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MDCLXXXVI

Rémission accordée à Jean Aymar ou Emar, de Champagne en Poitou, coupable du meurtre de Martin Mousnier, avec lequel il s’était pris de querelle et en était venu aux mains, parce qu’il l’avait surpris en train de démolir une masure lui appartenant.

  • B AN JJ. 207, n° 242, fol. 111, v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 440-442
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion de Jehan Emar, povre [p. 441] homme de labour, demourant à Champaigne en Poictou, contenant que à lui et à ses parsonniers compecte et appartient une masure située et assise en la grant rue Sainct Michiel dudit Champaigne, et de laquelle masure ilz ont jouy et leurs predecesseurs par l’espace de soixante ans et plus à bon tiltre, sans aucun contredit ou empeschement, et jusques à ce que Guillaume Emar, frere dudit suppliant et l’un de ses parsonniers, le samedi XIIIIe jour du mois de juillet derrenier passé trouva feu Martin Mosnier cousturier, lequel estoit homme noiseux et felon, et Pierre Barriere, lesquelz rompouoeent (sic) les murailles de ladicte masure : ausquelz il dist pour quoy ilz se mectoient en ladicte masure et qu’elle n’estoit point à eulx, et qu’ilz faisoient mal de rompre ladicte masure, en lui disant qu’il le diroit à ses frere et parsonniers ; lesquelz respondirent qu’ilz n’en laisseroient rien à faire pour eulx, en usant de grosses et rigoreuses parolles. Oyant lesquelles, ledit Guillaume les laissa et s’en alla en son hostel. Et depuis, le dimenche quinzeiesme (sic) jour dudit mois ensuivant ledit jour de samedi, ledit feu Martin Mousnier se transporta au lieu de Benays, ouquel lieu il print noise, comme sa coustume estoit, à aucuns habitans dudit Benays, tellement qu’il y eut grant effusion de sang, et peut estre qu’il y fut batu. Et le lundi seizeiesme jour dudit mois ensuivant, environ heure de huit heures devers le matin, Pierre Aymar frere dudit supliant et Huguet Aymar filz d’icellui suppliant s’en allerent besoingner en ladicte masure pour amasser les pierres pour bastir, et, ainsi que ilz besoingnois (sic), une heure après ensuivant y survint ledit suppliant qui y besoigna semblablement. Et incontinant survindrent lesdiz Pierre Barriere et feu Martin Mousnier, cousturier, lesquelz avoient chascun une trave, et lequel feu Mousnier entra de felon couraige dedans lesdictes masures sans mot dire et rompit le mur par où il passa, et au regard dudit Pierre Barriere, n’entra point dedans. Et [p. 442] incontinant ledit Mosnier estant dedans et Barriere commancerent à rompre la muraille et abatre partie desdictes masures, en disant audit suppliant et à sesdiz frere et filz qu’ilz besoingnoient en leurs heritaiges,1 etc. … Si donnons en mandement etc., au seneschal de Poictou et à tous, etc., que de noz presens, etc., ilz facent, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné au Plesseys du Parc lez Tours, ou mois d’avril, l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre règne le vingtiesme, avant Pasques.

Ainsi signé : Par le roy tenant ses Requestes. J. Duban. — Visa. Contentor. Texier.


1 La suite est la reproduction presque identique de la rémission donnée, au mois d’août précédent (ci-dessus p. 332) pour les mêmes faits, en faveur de Pierre et Huguet, frère et fils de Jean Aymar.