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MDCCXIV

Rémission accordée à Louis Cousin, maître cordonnier à Mauzé, poursuivi comme complice du meurtre de Jean de Saint-Benoît, commis par Foucaut Guesdon, son valet, qui lui-même avait obtenu ses lettres de rémission1.

  • B AN JJ. 209, n° 113, fol. 65 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 521-522
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion de Loys Cousin, povre cordouannier, demourant en la ville de Mauzé en Xantonge, aagé de cinquante ans ou environ, chargé de femme et de cinq petiz enfans, contenant que ung jour environ les Roysons2 derreniers ledit suppliant, Foucault Guesdon et Bernard, ses varletz, et Philebert Bardet, qui besoingnoit avecques lui dudit mestier de cordouannier, entreprindrent d’aller jouer aux champs vers le molin neuf et au lieu de Crans ou demeure la mère dudit suppliant, distant dudit Mauzé d’environ ung quart de lieue. Et quant ilz furent sur les champs, ledit Guesdon s’en alla le premier, lesdiz Bernard et Philibert après, et ledit suppliant le derrenier assez loing. Et advint que ledit Guesdon rencontra sur les champs, avec ung nommé Chemillé, feu Jehan de Sainct-Benoist, qui estoit dudit mestier de cordouannier et avoit demouré et besoingné avec ledit suppliant par quatre ans ou environ. Et pour ce que ledit de Sainct Benoist, le jour precedent, avoit batu et oultragé ledit Guedon, ilz eurent parolles ensemble et en l’absence dudit suppliant qui estoit demouré derrière, s’entrebatirent iceulx de Sainct Benoist et Guesdon, et tellement que icellui Guesdon, après qu’il eut esté blecié et oultragé par ledit de Sainct Benoist, qui estoit mal renommé et qui autresfoiz avoit, comme l’en dit, fait murtre dont il avoit [p. 522] obtenu lettres de remission, pour soy deffendre et resister contre ledit de Sainct Benoist, le frappa ung coup d’estoc d’un braquemart ou espée par la poitrine, dont il tumba mort, ainsi que depuis on rapporta audit suppliant qui estoit demouré derrière, comme dit est, lequel en fust fort desplaisant. Et combien que ledit suppliant n’ait esté present audit coup, mais fust demouré derrière, comme dit est, et que ledit Guesdon qui dudit coup a obtenu noz lettres de remission, eut deschargé dudit cas icellui suppliant, toutesvoies pour occasion dudit cas et aussi pour ce que autresfoiz il avoit pourchassé faire informacions contre ledit feu de Sainct Benoist pour oultraiges qu’il lui avoit faiz et dit que, s’il n’estoit puny par justice, que une foiz il en seroit vengé ou semblables parolles en effet, icellui suppliant a esté constitué prisonnier ès prisons de la justice dudit lieu de Mauzé et esté fait son procès et s’est porté pour appellant de ce que on le vouloit mettre en geheyne et torture, lequel appel il a relevé par devant le gouverneur de la Rochelle où est le procès pendant indecis, il doubte que on voulsist contre lui proceder par rigueur de justice, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement requerant icelles. Pour quoy Nous, etc., voulans, etc., audit suppliant avons quicté, remis et pardonné le fait et cas dessus dit, avecques toute peine, etc., en mettant au neant, etc. Et l’avons restitué, etc., satisfacion, etc. Et imposons silence, etc. Si donnons en mandement au gouverneur de la Rochelle, et à tous, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Tours, ou mois d’avril l’an de grace mil cccc. quatre vings et ung, et de nostre regne le vingt et ungiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du Conseil. F. Texier. Visa. Contentor. Texier.


1 Tours, juillet 1481, dont le texte est imprimé ci-dessus.

2 Les Rogations.