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MDXLIX

Lettres permettant à Guillaume d’Appelvoisin, écuyer d’écurie du roi, d’instituer une foire annuelle, le jour de la saint Pierre, à Pugny dont il était seigneur.

  • B AN JJ. 195, n° 1094, fol. 248 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 4-6
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de nostre chier et bien amé escuier d’escuierie, Guillaume d’Appellevoisin, seigneur de Pugny1, contenant [p. 5] que sadicte terre et seigneurie de Pugny, laquelle il tient en arrerefief de nous, est située et assise eu païs fertil et bien peuplé et ou affluent plusieurs marchans du païs d’environ, pour laquelle cause ledit suppliant feroit voulentiers tenir audit lieu de Pugny une foyre chacun an, au jour de saint Pierre, se nostre plaisir estoit luy donner et octroyer sur ce noz congié et licence, ainsi qu’il dit, en nous humblemment requerant iceulx. Pour quoy nous, ces choses considerées et mesmement qu’il n’y a aucunes autres foyres à quatre lieues à la ronde dudit Pugny, qui se tiengnent ledit jour de saint Pierre, et que ladicte foyre ne sera aucunement nuysable ne prejudiciable à quelsconques autres foyres, comme ledit suppliant nous a fait dire et remonstrer, à icelluy, pour ces causes et mesmement en faveur des bons et agreables services qu’il nous a par cy devant faitz, fait chacun jour et esperons que encores face le temps advenir, avons octroyé et octroyons, voulons et nous plaist, de grace especial, pleine [p. 6] puissance et auctorité royal par ces presentes, qu’il puisse et luy loise faire tenir audit lieu de Pugny ladicte foyre chacun an ledit jour de saint Pierre, et icelle foyre faire cryer et publier ès foyres, marchiés et assemblées et bonnes villes, bourgades et places marchandes du païs d’environ et partout ailleurs ou mestier sera, pour estre tenue audit jour et en joyr et user doresenavant perpetuelment par ledit seigneur de Pugny suppliant et les siens, à telz et semblables previleiges, droiz, coustumes truaiges, estallaiges, fenestraiges, forfaitures, vuidanges et depry que font et ont acoustumé faire les autres ayans foyres ou païs d’environ. Si donnons en mandement par cesdictes presentes, à noz amez et feaulx les gens de noz comptes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers, ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chacun d’eulx, si comme à luy appartiendra, que de noz presens grace, congié, licence et octroy ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant et sesdiz successeurs joyr et user plainement et paisiblement, sans ce que aucun destourbier ou empeschement luy puisse estre fait, mis ou donné ores ne pour le temps advenir en ladicte foyre, ne aux marchans suyvans et frequentans icelle, en quelque manière que ce soit. Et afin que ce soit chose ferme et estable à tous jours, nous avons fait mettre nostre seel à cesdictes presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné à Paris, ou moys de fevrier l’an de grace mil cccc. soixante quatorze, et de nostre règne le xiiiie.

Ainsi signé : Par le roy, le sire d’Argenton2 et autres presens. Tilhart. — Visa.


1 La terre et seigneurie de Pugny appartenait, dès les premières années du xive siècle, à la branche aînée de la famille de Coloigne. Perceval, chevalier, seigneur de Pugny, le Breuil-Bernard, Pierrefitte, etc., sénéchal de Poitou en 1374-1375, dont nous avons parlé longuement (Arch. hist. du Poitou, t. XIX, p. 200 note et aliàs), étant décédé sans enfants de Jeanne de la Grisille, sa femme, laissa une partie de ses biens, dont la terre de Pugny, à sa sœur Héliette de Coloigne, femme de Jean, autrement dit Guillaume, d’Appelvoisin, chevalier, seigneur de la Girardière, Chaligné, etc., ou à leurs enfants. Ce Guillaume d’Appelvoisin, qui obtint de Louis XI l’institution d’une foire et la permission d’édifier une maison forte à Pugny, était l’arrière-petit-fils d’Héliette. Fils aîné de Jacques d’Appelvoisin, chevalier, seigneur de la Guiraire, Pugny et Chaligné, et de Jeanne de la Jumelière, il se maria, par contrat du 29 janvier 1478, avec Iseult de Liniers, fille de Michel, baron d’Airvault. et de Marie Rousseau.

Louis de Beaumont, seigneur de la Forêt-sur-Sèvre, pour se venger d’un procès que lui avait intenté Jacques d’Appelvoisin et, qu’après la mort de celui-ci, son fils Guillaume avait repris, s’attaqua aux habitants de la Guiraire (cne de Boismé, Deux-Sèvres), seigneurie qui appartenait, avec la haute, moyenne et basse justice, au sr de Pugny : il voulut leur imposer contre tous droit et coutume, de faire le guet et garde au château de la Forêt-sur-Sèvre, et, pour les y contraindre, ses officiers leur enlevèrent leurs biens et les soumirent à un régime de vexations et de voies de fait. Révoltés de ces mauvais traitements et soutenus par leur seigneur, Mathurin Drillault, Simon Raynier, dit Charron, Sebastien Bobin et André Noirault, en leur nom et comme syndics et procureurs des autres habitants de la Guiraire, portèrent plainte en justice. L’affaire vint en appel au Parlement, qui condamna les officiers de Louis de Beaumont à la restitution de ce qu’ils avaient pris et à l’amende en réparation des autres excès par eux commis. Ceux-ci ayant refusé d’obéir à l’arrêt et continuant à user de violences contre les sujets de Guillaume d’Appelvoisin, la cour, par un mandement du 8 août 1468, enjoignit au sénéchal de Poitou ou à son lieutenant, de faire exécuter l’arrêt sans aucun retard, et d’exercer de nouvelles poursuites contre les coupables. (Arch. nat., X2a 36, fol. 127 v°). Dans les premiers mois de l’année 1471, le seigneur de Pugny adressa à Louis XI une requête pour être maintenu en jouissance de la pension que lui servait le duc Jean de Calabre (mort le 16 décembre 1470) sur les revenus des terres de La Chaize-le-Vicomte et d’Olonne, et de la capitainerie dudit lieu de La Chaize. (Bibl. nat., ms. fr. 20495, fol. 40.) Guillaume d’Appelvoisin fut député de la noblesse de Poitou aux États généraux assemblés à Tours en 1484, et fit son testament, le 18 avril 1490, laissant pour douaire à sa femme la terre de Chaligné, fondant une chapellenie en l’église de Pugny et y élisant sa sépulture. Il n’eut que deux filles : Anne, dame de Pugny, mariée à Léon II de Sainte-Maure, et Guyonne, autrement Hardouine, qui épousa, en 1504, Antoine Eschalart, seigneur de la Boulaye. (Beauchet-Filleau, Dict. des familles du Poitou, nouv. édit., t. I, p. 87-88.)

2 C’est-à-dire Philippe de Commines ; l’on a vu, dans le précédent volume, comment il devint seigneur d’Argenton (p. 376 note, 442, note).