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MDCXLI

Rémission octroyée à Jamette Bizot, pauvre fille de vingt ans, détenue en prison à Persac, pour infanticide. Sur le conseil de son séducteur, qui l’avait rendue quatre fois mère, elle avait noyé son dernier né.

  • B AN JJ. 205, n° 319, fol. 181 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 296-297
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amis charnelz de Jamette Bizote, povre jeune fille aagée de vingt ans ou environ, fille de Jehan Bizot et de Marguerite, sa femme, povres simples gens de labour, demourans en la parroisse de Peressac, contenant que despuis quatre ans ou environ elle fust tellement poursuyvye d’ung nommé Simon Pynaud, demourant en ladite parroisse, lequel par ses subtilz moiens et blandisses parolles se consenty (sic) a soy et eust sa compaigniée par plusieurs foiz. Au moien de quoy elle eust deux enffans d’une ventrée ; et despuys ledit Pynaud perseverant tousjours en son propos et obstinacion, trouva façon d’avoir encores la compaignée de ladite Jamette, et tellement qu’il l’engroissa par une autresfoiz ; lequel voyant qu’elle estoit grosse, l’a soubztraict d’entre les mains desdiz père et mère et la tint celeement par long temps, jusques à ce qu’elle eust en delivrance de sa portée, laquelle après, elle toute seulle porta (?) sur ledit Pynaud et le laissa, et après s’en retourna en l’ostel de sesdiz père [p. 297] et mère. Et non contens encores de ce que dit est, ledit Simon Pynaud, en perseverant tousjours en son propos, trouva façon d’avoir la compaignée de ladite Jamette, laquelle il a engroissé de rechief, et affin de eviter … couvrit et cella ledit cas. Ledit Pynaud, qui doubtoit en estre pugny par justice, a trouvé moien de la faire aller acoucher en une vigne ou près d’icelle et de l’ostel de sesdiz père et mère, ost ung autre enffant, lequel par l’ennortement dudit Pynaud, cuidant celler ledit cas et eviter la pugnicion de justice, aussi par la temptacion de l’ennemy, gecta ledit enffant en une rivière près d’illec, et icelluy precipita mort. Au moien de quoy ladite Jamete est à present detenue prisonnière ès prisons des seigneurs de Peressac en la Marche par les officiers dudit lieu, où elle est en voye de miserablement finer ses jours, se noz grace et misericorde, etc. Pour quoy, etc. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal de Poictou ou à son lieutenant à Montmorillion et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Saint-Martin de Candé, ou moys de septembre, l’an de grace mil cccc. soixante dix neuf, et de nostre règne le dix neufviesme.

Ainsi signé : Par le roy. Mareschal. — Visa. Contentor. Texier.