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MDCVI

Lettres instituant quatre foires par an et rétablissant le marché le mardi de chaque semaine au bourg de l’Hermenault, en faveur de l’évêque de Maillezais.

  • B AN JJ. 203, n° 48, fol. 28
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 197-200
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et advenir, comme les lieu, place et bourg de L’Ermenault en Poictou appartenant à nostre cher et feal cousin et conseiller l’evesque de Maillesais1, soit assis en païs fertil et de grant passaige et fort frequenté de marchans [p. 198] passans et rappassans chacun jour par iceulx et qui audit lieu y ait eu anciennement marché le mardi de chacune sepmaine et halle pour le tenir, et jusque puis certain temps que ladicte halle est tombée en ruyne et le marché discontinu à cause des guerres et divisions qui ont eu cours en nostre royaulme ; et soit ainsi que nostredit cousin nous ait remonstré, que, pour la decoracion et melioracion dudit bourg et lieu, il feist voulentiers doresenavant tenir et continuer audit jour de mardi de chacune sepmaine ledit marché en icellui lieu et bourg de l’Ermenault et aussi foire à quatre jours de chacune année, l’une le jour saint Blaise, tiers de fevrier, l’autre le jour saint Jehan Porte latin, sixiesme [p. 199] jour de may, l’autre le jour des octaves de l’Assumption de Nostre Dame, xxiie jour d’aoust, et la quarte le ixe jour de decembre, lendemain de la feste Nostre Dame oudit moys, esquelz jour[s] n’a aucunes foires à troys lieues à la ronde dudit lieu de L’Ermenault, s’il nous plaisoit lui octroyer lesdictes foires et continuacion dudit marché. Pour quoy nous, les choses [dessus dictes] considerées et mesmement que audit bourg y a d’ancienneté eu marché audit jour, desirans singulierement l’entrecours de marchandise en nostredit royaulme et inclinans en ceste partie à la requeste de nostredit cousin et autres, et pour autres causes à ce nous mouvans, avons à icellui nostredit cousin, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, octroyé et octroyons par cesdictes presentes que audit lieu de l’Ermenault y ait et soient tenuz doresenavant et à tousjours marché le jour du mardi de chacune sepmaine, ainsi qu’il a esté par cy devant, et lesdictes foires aux quatre jours de l’an dessus declairez, sauf que, se lesdictes foires advenoient au jour du dimanche, elles seront pour celles foiz renvoiez au lendemain ; et icelles foires avons audit lieu, ensemble ledit marché, de nouvel, en tant que mestier seroit, creez, ordonnez, instituez et establiz, creons, ordonnons, instituons et establissons, par cesdictes presentes. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal de Poictou ou à son lieutenant et à tous noz autres justiciers, où à leurs lieuxtenans, presens et advenir, et à chacun d’eulx sur ce requis et comme à luy appartiendra, que en faisant, souffrant et laissant nostredit cousin et ces predecesseurs2 joir et user plainement et paisiblement de nostredit octroy, creacion et establissement, ilz facent publier lesdictes foires et marché par tout où il appartiendra, et icelles tenir et entretenir doresenavant comme les autres foires et marchez [p. 200] du pays d’environ, en contraignant à ce faire et souffrir tous ceulx qui pour ce seront à contraindre, par toutes voyes et manieres deues et raisonnables, et sans faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné à nostredit cousin ne sesdiz successeurs aucun empeschement au contraire, ores ne pour le temps advenir, en quelque maniere que ce soit ; lequel, se fait, mis ou donné leur avoit esté ou estoit, mettent ou facent mettre sans delay à plaine delivrance. Pourveu toutes voyes que, comme dit est, n’y ait ausdiz jours aucunes foires à troys lieues à la ronde dudit lieu de l’Ermenault, ausquelles puissent prejudicier. Et affin que ce soit chose ferme et estable à toujours, nous avons fait mettre nostre seel à cesdictes presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné au Plessis du Parc, ou moys de decembre, l’an de grace mil iiiic lxxvii, et de nostre règne le xviie3.

Ainsi signé sur le reply : Par le roy, l’evesque d’Alby et maistre Raoul Pichon4, presens, Disome. — Visa.


1 Jean d’Amboise, second fils de Pierre d’Amboise, seigneur de Chaumont, et de Jeanne de Bueil, abbé de Bonnecombe au diocèse de Rodez et de Saint-Jean d’Angély, dont il était en possession en 1474 et qu’il n’avait plus en 1479, devait être dès cette époque évêque de Maillezais. On ne sait à quelle date exactement il fut placé à la tête de cette église. Son prédécesseur, Louis Rouault, qui était en même temps abbé commendataire de Saint-Pierre de Bourgueil, mourut le 13 mars 1477, quelques années après avoir abdiqué. (Voy. la notice consacrée à ce prélat dans notre tome X, Arch. hist. du Poitou, XXXV, p. 324.) La Gallia christiana ne dit pas s’il quitta le siège épiscopal de Maillezais en même temps que l’abbaye de Bourgueil ; le dernier acte qui le mentionne en qualité d’évêque est du 9 novembre 1472. (Tome II, col. 1374 ; t. XIV, col. 664.) Toujours est-il que Jean d’Amboise ne lui avait pas succédé encore au mois de février 1475 ; il est nommé dans trois lettres de Louis XI des mois de janvier et février de cette année et y prend seulement les titres de protonotaire du Saint-Siège et de maître des requêtes de l’hôtel du roi. (J. Vaësen, Lettres de Louis XI, t. V, p. 307, 319, 321.) MM. de Sainte-Marthe, tout en constatant que le nom de Jean d’Amboise se trouve dans la liste des évêques de Maillezais, affirment qu’il n’y a aucun acte de lui dans les registres de cette église et que son épitaphe ne dit point qu’il ait eu cet évêché. Aucun doute cependant ne peut subsister à cet égard. Dans un procès au Parlement au sujet de la possession de ce siège entre Frédéric de Saint-Séverin, nommé par le pape, et Guillaume Le Roy élu par le chapitre, le premier déclare qu’il y a été promu, medio translationis Johannis de Ambasia, Malleacensis episcopi, ad episcopatum Lingonensem. Arrêt interlocutoire du 12 mars 1485, n.s. (Arch. nat., X2a 119, fol. 15.) — [Jean d’Amboise s’obligea envers la Chambre apostolique, pour son évêché de Maillezais, le 31 juillet 1475 — Eubel, t. II, p. 204, L.C.]

C’est en 1481 que Jean d’Amboise, devenu évêque, duc de Langres, pair de France, fit son entrée solennelle dans cette ville, et son rôle dans cette nouvelle dignité est mieux connu. Institué par Louis XI lieutenant général en Bourgogne, il continua à exercer cette charge sous Charles VIII. Il rétablit les lieux dépendant de sa mense épiscopale, fit entourer de fossés et de murailles la petite ville de Mussy où il fit bâtir un beau château pour la demeure de ses successeurs, puis se démit, l’an 1497, de son évêché en faveur de son neveu, nommé aussi Jean d’Amboise, et se retira à Dijon où il mourut le 28 mai 1498. (Gall. christ., t. II, col. 1374 ; t. IV, col. 630 ; le P. Anselme, Hist. généal., t. II, p. 221.) L’évêque de Maillezais et de Langres eut pour frère Louis d’Amboise, évêque d’Albi (ci-dessus, p. 184 note), Pierre d’Amboise, évêque de Poitiers (21 nov. 1481 au 1er sept. 1505) et le fameux Georges d’Amboise, cardinal archevêque de Rouen et ministre de Louis XII.

2 Sic. Distraction du scribe pour « successeurs ».

3 Ces lettres patentes sont imprimées, d’après la même source, dans la collection des Ordonnances des Rois de France, in-fol., t. XVIII, p. 423.

4 Pour Louis d’Amboise, évêque d’Albi et Raoul Pichon, conseiller au Parlement, cf. ci-dessus, p. 184 et 185.