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MDCLXX

Lettres de création de quatre foires par an à Saint-Loup, en faveur de Jean de Dercé, chambellan du roi, seigneur du lieu.

  • B AN JJ. 207, n° 18, fol. 9 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 389-392
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de nostre amé et feal conseiller et chambellan Jehan de Dercé, chevalier, seigneur de Saint-Loup et dudit Dercé1, contenant que [p. 390] entre ses autres terres et seigneuries il est seigneur de ladicte terre, seigneurie et chastellenie dudit Saint-Loup, assise en nostre païs et conté de Poictou, où il a plusieurs beaulx droiz et marché ancien chacun jour de samedy de l’an, et y resident et communiquent plusieurs marchans rusaulx2, mecaniques et autres de divers estatz et condicions, pour ce que le païs est fort fertil et fondé en blez et vins ; laquelle terre et chastellenie au moien des guerres et divisions qui ont esté en nostre royaume, a esté et est fort depopulée, et seroit convenable, utille et prouffitable, pour le bien de nous et de la chose publicque du païs et des subgetz d’icelle chastellenie, y avoit et tenir foires, comme ès autres chastellenies d’icelui païs. Et à ceste cause nostre dit conseiller, qui a grant désir et affection de repopuler, accroistre et augmenter sadicte chastellenie de Saint-Loup et entretenir les subgetz et habitans d’icelle, nous a supplié et requis qu’il nous plaise y faire et creer quatre foires l’an et sur ce lui impartir noz grace et provision. Pour quoy nous, les choses dessus dictes considérées et les bons et agreables services que nostre dit conseiller nous a par cy devant faiz et fait encores presentement en court de Romme où l’avons envoyé en ambassade par devers nostre Sainct Pere pour aucuns noz affaires, et esperons que encores face ou temps avenir, inclinans par ce liberallement à sadicte requeste, et aussi afin qu’il puisse augmenter et acroistre sadicte terre et chastellenie, à icellui nostre conseiller, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, avons fait et créé, faisons et creons, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, dores en avant, à tousjours més perpetuellement, audit lieu et chastellenie de Sainct-Loup quatre foires par chacun an, c’est assavoir l’une le jour et [p. 391] feste de sainct Ylaire ou mois de janvier, l’autre le lendemain de la feste Sainct Bernabé ou mois de juing, l’autre le dixiesme jour de septembre, et l’autre le jour saincte Katherine ou mois de novembre, pour y estre tenues et continuées ainsi que les autres foires des autres chastellenies et lieux de nostre païs de Poictou, et en joïr et user par nostredit conseiller et ses successeurs à tousjours mais à telz et semblables privilleiges, droiz, coustumes, travers, estellaiges, fenestraiges, forfaictures, vuidanges et despry que font et ont acoustumé faire les autres ayans foires ou païs d’environ, pourveu que à quatre lieues à la ronde dudit lieu de Sainct Loup n’y ait autres foires ausdiz jours et festes et que noz denrées n’en soient aucunement diminuez. Si donnons en mandement, par cesdictes presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chacun d’eulx, si comme à lui appartiendra, que lesdictes foires ilz facent crier et publier ès villes, burgades, places marchandes, foires, marchez et assemblées du païs d’environ et partout ailleurs où il appartiendra, et dès nostre presente creacion seuffrent et laissent nostredit conseiller et sesdiz successeurs et aians cause joïr et user plainement et paisiblement, sans ce que aucun destousbier ou empeschement leur puisse estre mis ou donné ores ne pour le temps avenir esdictes foires ne aux marchans suivans et frequentans icelles, en quelque manière que ce soit, et baillant et delivrant estaulx et sièges ausdiz marchans ou et ainsi qu’ilz verront au cas appartenir, car ainsi nous plaist il estre fait, non obstant quelzconques ordonnances, mandemens ou deffences à ce contraires. Et afin que ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre scel à cesdictes presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné au Plesseys du Parc lez Tours, ou mois de décembre l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre règne le vingtiesme.

[p. 392] Ainsi signé : Par le roy, l’evesque d’Albye3 et autres presens, M. Courtin. — Visa. Contentor. Texier4.


1 Jean de Dercé, seigneur de Saint-Loup, a été l’objet d’une notice biographique. (Ci-dessus, p. 72.)

2 C’est-à-dire ruraux ; l’emploi de l’s pour l’r est fréquent dans les textes de cette époque.

3 Louis d’Amboise, évêque d’Albi du 24 janvier 1474 au mois de mai 1497. (Cf. ci-dessus, p. 184 note.)

4 Une copie de ces lettres patentes créant quatre foires par an à Saint-Loup est conservée dans le chartrier de Saint-Loup. (Arch. des Deux-Sèvres, E. 1937.)