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MDXCVI

Rémission en faveur de Jean Bertaut, receveur à Blaslay des possessions du chapitre de Saint-Martin de Tours, de Jean Vesquaut et Jean Brun, ses serviteurs, qui, requis par le prévôt de Blaslay, d’enlever la moisson d’un champ appartenant audit chapitre et usurpé par Mathurin Guerin et André Quenault, avaient dû en venir aux mains avec ceux-ci et avaient frappé mortellement le premier.

  • B AN JJ. 206, n° 1131, fol. 245
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 164-166
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons, [p. 165] etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Vesquaut, Jehan Brun et Jehan Bruet, povres gens de labour, chargez de femmes et mesnaige, et de Jehan Bertaut le jeune, demourans au Vergier-Saint-Martin, contenant que ledit Jehan Bertault est receveur de noz chiers et bien amez les doyen, tresorier et chapitre de l’église Monsieur Saint-Martin de Tours1 et du prevost de Blalay en ladicte église sur leur terre et revenue qu’ilz ont audit lieu de Blalay et environs près Mirebeau ; pour raison de laquelle terre lesdiz de Saint-Martin et mesmement ledit prevost se dient estre seigneur d’une piece de terre assise en la Voye parfonde au-dessus du Gué de Blelay, c’est assavoir ledit prevost du fons et les diz doyen et chapitre de la disme des fruitz croissans en icelle ; et laquelle terre Mathurin Guerin et André Quenault ont, contre le vouloir desdiz de Saint-Martin et prevost, labourée et emblavée ceste presente année ; ce que ledit Bertaut le jeune fist savoir ausdiz de Saint-Martin et prevost. Lequel prevost, de ce adverty, donna charge audit Bertaut de lever ledit blé. Et à ceste cause icellui Bertaut, le jeudy viie jour de ce present moys d’aoust, pour ce qu’il fut adverty que lesdiz Guerin et Quenault avoient cuilly et enlevé presque tout ledit blé, sans y avoir laissé disme ne recognoissance de seigneurie, il delibera qu’il iroit en ladicte terre pour lever le remanant dudit blé, et environ huit ou neuf heures au soir dudit jour, commanda ausdiz Vesquault et Brun, ses serviteurs, qu’ilz alassent en ladicte terre, ce qu’ilz firent et ilecques trouvèrent lesdiz Guerin et Quenault et la femme d’icelluy Quenault, ausquelz iceulx serviteurs dirent qu’ilz n’enmeneroient pas lesdictes gerbes. A quoy iceulx Quenault et sa femme respondirent que si feroient, [p. 166] et ledit Vesquault dist que non et qu’il les en garderoit, s’il povoit. En disant lesquelles parolles, ledit Guerin se print par derriere au colet dudit Vesquault et s’efforça le faire tumber à terre, ce qu’il ne pot faire, ains icelluy Vesquault se evada de luy et luy dist que plus ne luy touchast, autrement luy monstreroit comment luy en desplaisoit. Après lesquelles parolles, ledit Guerin se départit d’illec et ledit Vesquault dist audit Brun, present lesdiz Quenault et sa femme, qu’il alast dire audit Bertaut, leur maistre, qu’il menast ou feist mener illec, sa charrete, ce qu’il fist, et tout incontinent lesdiz Brun, Bertaut et Bruet se transportèrent avec une charrete et deux mules en ladicte terre et se mirent à lyer et mettre en gerbe partie dudit remanant de blé. En quoy faisant, survindrent lesdiz Guerin, Quenault, Hillaire Quenault, Jehan Bruet (sic), la femme de Jehan Quenault et autres, lesquelz dirent telles parolles : « Estes-vous là, Bertaut ? » Et il leur respondit : « Oy » ; et lors ledit Guerin luy dist : « Vous en voulez mener mes gerbes, mais vous ne les en menrrez pas », et en ce disant, d’un pal de charrète qu’il avoit, frapa ledit Bertault sur la teste tel cop qui le fist cheoir à terre et perdre la parolle ; et se gectèrent icelluy Guerin et la femme dudit André Quenault sur icelluy Bertault et s’efforçoient de l’estrangler et faire illecques mourir. Et ce voyant ledit Vesquault, serviteur dudit Bertaut, print ung pal de charrete, duquel il frapa sur ledit Guerin ung cop ou deux, ne scet sur quelle partie de son corps. Au moyen desquels cops ledit Guerin, deux ou troys jours après, ala de vie à trespas. Au moyen duquel cas lesdiz supplians se sont absentez, etc., requerans, etc. Pour quoy nous, etc., ausdiz supplians avons quicté, etc., les faiz et cas dessusdiz, avec toute peine, etc. Si donnons en mandement au bailly de Touraine, etc. Donné à Paris, ou moys d’aoust, l’an de grace mil cccc. soixante dix sept, et de nostre règne le xviime.

Ainsi signé : Par le conseil. De Villebresme. — Visa.


1 Le chapitre de Saint-Martin de Tours possédait, dans le Mirebalais, l’église de Blaslay, l’église de Doussay, l’église de Varennes, et les terres du Verger-Saint-Martin.