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MDCCIX

Lettres d’amortissement données en faveur de Nicolas d’Aigremont, curé de Saint-Médard de Thouars, d’une rente annuelle et perpétuelle de 50 livres tournois destinée à la dotation d’une chapelle qu’il a fondée en ladite église sous le vocable de Notre-Dame de Pitié.

  • B AN JJ. 207, n° 80, fol. 39
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 497-500
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion de nostre bien amé Nicolles d’Aigremont1, prebstre, curé de l’église parrochial, monsieur Sainct Medar de ceste ville de Thouars, contenant que, pour la grant et singulière devocion qu’il a eue de tout temps en ladicte eglise monsieur Sainct Medar et a encores de present, il a fait construire et ediffier en ladicte eglise une belle et devote chappelle, appellée la chappelle Nostre-Dame de Pitié en l’onneur et reverence de ladicte dame, et en icelle fait aussi faire ung bel et notable sepulcre2, afin que ladicte dame soit plus devotement servie et honnorée ; et avec ce a intencion de y donner et aumosner la somme de cinquante livres tournois de rente chacun an pour la fondacion et dotacion [p. 498] d’une messe qui sera dicte et celebrée chacun jour en ladicte chappelle, avec une oroison especiale pour Nous, et en la fin de ladicte messe une salutacion en l’onneur de ladicte Vierge, tant pour la prospérité de Nous, de nostre très cher et très amé filz le dauphin de Viennois que aussi pour le salut de l’âme dudit suppliant. Et icelle somme de cinquante livres tournois de rente est deliberé d’acquerir en fief noble ou ailleurs, mais il doubte que quant il auroit ainsi donnée et aumosnée à ladicte eglise, pour la fondacion d’icelle messe oroison et salutacion que noz gens et officiers ou temps avenir y vouloissent mettre et donner empeschement et le contraindre, ou les curez qui y pourroient estre le temps avenir, à en vuider leurs mains, si elle n’estoit par Nous admorties si comme ledit Nicolle d’Aigremont, suppliant, Nous a fait dire et remonstrer, requerant humblement nostre grace et liberalité lui estre sur ce impartie. Pour ce est-il que Nous, ce que dit est consideré et mesmement que ladicte chappelle a esté fondée en l’onneur et reverance de la glorieuse Vierge Marie, mère de Dieu, nostre Createur, à laquelle Nous avons tousjours eu et avons nostre esperance, recours, reffuge et especiale devocion, et à ce que soyons participans ès prières et oroisons qui se font chacun jour et seront faiz cy-après en ladicte eglise monsieur Sainct Medar, et aussi que la fondacion d’icelle messe, oroison et salutacion est faicte pour la prosperité de Nous et de nostredit filz le daulphin, à icellui Nicolle d’Aigremont pour ces causes et autres consideracions à ce nous mouvans, avons octroyé et octroyons, voulons et Nous plaist qu’il puisse et lui loise acquerir en nostre viconté et seigneurie de Thouars et autre part où il pourra licitement le faire, soit en fief noble en hors fief noble jusques à ladicte somme de cinquante livres tournois par chacun an, et icelle rente qu’il aura ainsi acquise jusques à ladicte valleur donner et aumosner à ladicte eglise monsieur Saint Medar, pour le chappellain ou chappellains [p. 499] qui sera ou seront ordonnez à dire et celebrer icelle messe par chacun jour, avec l’oroison et salutacion dessusdicte, et que icellui chappellain ou chappellains et leurs successeurs la puissent tenir et posséder et en joir perpetuellement comme admortie et à Dieu dediée. Et laquelle somme de cinquante livres tournois de rente qui ainsi sera acquise et par lui donnée pour la fondacion et dotacion de ladicte messe chacun jour, oroison et salutacion, Nous dès maintenant [comme] pour lors, avons indempnée et admotie, indempnons et admortissons de grace especial, plaine puissance et auctorité royal par cesdictes presentes, sans ce que ledit chappellain ou chappellains ne leurs successeurs soient tenuz icelle rente mettre hors de leurs mains, ne pour ce paier à nous ne aux nostres aucune finance ou indempnité pour quelque cause et en quelque manière que ce soit. Et laquelle finance, quelle qu’elle soit et à quelque somme qu’elle se puisse monter Nous avons donnée et quictée, donnons et quictons de nostre plus ample grace audit Nicollas d’Aigremont et esdiz chappellains par cesdictes presentes, signées de nostre main, par lesquelles Nous donnons en mandement à nos amez et feaulx gens de noz comptes et tresoriers et à tous noz autres justiciers et officiers ou à leurs lieuxtenans, presens et advenir et à chacun d’eulx, si comme à lui appartiendra, que ledit Nicolas d’Aigremont ledit chappelain ou chappellains, qui seront ainsi ordonnez ad ce et celebrer chacun jour icelle messe, oroison et salutacion et leurs successeurs ilz facent, seuffrent et laissent joir et user plainement et paisiblement de noz presens admortissement, don, quictance et octroy, sans leur faire, mettre ni donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, lequel, se fait, mis ou donné leur estoit, si l’ostent ou facent oster et mettre incontinant et sans delay au premier estat deu. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Thouars, ou mois de fevrier l’an de grace mil cccc, [p. 500] quatre-vings et ung et de nostre règne le vingt et ungiesme.

Ainsi signé : Loys. Par le roy, le bailli de Rouen3 et autres presens, Geuffroy. — Visa. Contentor. Texier.


1 Nicolas d’Aigremont ou Daigremont, curé de Saint-Médard de Thouars, était seigneur de Blanchecoudre et des Trois-Marie, dont il fit aveu à Thouars, les 18 novembre 1454 et 1er septembre 1470. (Bauchet-Filleau, Dict. des familles du Poitou, nouv. éd., t. III, p. 10.) Il y a une sentence contre lui au profit du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers, à cause de 7 deniers de rente qu’il devait sur sa terre de Lormeau à la seigneurie de Luzay, appartenant audit chapitre, après 1476. (Archives de la Vienne, G 871, dans Inventaire sommaire, série G, t. I (1883), p. 146.) [L.C.]

2 Une chapelle de l’église Saint-Médard de Thouars porte encore le nom de chapelle du Sépulcre. [L.C.]

3 Sur Guillaume Picard, seigneur d’Estelan, notaire et secrétaire du roi sous Charles VII, général sur le fait de la justice des aides en Normandie en 1463, conseiller du roi et général des finances avant 1472, chambellan de Louis XI et bailli de Rouen en 1479, mort vers 1492 voy. Lettres de Louis XI, éd. Vaesen, t. IV, p. 112-113, note. [L.C.]