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MDCXCI

Rétablissement à Angle, en faveur de l’évêque de Poitiers, de deux foires chaque année et du marché le lundi de chaque semaine.

  • B AN JJ. 209, n° 98, fol. 57 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 450-452
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion de nostre amé et feal conseiller Guillaume, evesque de Poictiers1, contenant que à cause de son evesché il est seigneur du lieu d’Angle où il y a chastel et place fort, situé et assis ou pays du Poictou en bon pays et fertil et assez près de bonnes et ville et villages, et y frequentent et passent souvant plusieurs marchans et autres gens allans et venans de pays en autre, portans marchandises et autrement, et auquel lieu anciennement avoit pluseurs habitans et gens demourans et ung marché chascune sepmaine au jour de lundi ; mais à l’occasion des guerres et divisions qui ont eu cours le temps passé, et mesmement du temps des Angloys qui tenoient et occupoient le pays de Guyenne et autres pays d’environ, ledit lieu d’Angle a esté fort depopulé et gasté, ledit marché laissé et discontinué ; et à ceste cause, pour le bien et utilité dudit lieu d’Angle et repopulacion d’icellui et du pays d’environ, seroit besoing à nostredit conseiller suppliant avoir audit lieu deux [p. 451] foires l’an et ung marché chascune sepmaine, pour y estre tenues et continuées d’ores en avant perpetuellement et à tousjours, c’est assavoir la premiere au jour et feste saint Mathias ou moys de fevrier et l’autre au jour et feste saint Jaques et saint Christofle ou moys de juillet, et le marché au jour de lundi, ainsi qu’il estoit acoustumé le temps passé, se nostre plaisir estoit icelles foyres et marché y establir et ordonner de nouvel, en Nous humblement requerant que, actendu ce que dit est, et que à quatre lieues à la ronde dudit lieu d’Angle n’a ville ne lieu où il y ait foires ne marché audit jour et festes, il Nous plaise sur ce luy impartir nostre grace. Pour quoy Nous, les choses dessusdictes considerées, inclinans liberalement à la requeste de nostredit conseiller etc. suppliant, et en faveur des bons et agreables services qu’il Nous a par cy devant faiz en plusieurs et diverses manieres, fait et continue chascun jour, et pour autres causes et consideracions à ce Nous mouvans, avons creé, ordonné et estably, et par la teneur de ces presentes, de nostre grace especial, plaine puissance et autorité royal, creons, ordonnons et establissons audit lieu d’Angle lesdites deux foires l’an, c’est assavoir la premiere au jour et feste saint Mathias ou moys de fevrier et l’autre au jour et feste saint Jaques et saint Christofle ou moys de juillet, et ledit marché au jour du lundi, pour y estre tenues et continuées d’ores en avant perpetuellement et à tousjours mais, pourveu toutesvoyes que ausd. jours et festes n’ait aucunes foires ne marché à quatre lieues à la ronde dudit lieu d’Angle et que lesdites foires et marché ne soient prejudiciables à Nous ne a la chose publique et que noz droiz et devoirs n’en soient aucunement diminuez. Si donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers ou à leurs lieuxtenans presens et advenir et à chascun d’eulx, si comme à luy appartiendra, que nostredit conseiller suppliant, ses successeurs [p. 452] et habitans dudit lieu d’Angle ilz facent, souffrent et laissent d’ores en avant et à tousjours joyr et user de noz presens grace, creacion, octroy et establissement de foires et marché plainement et paisiblement, ainsi que font les autres lieux du pays d’environ où il y a foires et marché, en faisant ou faisant faire crier et publier lesdites foires et marché ausd. jours, festes et lieu, et y establir places, estaulx, loges et autres choses necessaires, ainsi qu’ilz verront au cas appartenir, car ainsi Nous plaist-t-il estre fait, non obstant quelzconques ordonnances, restrinctions, mandemens ou deffenses à ce contraires. Et afin que ce soit chose ferme et estable à tousjours, Nous avons fait mectre nostre seel à ces presentes, sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné au Plesseis du Parc lez Tours, ou moys de juillet, l’an de grace mil cccc iiiixx et ung, et de nostre regne le vingt et ungiesme.

Ainsi signé : Par le roy, l’evesque d’Albi, le conte de Castres, me Jehan de La Vacquerie2 president et autres presens, J. Duban. — Visa. Contentor. F. Texier.


1 Guillaume de Clugny (ou Cluny), évêque de Poitiers depuis le commencement de l’année 1479, décédé entre juillet et le 21 novembre 1481. (Cf. sa notice, ci-dessus, p. 431, note.)

2 Louis d’Amboise, évêque d’Albi (voy. ci-dessus, p. 184, note), Boffile de Juge, comte de Castres (id., p. 326, note), et Jean de La Vacquerie, président au Parlement de Paris (id., p. 316, note).