VI blans ou environ. Et pour ce que à la derreniere foiz que iceulz exposans alerent lever le dit engin ou dit estanc, ilz furent trouvez par nuit, environ l'eure de premier somme, sur le dit estanc en present meffait, ilz furent prins et mis ès prisons du dit chevalier au dit lieu de Gourgié, par ses gens ou officiers; ès queles prisons ilz ont esté depuis le mercredi avant la Magdelaine derrenierement passée, et encores sont, à grant misere et povreté et en aventure de souffrir et avoir grieve punicion de leurs personnes, si comme ilz dient, en nous requerans humblement que, actendu ce que dit est et que iceulz exposans ont esté et encores sont gens de bonne vie, renommée et honneste conversacion, senz avoir esté actains d'autre vilain cas ou malefice, nous leur veuillons sur ce impartir nostre grace et misericorde. Pour quoy nous, etc., à iceulz Jehan Morisset et Jehan Maynart, etc., avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli des Exempcions de Touraine, d'Anjou, du Maine et de Poitou, et à touz noz autres justiciers et officiers, etc. Donné à Paris, ou mois d'aoust l'an de grace M CCC IIIIXX, et le XIe de nostre regne.

Par le roy, à la relacion du conseil. N. de Voisines.


1 Il a été question dans notre précédent volume d'un Jean Morisset, sergent du sire de Parthenay, en 1377 (pages 13-16).
2 Ce Jean Maynart et celui qui figure ci-dessous dans des lettres de mars 1396 doivent être deux personnages différents.
3 Sorte de filet qu'on appelle encore aujourd'hui verveux.
4 Second fils de Geoffroy d'Argenton et frère cadet de Guy, mentionnés tous deux à plusieurs reprises dans le quatrième volume des extraits des registres de la Chancellerie, il avait épousé, vers 1360, Jeanne de Vernou (Vernoux), fille de Hugues, écuyer, seigneur de Gourgé et d'Orfeuille, et de Jacquette de Couhé. Suivant MM. Beauchet-Filleau, il était décédé avant le 24 juin 1393, date d'un accord conclu par sa veuve avec le prieur de Gourgé. (Dict. hist. et généal. des familles du Poitou, 2e édit., 1891, in-8°, t. I, p. 102.)