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MDCXXIX

Lettres permettant à Etienne Taveau1, abbé de Notre-Dame de la Vernusse, prieur de Barbezieux et du Puy-Notre-Dame, d’établir une garenne à lapins dans les terres dont il est seigneur comme prieur du [p. 260] Puy-Notre-Dame ou qui lui appartiennent en propre, savoir « une pièce de terre qui est en bois et tailliz, tenant d’une part au chemin par où l’on va dudit lieu du Puy au Auzières, d’autre au chemin, par lequel l’en va dudit Puy à Monstreul Belay, d’autre au chemin par lequel on va de Chavannes ès fontaines, et d’autre part aux terres dudit suppliant ; et aussi luy appartient une autre pièce de terre que on appelle les Perrières Billart, esquelz lieux ou en partie d’iceulx a plusieurs [p. 261] repaires de connilz … Si donnons en mandement par ces presentes, au bailly de Touraine, juge des ressors et exempcions d’Anjou et du Maine et à tous noz autres justiciers, etc. Donné audit lieu du Puy Nostre Dame, ou moys de mars l’an de grace mil IIIIs soixante dix huit, et de nostre règne le dix huitiesme. — Ainsi signé. Par le roy, le comte de Marle, mareschal de France, les sires de Curssay2, de la Roche Tisson3 et plusieurs autres presens. J. de Chaumont. — Visa. Contentor. De Moulins.

  • B AN JJ. 205, n° 160, fol. 85 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 259-261
D'après a.


1 Il y a beaucoup d’apparence que ce personnage appartenait à la famille des barons de Mortemer du nom de Taveau ; mais la généalogie qui en a été publiée par M. Beauchet-Filleau ne permet pas de l’y rattacher avec certitude. (Dict. des familles du Poitou, 1re édit., 1840-1854, t. II, p. 694.) La Gallia christiana est à peu près muette sur Etienne Taveau ; elle le mentionne purement et simplement dans le catalogue des abbés de Notre-Dame de la Vernusse ou de Grosbois, au diocèse de Bourges, d’après un acte de 1489, et dans celui des abbés de Saint-Benoît de Quinçay près Poitiers, on lit : Stephanus Taveau, 1485, 86, 87 et 1491 Vide in Vernucia, et c’est tout. (Tome II, col. 192 et 129.) A propos du prieuré de Puy-Notre-Dame, qui dépendait de l’abbaye de Montierneuf de Poitiers, M.C. Port le cite en ces termes : « Etienne Thaveau, abbé de la Vernisse et de Saint Benoît de Quinçay, 1438 (sic), 1492. Il avait obtenu du pape Innocent [VIII] en novembre 1489 la réunion de la cure à son bénéfice, acte que l’évêque contestait comme illicite et qu’une bulle nouvelle d’Alexandre VI du 28 décembre 1495 approuva, quoiqu’elle n’ait pas été maintenue. » (Dict. hist. et géogr. du Maine-et-Loire, t. III, p. 203.)

Etienne Taveau, alors étudiant à l’Université de Poitiers et comme tel placé en la sauvegarde spéciale du roi, était déjà en 1462 prieur du Puy-Notre-Dame. L’église du lieu avait été fortifiée pendant les guerres et sur tout le pourtour des murs extérieurs, entre les piliers, des petits édifices avaient été construits pour mettre à l’abri les habitants de la ville et leurs biens. La paix revenue, la plupart de ces bâtisses avaient été abandonnées et détruites. Il en restait cinq ou six que le curé, la fabrique et les paroissiens, d’un commun accord, avaient résolu de faire disparaître. Mais le prieur, qui percevait un cens sur ces petites maisons, était opposé à leur destruction. Dans la nuit du 18 mai 1462, cent ou deux cents habitants réunis dans l’église, munis d’outils et armés, entreprirent la démolition projetée. Dans leur ardeur à raser les maisonnettes, ils firent trois larges brèches aux murs de clôture du prieuré dont ils empêchaient les moines de sortir en les menaçant de mort, et commirent encore d’autres excès et dégâts. Le prieur, en réparation de ces excès, les fit assigner devant le sénéchal de Poitou. Le procès dura longtemps. Le 28 avril 1467, les habitants du Puy-Notre-Dame obtinrent des lettres de rémission, que le sénéchal de Poitou entérina tout en accordant au demandeur des dommages intérêts. Et Etienne, Taveau, jugeant ceux-ci insuffisants, releva appel au Parlement. La cour, par un arrêt très explicite et congrument motivé, du 23 février 1469, confirma la sentence du sénéchal en ce qui concernait l’entérinement des lettres de rémission et condamna les défendeurs à deux cents livres envers le premier et aux frais de la cause principale. (Arch. nat., X2a 36, fol. 151 ; voy. aussi des mandements touchant l’exécution de cet arrêt, datés des 28 février et 6 juillet de la même année, id., fol. 203 r° et v°, 239.) Nous compléterons cette notice par les renseignements contenus dans la première édition, devenue rare, du Dictionnaire des familles du Poitou : « Etienne Taveau prieur du Puy-Notre-Dame, transigeait, le 10 novembre 1486, avec les fabriqueurs de ce prieuré au sujet de sept chapellenies qu’il y avait fondées, et dont il se prétendait collateur. Il était aussi abbé de Saint-Benoît de Quinçay en 1490, lorsque, par une bulle du 27 juin de la même année, le pape confirma un traité qu’il avait passé avec le curé et les fabriqueurs du Puy-Notre-Dame. Nous le voyons ajourné par lettres du conservateur des privilèges royaux de l’Université de Poitiers, en date du 16 août 1490, à la requête de Mathurin de Dercé, doyen de Luçon, qui prétendait être propriétaire de la cure du Puy-Notre-Dame, dont Etienne s’était emparé, et, le 7 septembre 1491, il traitait avec Pierre d’Amboise, évêque de Poitiers, qui prétendait illicite et nuisible à des intérêts l’union qu’Etienne avait fait faire par le pape de la cure ou vicairie perpétuelle du Puy-Notre-Dame à son prieuré. » (Tome II, p. 694.)

2 Jacques Odart, seigneur baron de Cursay, de Sammarçolles, Messay, Maulevrier, le Moulin-de-Celles, en Loudunois, chambellan du roi, grand fauconnier, puis grand panetier de France. On trouvera plus loin quelques renseignements complémentaires, à l’occasion de lettres de Louis XI de septembre 1480, données en sa faveur.

3 François Lucas, écuyer, valet de chambre puis chambellan de Louis XI, avait reçu en don du roi, par lettres patentes données à Amboise, au mois d’octobre 192, la terre et seigneurie de la Roche-Tesson en la vicomté de Coutances, récemment rentrée au domaine par le décès de Guillaume de Valée, écuyer, à qui elle avait été octroyée par le même roi, en octobre 1461 parce qu’elle avait appartenu jadis aux ancêtres d’Isabeau Tesson, femme dudit Guillaume. (Arch. nat., X1a 8605, fol. 265 v° et 266 ; X1a 8606, fol. 277 ; Vaësen, Lettres de Louis XI, t. X, p. 173.) Le Dict. des hommages et aveux de Normandie par Brussel mentionne trois lettres de souffrance d’aveu accordées à François Lucas pour la terre de La Roche-Tesson (13 mars 1473, 6 juin et septembre 1476).