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MDCLXXV

Rémission accordée à Jean Baudry le jeune, de la paroisse de la Petite-Boissière, poursuivi devant le sénéchal de Mauléon pour les mêmes faits.

  • B AN JJ. 207, n° 4, fol. 2
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 404-407
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Jehan Baudry le jeune, aagé de xxiiii ans ou environ, filz de feu Jehan Baudry, contenant que, le derrenier jour de decembre, qui est la vigille de la Circoncision Nostre Seigneur, ledit suppliant en la compaignie de Jehan Rouault, Colas Baudry, Pierre Guynefolleau, Mery Texier, Loys Marchandeau et Gillet Delavau, bacheliers de la parroisse de la Petite Boissière, aussi en la compaignie de Jehan Boischeteau1, menestrier, fut par les villages de ladicte parroisse et autres illec près, mesmement ès villaiges de la Brahayère, parroisse de Saint Amand de la Fay, parroisse de Sainct Jehan de Combray, de deux ou trois autres villaiges estans en la parroisse de Rorretoys, pour prandre et recevoir les ausmones des bonnes gens qu’ilz ont acoustumé donner pour l’entretiennement d’une lampe et de seize lamperons, ainsi que de coustume est de faire de tout temps la vigille de l’an neuf, et s’apellent les diz dons aguillanneuf. Lesquelles lampe et lamperons sont pendans en l’eglise dudit lieu de la Petite Boissière devant l’image du Crucefix, et ont acoustumé estre alumées, c’est assavoir ladite lampe seulle ès jours des dimenches et les festes annuelles, devant que on fait le divin service, et lesdiz lamperons et lampe ensemble ès festes annuelles, lesquelx sont et ont acoustumé estre entretenuz des dons et aulmosnes, vendues publicquement [p. 405] après vespres audit lieu de la Petite Boissière, au plus offrant et derrenier encherisseur pour l’entretennement desquelles lampes ledit suppliant, en la compaignie des dessusdiz, fu ledit derrenier jour, par lesdictes parroisses. Et quant ilz furent près du rousseau de Fonteneau, il vit les bacheliers de Rorretois jusques au nombre de xiiii ou quinze, aussi ung menestrier en leur compaignie, et avoient en leurs mains de grans et gros bastons ; entre lesquelx estoient ung nommé Mathurin Charron, qui est marié et est appellé le bastard, lesquelx firent grant bruit et clameur en allant contre les dessusdiz bacheliers de la Boissière. Et quant lesdiz bacheliers de Rorretroys aprouchèrent d’eulx, l’un d’entre eulx nommé Vincent Moreau, qui se disoit roy desdiz bacheliers de Rorretoys, par grant rigueur demanda aux dessusdiz bacheliers de la Boissière qu’ilz leur baillassent aguilanneuf, et à quoy fut respondu par les compaignons dudit suppliant et par lui aux aucuns d’eulx que ce qu’ilz avoient ilz l’avoient amassé d’aumosnes, pour entretenir lesdictes lampes et lamperons et autres affaires de ladite parroisse de la Petite Boissière et qu’ilz ne leur en bailleroient riens. Et de rechief ledit Moreau, roy d’iceulx bacheliers et les autres de sa compagnie dirent qu’ilz leur osteroient les dons et aulmosnes qu’ilz avoient sinon qu’ilz leur donnassent aguilanneuf. Et estoient lesdiz dons rilles ou oreilles de porceaux et autres pièces de char qu’ilz avoient en une broche de bois dont les autres dessusdiz vouloient avoir partie. Et pour ce que ceulx de la compaignie dudit suppliant ne leur vouloient bailler ce qu’ilz demandoient, lesdiz bacheliers de Rorretois s’esmeurent très fort contre eulx, et entre autres ledit bastard avecques ung gros baston s’efforçat donner dudit baston sur la teste dudit Boicheteau, menestrier, et leva ledit baston pour frapper ledit Brecheteau, combien que les dessusdiz bacheliers de la Boissière par plusieurs foiz requirent ausdiz bacheliers de Rorretoys de les laisser aller sans leur [p. 406] faire aucun desplaisir, ce qu’ilz ne voulurent faire. Et parce que ledit Baudry suppliant vit les agressions dessusdictes et emocions faictes par lesdiz bacheliers de Rorretoys et que Regné Gaudin, l’un desdiz bacheliers de Rorretoys, qui avoit une grosse massue en la main frappa Loys Marchandeau, de la compaignie dudit suppliant, doubtant que aussi il ne le voulsist batre et frapper, d’un baston qu’il avoit en sa main donna sur l’espaulle ou braz dudit Regné, duquel coup il rompit son baston à ung pié et demi de sa main ; mais ledit Régné, qui estoit entallenté de mal faire, perseverant tousjours en son mauvais couraige, donna audit supliant de sadicte massue ung grant coup sur les rains ou autre partie de son corps. A ceste cause ledit suppliant, pour obvier au dangier de sa personne, print ledit Regner au collet de ses robbes et pourpoint et aussi à la gorge, et ainsi qu’il le tenoit, Pierre Guynefolleau, l’un des bacheliers de la compaignie dudit suppliant, donna d’un baston qu’il avoit sur la teste dudit Regné, dont il tomba à terre, et le residu du baston qu’il avoit en la main, le gecta en soy departant de ladicte assemblée et debat. Duquel coup ledit Regné dedans ung jour naturel alla de vie à trespassement. A l’occasion duquel cas, ledit suppliant a esté adjourné à comparoir en personne par devant le seneschal de Mauléon ou son lieutenant et doubte que on vueille procéder contre lui à rigueur de justice, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement requerant iceulx. Pourquoy nous, etc., voulons, etc., audit suppliant avons quicté, remis et pardonné le fait et cas dessusdit, avecques toute peine, etc., en mettant au neant, etc. Et l’avons restitué ; etc., satisfacion, etc. Et sur ce imposons, etc. Si donnons en mandement, etc., au seneschal de Poictou à tous noz autres, etc., que de noz presens grace, etc., ilz facent, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Chinon, ou mois de fevrier l’an de grace [p. 407] mil cccc quatre vings, et de nostre règne le vingtiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du Conseil. Villechartre. — Visa. Contentor. Texier.


1 Ce nom est écrit plus bas « Brecheteau », et dans l’acte suivant « Brisseteau ».