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MDCLVII

Rémission accordée à Henry de La Salle, écuyer, homme d’armes de la compagnie d’ordonnance du capitaine François de La Sauvagère, qui avait frappé d’un coup d’épée mortel, à Verneuil, Jean Grelot, dit des Monceaux, homme de labour, son débiteur, parce que celui-ci, prié de payer ce qu’il lui devait, avait répondu arrogamment et par un démenti.

  • B AN JJ. 209, n° 167, fol. 97
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 342-344
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de nostre ami Henry de La Salle1, escuier, homme d’armes de nostre ordonnance soubz la charge de nostre amé et feal cappitaine Françoys de La Sauvagiere2, contenant que, pour appaiser certain [p. 343] procès meu entre ledit suppliant, d’une part, et deffunct Jehan Grelot, dit des Monceaux, laboureur, demourant en la parroisse de Vernueil, d’autre part, fut, par le moyen d’aucuns leurs amys, accordé et appointé que, pour les fraiz euz et soustenuz audit procès par ledit suppliant, ledit des Monceaux paieroit audit suppliant la somme de cent escuz, et en ce faisant le principal dont il estoit question entre eulx demourroit audit des Monceaux ou aux siens ; desquelz cent escuz lui en furent lors payez contant dix huit, et le reste desdiz cent escuz lui en fut promis payer par lesdiz des Monceaux dedans certain temps lors avenir, comme par lettres sur ce faictes et passées par devant notaire, en presence de tesmoings, peut apparoir. Or est il ainsi que, le mercredi devant la feste [saincte] Marie Magdalene derrenierement passée, ainsi que ledit suppliant revenoit à cheval de ses affaires, rencontra d’avanture, ou bourg dudit lieu de Vernueil, ledit des Monceaux, auquel ledit suppliant demanda gracieusement le reste qu’il lui devoit desdiz cent escuz ; à quoy ledit des Monceaux, qui n’estoit que ung homme de labour, respondy fièrement et orguilleusement qu’il ne lui devoit riens. Et ce oyant icelui suppliant, lui dist tout doulcement qu’il savoit bien que si faisoit ; mais ledit des Monceaux respondy de rechef arroganment audit suppliant qu’il avoit menty. Et se voyant par ledit suppliant, qui est homme noble, ainsi dementy, villipendé et oultragé par ledit des Monceaux, homme rural, pour demander le sien, fut fort esmeu et courroucé, et desplaisant desdictes parolles, descendit de dessus son cheval et se mist à pié. [p. 344] Et pour ce que ledit des Monceaux persistoit tousjours en ses oultrageuses et villaines parolles, ledit suppliant tira son espée et ainsi qu’il cuidoit frapper du plat d’icelle ledit des Monceaux sur la teste ladite espée lui tourna en la main, tellement qu’il le blessa. A l’occasion de quoy, ledit des Monceaulx, par deffault de bon gouvernement et d’estre bien pensé ou autrement, est allé de vie à trespas. Pour raison duquel cas, iceluy suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté du pays et n’y oseroit, etc., se noz grace, etc., humblement requerant que, attendu que tout son temps, il nous a bien et loyaument servy ou fait de noz guerres, et depuis ung an ença a esté prins prisonnier par noz rebelles et desobeysans [subjects, et] lui a convenu payer grant finance pour ses delivrances, qu’il n’avoit aucune intencion de tuer ledit deffunct, que de sa mort ledit suppliant a esté et est fort desplaisant, marry et courroucé, et que en tous autres cas, etc., nous lui vueillons sur ce impartir nosdictes grace et misericorde. Pourquoy nous, etc., audit François3 de la Salle avons quicté, remis, etc., et par ces presentes, etc., quictons, remettons et pardonnons le fait et cas dessus dit, avec toute peine et amende, etc., en mettant au neant, etc. Et l’avons restitué, etc. Satisfacion, etc. Et sur ce imposons silence, etc. Si donnons en mandement par cesdictes presentes au seneschal de Poictou et à tous, etc. que de noz presens grace, etc., sans, etc., ainçois, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Vendosme ou mois d’aoust l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre règne le vintiesme.

Ainsi signé : Par le Conseil. Chambon. — Visa. Contentor. Budé.


1 On ne saurait dire si ce personnage appartenait à la famille du célèbre Gadifer de La Salle, chevalier poitevin qui fit la conquête des îles Canaries avec Jean de Béthencourt, ni même s’il convient de l’identifier avec Henry de La Salle, écuyer, qui, en 1477, faisait partie de la compagnie de Morice du Mené, au service du duc de Bretagne (compte de Guillaume de La Croix de cette année, publié par dom Morice, Hist. de Bretagne, Preuves, t. III, col. 326). Toujours est-il que dès avant le 12 décembre 1479, notre Henry de La Salle servait en qualité d’homme d’armes, sous le seigneur de la Sauvagère. (Cf. la note qui suit.)

2 On conserve aux Archives nationales l’original d’une « monstre et reveue faicte devant Bethune le xie décembre mil quatre cens soixante dix neuf de quatre vingt seize hommes d’armes et deux cens archers du nombre des cent lances fournies de l’ordonnance du roy, estans soubz la charge et conduicte de François de La Sauvagère, conseiller et chambellan d’icelluy seigneur, par nous, Jehan, seigneur de Baudricourt, aussy conseiller et chambellan dudit seigneur, bailly de Chaumont et son lieutenant en la ville de Franchise et pays d’Artois … » (K 72, n° 33.)

3 Sic : pour Henri [L.C.].