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MDCLXXIV

Rémission obtenue par Pierre Guinefolleau, bachelier ou jeune homme à marier de la Petite-Boissière, poursuivi en justice, parce que lui et les autres bacheliers de ladite paroisse, qui recueillaient, suivant la coutume, de paroisse en paroisse, les dons et aumônes dits aguil’anneuf, destinés à entretenir une lampe en l’église de la Boissière, ayant été assaillis par les bacheliers de Rorthais, en étaient venus aux mains avec ceux-ci, et avaient tué l’un d’eux, nommé René Gaudin.

  • B AN JJ. 207, n° 5, fol. 3
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 400-403
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous [p. 401] avoir receu l’umble supplicacion de Pierre Guynefolleau, pouvre jeune homme de labour, aagé de xxiii ans ou environ, contenant que pour l’entretennement des affaires et necessitez de l’eglise parroichialle de Sainct Honnoré de la Petite Boessière, dont ledit suppliant est parroissien, que est une très pouvre église, petitement et pouvrement fondée, les jeunes enfans à marier d’icelle parroisse, autrement appellez les bacheliers ou varletz à marier ont de coustume ancienne d’aller par la dicte parroisse et autres circonvoisines par chacun an, les vigille et jour de la feste de la Circoncision Nostre Seigneur, amasser les aulmosnes que donnent les parroissiens des dites parroisses ausdiz varletz à marier, dont ilz entretiennent en ladicte eglise une lampe ardente avecques grant quantité de lamperons davant l’image du Crucefix, ainsi que font les autres varletz à marier des autres parroisses du Bas-pays de Poictou, et pour ce faire ledit suppliant, Jehan et Colas les Baudriz, Jehan Rouault, Mery Texier, Jehan Marchandeau, Gilles de Lavau et Jehan Brisseteau, taborin, se assemblèrent la vigille de la feste de la Circoncision Nostre Seigneur, derrenière passée, pour aller querir et amasser les dites aumosnes que on appelle aguilanneuf, par ladicte parroisse de la Boessière et autres parroisses circonvoisines, et y amasserent plusieurs aulmosnes, comme oreilles et autres pièces de pourceau, pour les vendre et adenerer au plus offrant et derrenier encherisseur, pour les deniers qui en ystroient mettre et emploier à l’entretiennement desdiz lampe, lamperons et autres affaires de ladicte église. Et mesmement se transportèrent les dessus diz au lieu du Sordoys estant de la paroisse de Sainct Jouyn de Mauleon, pour demander au seigneur et dame dudit lieu ledit aguilanneuf, qui voulontiers le leur donnèrent. Et combien que en ce faisant ilz ne feissent aucune injure ne desplaisir à Mathurin Asserin, autrement appellé bastard Vincent Moreau, soy disant un des varletz à marier ou [p. 402] bacheliers de ladicte parroisse de Rorretoys, Estienne Marineau, Colas Chessé et autres varlez à marier d’icelle parroisse et que au moien de ce ilz deussent avoir conceu haine et ne deussent avoir insidié, guecté ni porté nuysance ausdiz varletz de la Boessière ce neantmoins les dessusdiz de la parroisse de Rorretoys, ladite vigille de Circoncision Nostre Seigneur derrenière passée, saichans que les dessus diz varletz à marier de ladite Petite Boessière au département qu’ilz faisoient ou lieu du Sourdeys pour eulx en aller en leur parroisse, passèrent par ung petit pas ou ruisseau d’eaue, vulgaument appellé le pas du Fonteneau, guectèrent et attendirent venir lesdiz varlez de la Petite Boissière dudit lieu du Sordeys, et quant les diz varletz ou bacheliers à marier de la Petite Boissière furent audit pas du Fonteneau, lesdiz varletz ou bacheliers dudit lieu du Rorretoys jusques au nombre de quinze ou environ, embastonnez, chacun d’eulx d’un gros baston, saillirent sur les ditz varletz ou bacheliers à marier de ladicte Petite Boessière. Et incontinant lediz Charron, dit bastart, adroissa ses parolles ausdiz bacheliers de la Petite Boessière ensemble, et des autres compaignons qui voulurent contraindre lesdiz bacheliers de la Petite Boessière leur donner aguillanneuf de leurs dictes rilles, oreilles et aulmones qu’ilz avoient ainsi eu assez pour la cause dessus dicte ; ce que ne voulurent faire lesdiz bacheliers de la Petite Boessière, au moien de quoy ledit bastard, d’un grant et gros baston qu’il avoit frappa ledit Brisseteau, taborin, sur la teste ung grant coup. Lequel suppliant, voyant lui et sesdiz compaignons ainsi guectez, insidiez et injuriez par lesdiz bastart et bacheliers de Rorretoys et ledit Brusseteau ainsi frappé par ledit bastard et que encores ledit bastart s’efforçoit batre et courir sus audit suppliant, icellui suppliant, en voulant resister à la mallice des dessus diz, frappa dudit baston qu’il avoit ledit bastart et le fist tomber à terre, qui incontinant se releva et de rechief frappa ledit [p. 403] Brisseteau. Durant lesquelles questions d’entre lesdiz suppliant, Brisseteau et bastart, avoit grans question entre feu René Gaudin, bachelier de ladicte parroisse de Rorretoys, Jehan Baudry, compaignon dudit supliant que ledit Gaudin et ses compaignons vouloient oultrager, batre et occire, dont ledit suppliant fut dolent et courroucé, ou moien de quoy icellui supliant, en deffendant lui et ses compaignons qui estoient ainsi assailliz sans cause, dudit baston qu’il avoit frappa ledit René Gaudin sur la teste tellement qu’il cheut à terre, et derechief lui donna dudit baston sur la teste à l’endroit de la temple ; desquelz coups ledit Gaudin, dedans ung jour naturel, par faulte de bon gouvernement ou autrement ala de vie à trespassement. A l’occasion duquel cas, ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté du païs, et depuis a esté adjourné à comparoir en personne par devant le seneschal de Mauleon et contre luy donnez certains deffaulz, et doubte que on vueille proceder contre lui par rigueur de justice, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant que, attendu que en tous ses autres faiz il a tousjours esté homme de bonne vie, renommée et honneste conversacion, sans avoir jamais este actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, nous plaise lui impartir nos dictes grace et misericorde. Pour quoy nous, etc., audit supliant avons quicté, remis et pardonné, le fait et cas dessus dit avec toute peine, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Poictou et à tous, etc., que de noz presens grace, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Tours, ou mois de février l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre regne le vingtiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du Conseil. De Villechartre. — Visa. Contentor. Texier.